Les 6 oiseaux migrateurs effectuant les plus grandes migrations

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Alors que les humains s’efforcent souvent d’établir des records importants, comme réaliser un tour du monde en moins de 54 heures en utilisant plusieurs vols commerciaux, les oiseaux migrateurs se déplacent principalement par nécessité, en s’appuyant uniquement sur leurs capacités naturelles. Leur capacité à couvrir d’impressionnantes distances sans relâche continue de surprendre. Nous proposons ici un classement des six espèces d’oiseaux migrateurs qui parcourent les plus longues distances au cours de leur voyage annuel.

La recherche sur les migrations

La fascination pour la migration animale n’est pas nouvelle : elle remonte à l’époque d’Homère, au VIIIe siècle avant notre ère. Au fil des siècles, différentes cultures, qu’il s’agisse de la Chine ancienne ou des civilisations musulmanes jusqu’au VIIe siècle, ont associé ces comportements à certains signes qu’il convenait de comprendre et d’interpréter.

Étudier ces déplacements demande la collecte de quantités importantes de données. Dès la fin du XIXe siècle, aux États-Unis, la mobilisation de volontaires a permis d’accumuler des précisions sur le parcours des oiseaux en Amérique du Nord, avec plusieurs millions de fiches consignées à la main. Aujourd’hui, la technologie facilite énormément cette tâche. Le portail néerlandais Trektellen, par exemple, regroupe des données provenant de centaines de stations d’observation et de baguage, totalisant plus de 45 millions d’informations sur la migration en Europe.

Les biologistes combinent aussi les observations avec des méthodes de baguage, qui sont nées en 1899 et n’ont cessé de s’améliorer grâce aux progrès techniques. L’utilisation de radars météorologiques, radars aériens et de satellites permet également de suivre efficacement les parcours migratoires sur des vastes territoires.

Bien que notre compréhension des migrations ne soit pas encore totale, nous ne cessons de l’approfondir. La sélection des six oiseaux migrateurs qui parcourent les plus longues distances est le résultat de ces recherches. Certains d’entre eux migrent sans interruption, tandis que d’autres font étape. Notre classement se base sur la distance totale parcourue au cours de leurs déplacements annuels.

1 – La sterne arctique (Sterna paradisaea)

La sterne arctique détient le record de la migration la plus longue connue. Elle effectue un trajet aller-retour d’environ 70 000 km. Elle quitte la zone estivale de l’Arctique pour se diriger vers l’Antarctique, parcourant ainsi un immense voyage annuel. Avec une espérance de vie d’environ trente ans, la distance totale qu’un individu peut réaliser au cours de sa vie atteint environ 2,4 millions de kilomètres.

La surveillance de ce petit oiseau de 100 grammes (et de 36 cm de long) a longtemps été limitée par la taille de ses signes de suivi. Ce n’est qu’avec la miniaturisation des dispositifs de traçage que l’on a pu étudier ses déplacements. À l’origine, ces appareils étaient conçus pour de plus gros oiseaux, comme les albatros ou les puffins. Pour leur trajet d’aller, les sternes arctiques mettent en moyenne 93 jours, avec certains volants pouvant l’accomplir en seulement 69 jours.

2 – La barge rousse (Limosa lapponica)

Ce limicole est reconnaissable à son long bec effilé et à son plumage tacheté durant la période estivale. Il niche dans les zones arctiques de l’hémisphère Nord, avant de migrer vers l’hémisphère Sud pour passer l’hiver. Ce n’est pas le plus grand migrateur en distance, mais il détient tout de même un record : en 2020, des chercheurs ont enregistré un vol de 12 000 km effectué en une seule étape, en Alaska et jusqu’en Nouvelle-Zélande, en 11 jours. Avec un poids d’environ 290 g et une longueur de 41 cm, il peut atteindre une vitesse de 90 km/h lors de ses vols.

3 – Le puffin fuligineux (Ardenna grisea)

Ce puffin, pesant environ 800 g et mesurant une quarantaine de centimètres, peut couvrir jusqu’à 65 000 km lors de ses migrations. Il niche en Nouvelle-Zélande, en Australie, en Tasmanie, mais aussi dans l’extrémité sud du Chili et sur les îles Malouines, passant l’été dans l’hémisphère Nord. Les migrations ont lieu par groupes d’âge, les jeunes partant en premier, suivis par les adultes reproducteurs et non-reproducteurs. Ces oiseaux parcourent souvent 900 km par jour, mais certains individus en Amérique du Sud choisissent de s’arrêter temporairement ou de ne pas migrer.

4 – Le puffin à bec grêle (Puffinus tenuirostris)

Ce pigeon des mers, nichant en Australie, initie sa migration à la fin avril par un voyage de 15 000 km vers le nord. Sur l’ensemble de son parcours annuel, il peut couvrir jusqu’à 43 000 km. Avec un poids d’environ 500 g et une taille d’une quarantaine de centimètres, il doit effectuer de longues traversées pour trouver des zones propices à la reproduction et à l’alimentation.

5 – Le traquet motteux (Oenanthe oenanthe)

Ce petit passereau insectivore, ne pesant que 25 g pour 16 cm de long, réalise une des migrations les plus impressionnantes proportionnellement à sa taille. En effet, il parcourt près de 29 000 km chaque année, allant de la région arctique où il niche jusqu’aux zones sub-sahariennes d’Afrique pour hiverner. Il est le seul oiseau terrestre connu à vivre dans deux écosystèmes aussi contrastés : l’Arctique et l’Afrique. Certaines populations de traquets motteux ont traversé toute l’Europe pour rejoindre la côte mauritanienne, une aventure rendue possible grâce à la miniaturisation des appareils de suivi.

6 – Le bécasseau à poitrine cendrée (Calidris melanotos)

Ce petit échassier long de 22 cm, pesant 80 g, effectue d’importantes migrations. Sa zone de reproduction se situe en Arctique, et il passe la majorité de l’année en Amérique du Sud ou en Australie. Sur son parcours, il doit couvrir environ 29 000 km. La migration commence par l’envol des mâles en premier, suivis par les femelles et les jeunes, qui retardent leur départ pour accumuler des réserves d’énergie. Il arrive parfois que ces oiseaux soient visibles sur les côtes françaises lors de leur passage.

D’autres oiseaux migrateurs…

Au-delà de ces six espèces, il devient difficile d’établir un classement précis. Les chercheurs distinguent généralement les migrateurs de longue distance, tels que ceux qui traversent le Sahara, des migrateurs de moyenne ou de courte distance. En France, l’arrivée des hirondelles annonce la saison printanière. Leur parcours vers l’Afrique peut atteindre 10 000 km pour certaines populations, notamment lors de leur voyage de retour. Les sarcelles d’été (Spatula querquedula) et les combattants variés (Philomachus pugnax) migrent eux aussi entre la toundra arctique et le delta du fleuve Sénégal, couvrant des distances comprises entre 7 000 et 12 000 km.

La régulation de la distance parcourue dépend souvent du régime alimentaire. Les canards et oies peuvent se permettre de s’arrêter en chemin, notamment sur les rives de la mer du Nord, lorsque la météo le permet. En revanche, les oiseaux comme les phragmites des joncs (Acrocephalus schoenobaenus) ou les hirondelles de fenêtre (Delichon urbicum) se doivent de poursuivre leur route jusqu’en Afrique pour trouver suffisamment de nourriture.