Le scotoplanes, aussi nommé cochon de mer, est un invertébré marin dont le corps arrondi et la présence de pieds tubulaires lui confèrent une apparence peu séduisante. Vivant dans les zones abyssales, ces régions des fonds océaniques parmi les plus profondes, cette créature ressemble à une grosse pomme de terre ambulante. Bien qu’elle ne brille pas par ses couleurs éclatantes ou son allure élégante, elle reste une véritable curiosité naturelle à explorer.
Quelle est la nature de l’animal connu sous le nom de cochon de mer ?
Appartenant à la classe des holothuries, le scotoplanes fait partie de la famille des Elpidiidae. Avec d’autres échinodermes tels que les étoiles de mer ou les oursins, il partage un groupe d’invertébrés exclusivement marins caractérisés par un squelette externe, souvent épineux ou rugueux. Cette espèce a été décrite pour la première fois en 1882 par le naturaliste suédois Johan Hjalmar Théel, suite à une grande exploration océanographique menée par le navire « HMS Challenger ». Présente dans la majorité des grands océans, la variété *Scotoplanes globosa* semble être la plus répandue de toutes.
À quoi ressemble le cochon de mer ?
Son nom évoque sa ressemblance avec un légume familier : un corps souple, généralement plus ou moins allongé et arrondi aux extrémités. Avec une forme ovale rappelant une pomme de terre, et une couleur allant du rose pâle à une teinte presque transparente, le scotoplanes possède six paires de pieds tubulaires volumineux. Ces derniers lui permettent de se déplacer dans les fonds boueux en évitant de s’enfoncer. Même si ses déplacements sont souvent très lents, il peut nager rapidement en cas de menace. De plus, il arbore deux longues paires de papilles dorsales et une dizaine de tentacules autour de sa bouche, lui servant à détecter sa nourriture. Sa taille maximale peut atteindre jusqu’à 15 cm.
Pourquoi respire-t-il par l’anus ?
Comme beaucoup d’échinodermes, le cochon de mer dispose d’un système respiratoire peu développé, ce qui le pousse à utiliser son anus pour échanger des gaz avec l’extérieur. Son corps, dépourvu de poumons ou de branches trachéales, aspire l’eau en contractant ou relâchant son orifice anal. Ensuite, l’eau circule à l’intérieur, permettant d’extraire l’oxygène essentiel tout en évacuant le surplus. Cette adaptation est indispensable pour survivre dans les profondeurs marines. Cependant, si l’animal s’approche trop près de la surface, où il pourrait s’exposer à la dégradation, il risque de se désintégrer.
Où vit le cochon de mer ?
Le scoplanes fréquente principalement les fonds les plus profonds des océans Atlantique, Pacifique et Indien. Certaines espèces proches ont également été repérées dans les eaux autour de l’Antarctique. Il évolue souvent dans des zones pouvant atteindre 6 000 mètres de profondeur, et certains spécimens ont été observés même à plus de 9 500 mètres, dans la zone appelée zone hadale, qui couvre de 6 000 à 11 000 mètres sous la surface. Naturellement grégaire, il forme en général de vastes groupes où plusieurs centaines d’individus vivent ensemble dans un environnement densément peuplé.
Comment se nourrit le cochon de mer ?
Ce mollusque dépose ses déchets organiques, qu’il repère grâce à ses tentacules buccaux, en se nourrissant principalement de particules en décomposition présentes dans le sédiment. Il aspire la matière organique, notamment des fragments d’algues ou de petits animaux, enfouie dans la boue sableuse. Doté d’organes sensoriels, il détecte et localise la nourriture en réponse aux perturbations dans l’eau. Des études montrent qu’il préfère consommer des nutriments encore frais, déposés au cours des derniers mois, et qu’il participe également à la décomposition de cadavres de baleines échouées au fond de l’océan.
Une relation particulière avec le crabe royal
Une association étonnante a été remarquée entre le scoplanes et le crabe royal, aussi appelé *Neolithodes diomedeae*, dans les eaux du Pacifique. Des recherches menées en Californie ont révélé que la majorité des jeunes crabes étaient souvent captifs des holothuries, probablement pour leur sécurité face aux prédateurs. Ces crustacés profiteraient aussi de la nourriture dispersée par les holothuries ou se servent de leur corps comme moyen de transport. Par ailleurs, le cochon de mer est connu pour héberger divers parasites, comme des vers plats, des gastéropodes ou de petits crustacés Tanaidacea, qui s’installent à l’intérieur de son tube digestif et se nourrissent de ses tissus.
Comment le cochon de mer se reproduit-il ?
Les connaissances concernant la reproduction de cette espèce abyssale sont limitées, principalement en raison de la difficulté d’accès à son habitat. Son environment extrême rend aussi son étude complexe, car une remontée à la surface pourrait entraîner sa destruction. Il semblerait que mâles et femelles possèdent chacun une gonade unique, et qu’ils libèrent leurs gamètes dans l’eau pour une fécondation externe. Étant ovipare, le développement embryonnaire se déroule en dehors du corps, passant par plusieurs phases, allant de la larve à l’état juvénile, avant d’atteindre l’âge adulte.
Le cochon de mer est-il en danger ?
Sa vie dans les profondeurs océaniques le protège en grande partie des menaces humaines. L’espèce n’est pas encore évaluée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et ne figure pas dans les listes de la CITES. Néanmoins, il reste vulnérable face à ses prédateurs naturels. Notamment, il a la capacité de libérer des filaments collants et venimeux contenant une toxine nommée holothurine. Cette substance, unique aux holothuries, est hautement toxique et peut détruire les membranes cellulaires et le système nerveux, conduisant souvent à la mort de l’assaillant.
Crédit photo : NOAA/MBARI