L’île de Madagascar, isolée du continent africain par le canal du Mozambique, se situe dans le sud-ouest de l’océan Indien, au-delà de l’équateur. Avec une superficie atteignant près de 592 000 km², elle occupe la quatrième place parmi les plus grandes îles mondiales, abritant une faune endémique célèbre, notamment la famille des lémuriens. Depuis environ 120 millions d’années, cette terre s’est séparée de l’Afrique, permettant à diverses espèces, uniquement présentes sur cette île, de se développer et de s’adapter à ses milieux variés.
Les lémuriens, une biodiversité spécifique à l’île rouge
Autrefois surnommée l’île verte en raison de ses forêts luxuriantes, Madagascar a vu ce nom évoluer à cause de la déforestation intensive. Parmi la richesse écologique, les lémuriens symbolisent la biodiversité locale, regroupant une centaine d’espèces. Leur taille varie de quelques grammes à plusieurs dizaines de kilogrammes, illustrant une étonnante diversité au sein de cette famille animale.
1 – Eulemur rufus, une espèce menacée
Ce primate, appartenant à la famille des Lemuridae, peuple principalement les forêts humides et sèches de Madagascar. Sa vie sociale s’organise souvent autour de groupes comprenant un couple monogame ou des mâles et femelles séparés. Son alimentation est majoritairement fruitée, ce qui lui permet de sortir à la fois pendant la journée et durant la nuit. Le genre Eulemur compte une douzaine d’espèces, pesant rarement plus de 2,5 kg, mais la déforestation, la fragmentation de leur habitat, ainsi que la capture à des fins alimentaires ou d’animaux domestiques menacent leur existence.
2 – Le maki catta, un maître du saut
Globalement reconnu parmi les lémuriens de Madagascar, le maki catta se distingue par son pelage gris-brun, associé à une queue rayée de blanc et de noir. Agile sur la terre et dans la canopée, ce primate diurne se nourrit principalement de fruits et de feuilles, adaptant son régime selon la saison. La cohesion de ses groupes, souvent d’une vingtaine d’individus, est assurée par une femelle dominante. En journée, il se déplace par bonds impressionnants pouvant atteindre 10 mètres, ce qui en fait de redoutables sauteurs. La taille moyenne de cette espèce avoisine 3,5 kg.
3 – Le propithèque couronné, le roi du saut chassé
Présent dans les forêts sèches, les galeries forestières et les mangroves du nord-ouest de Madagascar, ce lémurien de 39 à 45 cm possède un pelage d’un beige pâle, un torse roux et une tête noire distinctive. Son alimentation inclut fruits, feuilles et fleurs, et lorsqu’il perçoit un danger, il émet un sifflement pour alerter sa troupe. Se déplaçant principalement en sautant au sol, il oeuvre aussi pour sa répartition dans la forêt. La tradition malgache estime l’espèce liée à la réincarnation des ancêtres, mais sa survie est fragilisée par la dégradation de son habitat, la population restant estimée à environ mille individus.
4 – Le variegata Varecia, un mètre de forêt sur pattes
Tout comme d’autres lémuriens, le maki noir et blanc, ou Varecia variegata, voit sa population décroître principalement à cause de la perte de forêts tropicales humides. Avec sa taille de 51 à 60 cm pour un poids entre 3 et 5 kg, il possède un pelage dense tacheté de blanc et de noir, avec des zones de peau noire visibles sur ses extrémités. Son habitat exclusif se limite aux forêts primaires et secondaires, où sa nourriture se compose principalement de graines, de fruits, de fleurs, de nectar, ainsi que parfois d’insectes ou de champignons. Crépusculaire, il se nourrit au lever et au coucher du soleil, se reposant dans la canopée. Malheureusement, cette espèce est gravement menacée d’extinction, et son hurlement puissant dans la forêt peut rappeler un chien qui aboie.
Bien que les lémuriens dominent la faune de Madagascar, l’île regorge aussi d’autres petits mammifères, notamment ceux qui ressemblent à nos hérissons.
Les tenrecs : des sosies des hérissons malgaches
Les tenrecs, insectivores originaires de Madagascar, présentent des traits physiques et comportementaux qui évoquent nos hérissons ou musaraignes. Leur diversité comprend des espèces comme le tenrec commun, zébré ou échinops — autant de créatures qui ressemblent à nos hérissons sauvages.
5 – Le tenrec commun : le hérisson en miniature
Connu sous le nom de tenrec ecaudatus, ce petit mammifère nocturne se manifeste par un corps rond, une activité principalement nocturne, et un comportement solitaire. Il parcourt champs et forêts, à la recherche d’insectes, et pèse souvent jusqu’à 2 kg. Sa constitution inclut, chez les jeunes, des piquants qui ressemblent à ceux de nos hérissons européens, tandis que les adultes arborent un poil très dur, lui conférant une apparence piquante. Capable de hiberner et très adaptable à la vie urbaine, il peut, si vous avez de la chance, croiser la route d’une femelle accompagnée de ses petits.
6 – Le tenrec zébré : le hérisson rayé
Distingué par ses rayures jaunes et noires, ce petit mammifère arbore une cage thoracique hérissée de piquants qu’il déploie en cas de menace. Malgré sa taille modeste, avec ses 19 cm pour moins de 300 g, il possède des armes redoutables, notamment des piquants qu’il peut propulser contre ses assaillants. Quand il ne peut pas se mettre en boule, il stridule en frotter ses piquants, ressemblant à une cigale. Son rôle de défense est à la fois intimidant et efficace.»
7 – L’échinops telfairi : le grimpeur hérisson
Ce petit tenrec, pesant généralement moins de 230 g, maîtrise l’art de la discrétion dans les forêts de l’ouest et du sud de Madagascar. Son corps hérissé de piquants le protège lorsqu’il menace d’être attaqué. Animal nocturne, il se nourrit d’insectes, de fruits et de racines, n’hésitant pas à se réfugier dans un trou d’arbre pour hiberner. Il affectionne particulièrement les zones boisées pour ses escapades nocturnes.
Madagascar, île dominée par ses espèces endémiques de petits mammifères, abrite aussi d’autres carnivores rares.
3 carnivores endémiques de Madagascar
Une partie de la faune carnivore de l’île ne provient pas de familles communes comme celle des viverridés, comme par exemple le fossa, qui est le plus grand carnivore de Madagascar.
8 – Le fossa, un chasseur aux airs de félin
Le cryptoprocte féroce ou fossa peut atteindre 8,6 kg pour une longueur comprise entre 60 et 80 cm. Actif aussi bien le jour que la nuit, il chasse dans les forêts locales, s’alimentant principalement de lémuriens, de petits mammifères, de reptiles, d’oiseaux, et de rongeurs. Sa silhouette agile, adaptée à la vie arboricole, lui permet de grimper ou sauter avec aisance d’un arbre à l’autre. Doté d’un pelage rappelant celui du puma mais au corps plus élancé, la tête du fossa évoque celle d’une mangouste. En dehors de la saison de reproduction, il mène une vie solitaire, la femelle s’occupant seule de ses petits, leur enseignant la chasse. À l’image de nombreuses espèces endémiques, le fossa est classé vulnérable selon l’UICN.
9 – La mangouste à queue annelée
Galidia elegans évolue principalement dans les forêts tropicales et subtropicales de Madagascar. Ce mammifère, de la famille des Eupléridés, possède une fourrure rousse aux teintes “olive”, visible sur la tête, la gorge et la poitrine. Sa queue, ornée de six anneaux noirs et rouges, lui vaut son nom. Très à l’aise dans l’eau ou sur la terre, elle chasse poissons, écrevisses, reptiles, petits mammifères et insectes, utilisant ses capacités de nage et d’escalade pour capturer ses proies. Elle creuse également des terriers ou se réfugie dans les arbres la nuit. Son comportement solitaire et ses capacités d’adaptation en font une chasseresse redoutable.
10 – Le crocodile disparu : Voay
Les traces de l’ancien crocodile endémique, Voay robustus, se sont évaporées, remplacées aujourd’hui par le crocodile du Nil, Crocodylus niloticus. Pesant jusqu’à une tonne et mesurant 5 mètres, il habite lagunes, rivières, lacs et zones marécageuses de la côte ouest. Pendant la saison chaude, il chasse principalement le jour, en quête de poissons, oiseaux d’eau ou tortues, et peut manger de gros mammifères comme chèvres ou chiens. Son régime varié témoigne de son adaptation à la vie aquatique, le plaçant en haut de la chaîne alimentaire locale.
Isolation géographique depuis des millions d’années, Madagascar a vu évoluer une biodiversité unique, comprenant de nombreuses espèces endémiques.
Autres espèces endémiques de la grande île
La richesse écologique de Madagascar s’étend à ses reptiles, oiseaux et insectes, présentant une palette de couleurs et de formes étonnantes, souvent inédites à l’échelle mondiale.
Les reptiles de Madagascar
Majoritairement inoffensifs pour l’homme, à l’exception de certains crocodiles et serpents marins, les reptiles malgaches dévoilent des merveilles comme le caméléon Calumna parsonnii, un chasseur insectivore aux couleurs vives. Moins visible, le gecko satanique à queue de feuille s’accroche dans la canopée, utilisant ses variantes de coloration pour se camoufler ou chasser. Parmi les serpents, le menarana ressemble à une couleuvre, se nourrissant d’œufs, petits oiseaux, lézards, grenouilles ou rongeurs, et vit dans les zones humides du nord. Considéré comme le serpent le plus venimeux de l’île, il mord rarement, mais reste une curiosité pour les amoureux de la biodiversité.
Une biodiversité aviaire remarquable
Madagascar héberge 293 espèces d’oiseaux, dont plus d’un tiers est endémique. La sarcelle de Bernier, avec son plumage gris et roux, fréquente les lagunes entourées de forêts sèches, et ses pattes semi-palmées lui permettent de naviguer aussi bien dans l’eau que dans la végétation humide. La huppe de Madagascar, avec ses couleurs éclatantes, picore en forêt à la recherche d’insectes et de larves. Le pigeon endémique, appelé fouiningo bleu, se plaît autant dans les forêts que dans les zones rurales ou urbaines, se nourrissant de fruits, de graines et de bourgeons, tout en arborant un plumage chatoyant.
Les insectes et arachnides caractéristiques
La biodiversité malgache inclut également d’impressionnantes espèces d’insectes et d’arachnides. La blatte géante Gromphadorhina portentosa, impressionnante avec ses 7 cm de long, séduit les amateurs d’insectes par sa capacité d’escalade et sa longévité. Parmi les araignées, l’araignée pélican possède de longues chélicères ressemblant à un bec, et peut même se nourrir d’autres araignées. Enfin, le papillon Chrysiridia rhipheus, aussi appelé uranie riphée, présente une multitude de couleurs vives et iridescentes, butinant sur les fleurs de l’île, telles que celles du badamier, du néflier du Japon, du manguier ou du théier.