Signification et origine de l’expression : se fourrer dans un sale guêpier

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Il existe différentes situations où l’on peut se retrouver confronté à une véritable confusion ou un danger imminent. Si tomber dans un nid de guêpes est une expérience rare, se retrouver dans une situation périlleuse est bien plus fréquent, surtout lorsque l’on parle de se mettre dans une aventure compliquée. D’où vient cette expression, et pourquoi privilégie-t-on la figure de la guêpe plutôt qu’un autre animal ? Retour sur l’origine et la signification de cette expression piquante !

Qu’entend-on par “guêpier” ?

Ce mot possède à la fois une définition concrète et une utilisation figurée, selon le contexte.

  • Dans son acception primitive, un guêpier désigne un refuge pour guêpes, construit pour accueillir leurs jeunes larves. C’est aussi le nom donné à la colonie entière — l’essaim — qui partage cet habitat. Ces insectes, habitués à bâtir leurs nids dans des endroits discrètement accessibles, comme les murs, sous les gouttières ou dans une grange, élaborent cette structure à partir de copeaux de bois qu’ils transforment en une pâte pâteuse mêlée à leur salive, formant ainsi un papier mâché caractéristique. Par exemple, dans la littérature zoologique, on peut lire : « Lorsqu’un cheval s’aventure dans un vieux guêpier, il risque d’être attaqué par une nuée de guêpes. » (extrait de Chateaubriand, 1811).
  • Dans un registre plus figuré, un guêpier est aussi utilisé pour désigner un endroit bruyant, chaotique ou encore un lieu rempli d’agitation. Son emploi s’est élargi à une situation dangereuse, souvent en évoquant un contexte où l’on risque d’être pris au piège ou de subir des ennuis. On trouve ainsi des expressions synonymes telles que “pâturage embrouillé”, “piège”, ou “embarras”. Par exemple, dans un contexte littéraire : « La salle était un véritable guêpier où tout le monde parlait en même temps. » ou encore « Il s’est fourré dans un guêpier qu’il aurait mieux fait d’éviter, ce qui lui a valu bien des soucis. » (exemples extraits de Maupassant et Sainte-Beuve).

Que signifie l’expression “se fourrer dans un sale guêpier” ?

Cette expression familière qualifie le fait de se retrouver dans une situation compliquée ou périlleuse, souvent inattendue, où il devient difficile d’en sortir indemne. Elle évoque une action qui met en lumière des risques importants, comme tomber dans un piège ou faire face à une problématique délicate. Dans certains contextes, cela peut aussi illustrer une perte de contrôle face à une affaire ou un conflit où l’on risque gros. Par exemple, quelqu’un pourrait dire : « Il ne faut pas se faire trop d’illusions, il s’est encore mis dans un guêpier avec cette décision. »

Quelles expressions alternatives pour “se fourrer dans un sale guêpier” ?

Ce motif d’expression populaire possède plusieurs tournures qui en conservent l’essence, tout en apportant une variation syntaxique. On retrouve notamment : “mettre le pied dans un guêpier”, “tomber dans un guêpier”, ou encore “se retrouver coincé dans un guêpier”. Par exemple : « Mendoza a été entraîné dans un sacré guêpier lors de cette affaire. » (référence à Rafael Mendoza, 1976). Dans la littérature, on peut aussi entendre : “Mettre le pied dans un guêpier” ou “Se jeter dans la gueule du loup”, ou encore “être comme un rat pris au piège”. On parle également d’expressions proches animales, comme “se mettre en souricière”, “se jeter dans la gueule du loup” ou “être fini comme un rat”.

Pourquoi une colonie de guêpes et non un autre animal ?

Le choix du mot guêpe dans cette expression repose sur la nature même de cet insecte. La guêpe, appartenant aux hyménoptères, possède un corps rayé de jaune et de noir. Elle est réputée pour son dard venimeux, qu’elle peut projeter lors d’une piqûre. La piqûre, souvent douloureuse, peut cependant, dans certains cas, déclencher des réactions allergiques graves, notamment un choc anaphylactique, pouvant aller jusqu’au décès. En raison de cette dangerosité, il est logique que l’on utilise la figure de la guêpe pour exprimer le risque ou la menace. Contrairement à un oiseau ou à un autre animal de nidification plus inoffensif, la guêpe symbolise le danger immédiat et une certaine agressivité.

Origines de l’expression “se fourrer dans un sale guêpier”

Les premières traces de cette expression sont difficiles à dater précisément. Cependant, les mots “guêpe” et “guêpier” possèdent une histoire ancienne, attestée dès le Moyen Âge. À l’époque médiévale, on utilisait déjà des termes comme “guespe” pour désigner cet insecte. Dans le dictionnaire du Moyen français (1330-1500), l’animal apparaît sous la forme “guespe” ou “guespes” désignant des mouches nuisibles ou des abeilles. La première utilisation du mot guêpier dans son sens actuel date du XVIIIe siècle, notamment dans des textes comme ceux de Charles Bonnet (1764), qui le décrit comme une petite structure ovoïde composée de plusieurs étages, ressemblant à un nid suspendu.

Histoire du mot “guêpier” dans la langue française

Ce terme s’est progressivement intégré à la langue française avec une double signification. La première, en zoologie, est attestée dès le Moyen Âge, sous la forme “gespier”, dans des traités de chasse ou des dictionnaires anciens. La deuxième, plus abstraite, apparaît dans le sens de situation difficile aux alentours du XIXe siècle. Ce sens figuré se manifeste dès 1775, dans une phrase de Beaumarchais : « Je me suis fourré la tête dans un guêpier », donnant à l’expression une connotation de complication ou de trouble. La première fois que le mot guêpier est utilisé dans un sens purement métaphorique remonte donc au début du XIXe siècle, pour désigner une circonstance critique ou conflictuelle.

Le défi de s’en sortir une fois engagé

Il est souvent difficile de se sortir d’une situation problématique une fois qu’on y est impliqué. De nombreux auteurs illustrent cette difficulté :

  • « Le capitaine, conscient du danger, accepta de mourir avec honneur plutôt que de risquer de s’échapper d’un guêpier. » (Gustave Aimard, 1858).
  • « Je dois absolument trouver un moyen de sortir de ce guêpier où je suis empêtré, sinon ma situation deviendra critique. » (Jean-Henri Fabre, 1882).
  • « Dernièrement, on m’a confié la lourde tâche de nous tirer du guêpier dans lequel nous étions coincés avec des rivaux sans scrupules. » (Joseph Caillaux, 1942).
  • « Je suis en train de réfléchir à une solution pour sortir de ce guêpier, avant que la situation n’empire. » (Léo Malet, 1957).