Origine et signification de l’expression : être malin comme un singe

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Intelligence, agilité, adresse… autant de traits qui caractérisent ceux qui démontrent une finesse particulière, souvent associé à l’idée d’être « vif comme un singe ». Si aujourd’hui cette expression apparaît comme une flatterie, il faut se rappeler qu’au Moyen Âge, elle portait une connotation nettement plus négative. D’où provient cette expression ? Pourquoi, autrefois, décrivait-elle quelqu’un de peu honorable ? Comment la perception a-t-elle évolué pour en faire aujourd’hui un compliment ? Et surtout, le singe mérite-t-il vraiment cette réputation de malice ?

Que signifie réellement “être malin comme un singe” ?

Lorsque l’on parle d’être “malin comme un singe”, cela désigne quelqu’un d’ingénieux, rusé, astucieux ou débrouillard. C’est une façon familière de qualifier une personne qui sait résoudre un problème ou se sortir habilement d’une situation compliquée. Par exemple, on pourrait dire : « Ce gars-là, il est vraiment vif comme un singe ! Toujours à trouver une solution en un clin d’œil. » (Exemple inventé). Au féminin, on pourrait dire : « Elle, elle est maligne comme un singe, toujours prête à décrocher ce qu’elle veut. » (Exemple inventé). Dans un registre animalier, le “renard rusé” a un sens proche, et dans la langue anglaise, on parle aussi d’être “a wagonload of monkeys” pour illustrer une grande astuce.

D’où vient cette idée de “malin comme un singe” ?

De nos jours, la phrase évoque surtout la remarquable habileté des primates à se sortir de situations difficiles. Leur agilité en milieu arboricole, avec leurs mains et leurs pieds équipés de pouces opposables, ainsi que leur queue préhensile, permet à certains singes de se déplacer avec une facilité impressionnante. Ces capacités physiques, renforcées par leur intelligence, expliquent pourquoi on attribue souvent aux singes cette image de vivacité. Dans les contes et légendes, ils sont toujours représentés comme des personnages rusés, capables d’ingéniosité pour déjouer leurs adversaires. Leur mémoire, leur capacité à apprendre à utiliser des outils ou à communiquer à travers des gestes, renforcent cette perception de malice. Cependant, il est important de noter que cette idée n’a pas toujours été aussi positive qu’aujourd’hui.

Quelles sont les origines du mot “malin” ?

Pour comprendre cette expression, il est essentiel de revenir à l’étymologie de “malin”. Son origine remonte au latin « malignus », qui dérive de « malus » signifiant “méchant”. Au départ, le mot qualifiait une personne malveillante ou nuisible, souvent liée à l’idée de malveillance ou de perfidie. Au Moyen Âge, l’adjectif “maligne” apparaît pour la première fois vers 1120 dans un recueil de psaumes en anglo-normand. Jusqu’au XVIIIe siècle, les dictionnaires l’associaient à des notions de méchanceté, de tendance à faire le mal ou de nuisance. Par exemple, on pouvait entendre : « Nous parlons avec une certaine malice, avec de la maligne intention. » La notion d’avoir une intention nuisible ou d’être manipulateur est encore présente dans certains textes anciens, comme dans un poème de La Fontaine où le mot est employé pour illustrer la duplicité.

Être “malin comme un singe” : un compliment ou une insulte ?

Initialement, le mot “malin” portait une connotation négative, associée à la malveillance ou à la méchanceté. La réputation du singe dans cette perspective était celle d’un être manipulateur, sournois et parfois cupide. La célèbre fable de La Fontaine, “Le singe et le chat”, illustre cette vision : le singe est présenté comme un personnage rusé mais malintentionné, maître dans l’art de tromper pour parvenir à ses fins. Ce n’est qu’au fil du temps que la perception a évolué, surtout à partir du XVIIe siècle, où la ruse positive a commencé à dominer, en particulier dans la littérature et le théâtre.

Le diable, plus rusé que le singe ?

Etant donné ses origines étymologiques, le mot “malin” est également associé à la figure du mal ou du démon. Dans la tradition chrétienne, le “Malin” représente le diable, un ange déchu qui cherche à semer le mal. La Bible évoque cette figure dans ses textes, notamment dans la traduction du Nouveau Testament, où le “malin” désigne le tentateur ou l’esprit du mal. Au Moyen Âge, l’image du singe était ambivalente : tour à tour amusant lors de spectacles, ou effrayant quand associé à des forces maléfiques. Ainsi, dire d’une personne qu’elle est “maline comme un singe” pouvait à la fois souligner son habileté ou faire référence à sa ruse perfide, selon le contexte.

Depuis quand cette expression est-elle courante ?

Au fil des siècles, la signification de “malin comme un singe” a évolué. Au XVIIIe siècle, la connotation négative s’est peu à peu estompée, laissant place à une appréciation des qualités positives du primate. Par exemple, en 1651, Thomas Corneille employait la formule “rusé comme un renard et malin comme un singe” pour souligner la finesse et l’astuce. Plus tard, Boileau, dans son “Art Poétique” de 1674, définit “malin” comme étant “doté de finesse, de ruse ou d’habileté”. Aujourd’hui, cette expression est majoritairement perçue comme un compliment, valorisant la capacité d’une personne à faire preuve d’intelligence et de débrouillardise.

Le singe est-il vraiment aussi malin qu’on le dit ?

Les avancées en sciences ont permis d’enrichir la compréhension des capacités des singes. Les études montrent que des espèces comme les chimpanzés, partageant près de 98 % de leur ADN avec l’homme, sont particulièrement intelligentes. Leur capacité à reconnaître leur reflet dans un miroir, à fabriquer et utiliser des outils, à apprendre le langage des signes, ou encore à transmettre leur savoir, prouve qu’ils sont dotés d’une finesse mentale remarquable. D’autres primates tels que les orangs-outans ou les gorilles montrent également des compétences cognitives complexes, notamment en mémoire et en émotion. En somme, il est aujourd’hui indéniable que les singes possèdent un talent naturel pour la ruse et l’ingéniosité, méritant pleinement leur réputation de primates malins.