Lorsqu’on évoque les animaux qui entrent en hibernation, il est courant de penser instantanément à l’ours ou à la marmotte. Pourtant, cette image est partielle : tous les animaux ne hibernent pas de la même manière, et certains, comme l’ours, n’hibernent pas réellement. Si l’on vous demandait de citer une liste complète de dix animaux adeptes de cette stratégie, seriez-vous capable ? Nous allons d’abord éclaircir pourquoi l’ours ne passe pas véritablement par cette période de torpeur, puis nous vous présenterons une sélection de dix espèces qui hibernent réellement.
caractéristiques de l’hibernation
Ce phénomène se distingue par plusieurs phénomènes physiologiques : – une chute quasi totale de la température corporelle, qui se rapproche de celle de l’environnement, – un ralentissement marqué du rythme cardiaque, – un ralentissement généralisé de la circulation sanguine et de la consommation d’oxygène, – une diminution de la luminosité ambiante, – une chute de la température extérieure en dessous de 6 °C durant au moins deux jours, – un approvisionnement alimentaire plus rare.
Il est important de noter que l’hibernation se différencie de l’ »hivernation » par l’état de vigilance relative de l’animal lorsque celui-ci se retire à cette période. L’hibernation implique une baisse profonde de la température et de l’activité métabolique, alors que l’hivernation correspond à une période de repos plus léger. Par exemple, l’ours n’hiberne pas véritablement, mais hiverne, conservant une certaine conscience de son environnement.
Quand le froid arrive et que la neige commence à tapisser le sol, l’ours se retire dans sa tanière pour une période où il limite ses pertes de chaleur en se recroquevillant. Son rythme cardiaque descend à seulement 8 à 12 battements par minute, et sa respiration diminue de moitié. Vivant principalement de ses réserves graisseuses, il peut rester ainsi plusieurs mois, entre 3 et 7, selon la région. Néanmoins, même en hibernation, il peut sortir brièvement pour profiter du soleil ou réguler sa température, grâce à l’activité de son cerveau qui reste partiellement active.
1- La marmotte
La marmotte adopte une forme d’hibernation prolongée, pouvant durer jusqu’à six mois, au cours desquels elle perd environ la moitié de son poids initial. À l’approche de l’hiver, elle se gave pour accumuler des réserves de graisse essentielles à son survivalisme. Elle prépare aussi son terrier en vidant ses intestins pour éliminer parasites et débris, puis construit un matelas d’herbes séchées qu’elle bouche hermétiquement. La température à l’intérieur du refuge peut ainsi rester stable à environ 4 °C.
Son corps, dont la température initiale oscille autour de 36 °C, chute à 7 °C, tandis que son rythme cardiaque ralentit considérablement, passant de 160 à 45 pulsations par minute. Sa respiration se limite à quelques cyclicités par minute. Elle se réveille périodiquement — toutes les deux à trois semaines — pour uriner, puis retourne en sommeil jusqu’à la prochaine reprise de l’activité.
2- Le hérisson
La mise en hibernation du hérisson dépend de trois conditions principales : la température, la durée de froid, et le comportement de l’animal. Les mâles entrent en hibernation avant les femelles. Il construit un nid dans un tas de feuilles ou se blottit sous une bûche, et adapte son rythme cardiaque, qui atteint environ 20 pulsations par minute, tout en voyant sa température chuter à 10 °C. La période d’hibernation varie entre quatre et six mois. Même s’il peut se réveiller brièvement, il reste généralement au chaud. À la fin de cette phase, il a perdu environ 30 % de son poids initial, se renforçant avant la période de reproduction suivante.
3- La grenouille
La plupart des grenouilles hibernent dans l’eau, préférablement à une température d’environ 4 °C, pour bénéficier d’un surplus d’oxygène disponible à travers leur peau. La capacité à absorber l’oxygène étant vitale pour leur survie durant cette période, elles restent au fond du plan d’eau, immobiles mais vivantes.
4- Le crapaud
Contrairement à la grenouille, le crapaud hiberne en se réfugiant sous terre. En France, la saison d’hibernation débute en octobre, pour durer généralement six mois. L’animal creuse un trou d’au moins 50 cm de profondeur ou choisit un site protégé comme une décombe ou un tas de pierres, à l’abri du gel. À la belle saison, il sort pour rejoindre un point d’eau, où il effectuera sa reproduction.
5- La chauve-souris
Certaines chauve-souris migrent, mais d’autres choisissent l’hibernation, une période essentielle pour leur survie. La clé est de maintenir une humidité constante et une température évitant le gel, que ce soit dans une grotte ou une grange. Pendant cette période, leur métabolisme ralentit au point d’arrêter presque toutes leurs fonctions vitales, à l’exception de la respiration et du rythme cardiaque, qui devient très lent. Leur température corporelle peut alors tomber à quelques degrés au-dessus du point de congélation, leur corps pouvant se couvrir de givre, ce qui nécessite une grande tolérance au froid pour éviter la mort.
6- Le loir
Comme le hérisson, le loir entre en hibernation lorsque la température reste inférieure à 6 °C pendant plus de 48 heures. Son sommeil peut durer plusieurs mois, de novembre à avril, d’où l’expression populaire « dormir comme un loir ». Il bâtit son nid dans le sol, à une profondeur comprise entre 15 et 60 cm, pour se protéger du froid.
7- Le lérot
Le lérot, quant à lui, commence son hibernation lorsque la température descend en dessous de 12-13 °C sur plusieurs jours consécutifs. Selon la rigueur du climat, il peut disparaître dès la fin de l’automne. Ce petit mammifère ne hiberne pas seul : il groupe plusieurs individus pour passer l’hiver. La reprise d’activité se fait généralement vers mars ou avril.
8- Le muscardin
Synchronisé avec le lérot, le muscardin hiberne aussi en groupe, généralement une dizaine d’individus, durant un semestre. Il construit un nid discret dans les buissons ou à l’intérieur d’un arbre creux pour survivre au froid.
9- La tortue
La température du corps de la tortue dépend du milieu extérieur. Lorsque celle-ci évolue autour de 28-30 °C, son organisme fonctionne rapidement. En abaissant cette chaleur à 10-15 °C, elle entre dans une phase de ralentissement. En dessous de 10 °C, elle hiberne, et si la température chute en dessous de 0 °C, elle risque la mort. Pendant cette période, ses défenses immunitaires sont au repos, et elle devient vulnérable aux prédateurs comme les rats des jardins, qui peuvent en profiter pour la manger. Il est donc conseillé aux propriétaires de sécuriser l’espace où leur tortue hiberne.
10- Les fourmis
Chez les insectes, le terme « hibernation » n’est pas utilisé. On parle plutôt de diapause, un état physiologique dans lequel la reproduction s’interrompt et l’activité diminue fortement. La diapause est régulée par une horloge biologique interne, ce qui signifie qu’elle peut commencer avant même l’arrivée du froid extérieur. Dans nos régions, les fourmis se protègent en s’enfouissant dans la terre ou dans des zones abritées, comme sous du bois ou dans une fissure, pour éviter que leur corps ne gèle. Pour prévenir la destruction de leurs cellules, elles produisent également une substance protectrice recouvrant leur corps, assurant leur survie durant l’hiver.