Les animaux nectarivores : des oiseaux, mammifères et insectes spécialistes du nectar

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Dans la nature, chaque espèce possède un régime alimentaire qui lui est propre. Parmi celles-ci, certains animaux ont évolué pour dépendre principalement du nectar, cette substance sucrée produite par les fleurs pour attirer leurs pollinisateurs. Ces créatures, qualifiées de nectarivores, puisent dans ce liquide énergisant pour satisfaire leurs besoins en glucides vitaux à leur survie. On retrouve cette particularité chez diverses espèces, allant des oiseaux aux insectes, en passant par certains mammifères. Cet article vous présente une synthèse des principales espèces nectarivores connues à ce jour.

définition d’un animal nectarivore

Un animal nectarivore est une espèce dont l’alimentation repose majoritairement sur le nectar, que les nectaires – glandes florales sécrétant cette substance – produisent pour attirer ces donateurs. En se nourrissant, ces animaux participent à la pollinisation, transportant le pollen d’une fleur à l’autre. Toutefois, leur régime peut parfois inclure d’autres éléments comme des insectes, des fruits ou du pollen, afin d’assurer un apport équilibré en protéines, vitamines et minéraux, souvent insuffisants dans le seul nectar.

adaptations spécifiques des nectarivores

Pour exploiter efficacement cette ressource, ces animaux ont développé des caractéristiques particulières :

  • Un bec ou une trompe prolongée : Les oiseaux comme les colibris disposent d’un bec fin et allongé leur permettant d’atteindre le nectar au fond des fleurs tubulaires. Certaines insectes, tels que les papillons ou les abeilles, utilisent une « proboscis » ou une trompe pour aspirer le liquide.
  • Une langue adaptée : La langue de certains, notamment le colibri, est en forme de tube, munie de franges fines qui facilitent la captation du nectar. Chez d’autres mammifères nectarivores, comme certaines chauves-souris, la touche est une langue longue, pointue à la manière d’un pinceau, avec des dents réduites ou absentes.
  • Un métabolisme accéléré : La plupart de ces animaux possèdent un métabolisme très actif pour compenser la faible richesse en protéines et en graisses du nectar, leur obligeant à se nourrir fréquemment pour maintenir leur niveau d’énergie.
  • Une acuité visuelle et une mémoire exceptionnelles : Leur finesse de mémoire leur permet de repérer rapidement les fleurs riches en nectar, qu’ils fréquentent régulièrement. Par ailleurs, ils sont sensibles aux couleurs vives comme le rouge, le jaune ou le violet, souvent caractéristiques des fleurs nectarifères.

les oiseaux nectarivores

Voici quelques exemples emblématiques d’oiseaux se nourrissant principalement de nectar :

  • Les colibris : Originaires d’Amérique, ces petites boules d’énergie sont capables d’un battement d’ailes si rapide que leur vol stationnaire leur permet de se nourrir en vol. Leur quotidien consiste à visiter des centaines de fleurs pour assurer leur approvisionnement en énergie.
  • Les souimangas (ou nectarinidés) : Petits oiseaux colorés présents en Afrique, en Asie et en Océanie. Leur long bec courbé et leur langue adaptée leur permettent de s’alimenter directement sur les fleurs, souvent en se posant.
  • Les loriquets arc-en-ciel : Perroquets d’Australie et des îles du Pacifique, ils consomment non seulement du nectar, mais aussi du pollen et des fruits, participant à la pollinisation de plusieurs plantes tropicales.

Ces oiseaux jouent un rôle clé en aidant à la reproduction d’un grand nombre de plantes à fleurs, telles que les orchidées, les hibiscus ou les végétaux tropicaux.

les insectes nectarivores

Les insectes, souvent mieux connus, constituent le plus vaste groupe d’animaux nectarivores, avec une importance cruciale pour la pollinisation :

  • Les abeilles : Outre leur rôle dans la production de miel, elles participent massivement à la pollinisation, utilisant leur proboscis pour accéder au nectar dans les fleurs profondes, tout en transférant pollen et odeurs florales.
  • Les papillons : Leur trompe enroulable leur sert à se repaître de nectar. Bien qu’on pense d’abord à leur beauté, ils contribuent également à la pollinisation, notamment dans certains écosystèmes.
  • Les bourdons : Dotés d’une morphologie robuste, ils vibrent sur les fleurs pour libérer le pollen puis l’emportent. Leur capacité à polliniser des plantes comme la tomate ou la myrtille est essentielle en agriculture.
  • Coléoptères et mouches : Moins spécialisés, certains se nourrissent aussi de nectar et participent parfois à la pollinisation, notamment dans des conditions spécifiques.

les mammifères nectarivores

Moins nombreux et moins connus, certains mammifères, en particulier en zones tropicales, ont développé une dépendance au nectar :

  • Les chauves-souris nectarivores : Certaines espèces nocturnes jouent un rôle majeur dans la pollinisation de plantes comme les agaves ou les baobabs. Par exemple, Anoura fistulata, une chauve-souris à lèvres tubulaires vivant en Amérique du Sud, possède la langue la plus longue relative à sa taille (85 mm). Elle utilise cet organe pour se nourrir de nectar, stockant le reste dans sa cage thoracique.
  • Les marsupiaux nectarivores : Le phalanger volant (Petaurus breviceps) de Nouvelle-Guinée et d’Australie, collecte la sève, le nectar et la gomme des arbres, tout en se nourrissant aussi d’insectes. La souris à miel (Tarsipes rostratus) en Australie, quant à elle, possède une vision trichromatique, un trait rare chez les marsupiaux.
  • Des rongeurs comme Elephantulus edwardii, ou « musaraigne à trompe », même s’ils sont insectivores, peuvent aussi s’alimenter de nectar, notamment celui de fleurs comme Whiteheadia bifolia.

rôle écologique des animaux nectarivores

La pollinisation est un processus fondamental permettant aux plantes à fleurs de se reproduire et de produire fruits et graines. Si le vent ou l’eau peuvent aussi assurer cette fonction, la présence des animaux nectarivores est indispensable à de nombreuses espèces végétales, souvent en relation étroite avec elles. Certaines plantes ont même coévolué pour ne pouvoir être pollinisées que par des espèces spécifiques, comme les fleurs en forme de tubes conçues pour le bec ou la langue des colibris ou des chauves-souris.

En participant à la propagation du pollen, ces animaux favorisent la diversité biologique et la régénération des écosystèmes. Beaucoup de cultures agricoles dépendent également de ces acteurs, en particulier les abeilles, pour la production de fruits, légumes ou noix. Cependant, plusieurs menaces pèsent sur leur survie : destruction des habitats naturels due à l’urbanisation ou la déforestation, usage massif de pesticides qui impacte surtout les insectes, et changements climatiques qui perturbent la floraison de nombreuses plantes. La sauvegarde des nectivores, qu’ils soient oiseaux, insectes ou mammifères, est essentielle pour préserver la biodiversité et assurer la pollinisation. Pour cela, il est conseillé de planter des fleurs riches en nectar autochtones, d’adopter des pratiques de jardinage durables exemptes de pesticides, de prévoir des points d’eau lors des périodes de chaleur, et de soutenir les actions de conservation de leurs habitats.