Chez l’humain, la fin des règles marque l’arrêt définitif de toute capacité de reproduction, un passage appelé ménopause. Ce moment particulier de la vie peut être difficile pour certaines femmes, qui doivent faire face à divers symptômes comme des troubles du sommeil ou une gêne quotidienne. Mais qu’en est-il chez les animaux ? La ménopause est-elle une spécificité humaine ou concerne-t-elle également d’autres espèces ?
Ce que l’on sait de la ménopause chez la femme
Pour comprendre ce phénomène, il faut d’abord envisager le fonctionnement du cycle ovarien. Les ovaires contiennent des structures appelées follicules, qui jouent un rôle central dans la régulation de la reproduction. Lorsqu’un follicule arrive à maturité, il stimule la production d’œstrogènes dans l’ovaire. Ces hormones provoquent la croissance de la muqueuse utérine, l’endomètre, préparant ainsi le corps à accueillir une éventuelle grossesse. Vers le 14e jour du cycle, un follicule libère un ovule, qui devient rapidement un corps jaune. Son rôle principal est de produire de la progestérone, une hormone qui limite la croissance de l’endomètre afin de favoriser la nidation. En absence de fécondation, le corps jaune disparaît, le taux de progestérone chute, et le décollement de l’endomètre entraîne les règles. Ce processus se répète tant que la réserve de follicules, constituée avant la naissance, n’est pas épuisée. Au fil du temps, cette réserve diminue, et entre 300 et 400 ovulations sont généralement possibles au cours de la vie d’une femme.
Se pose alors la question : d’autres animaux connaissent-ils une interruption similaire de leur capacité reproductive ou s’agit-il d’un phénomène propre à l’humain ?
La ménopause est un phénomène rare dans le monde animal
Selon les connaissances actuelles, la ménopause semble peu fréquente chez la majorité des espèces animales. Cela ne signifie pas pour autant qu’elles se reproduisent jusqu’à la fin de leur vie. La plupart des animaux ne présentent pas de limites physiques coupant leur fécondité, mais leur nombre de descendants tend à diminuer avec l’âge. Par exemple, chez les chimpanzés femelles, la fertilité diminue après 40 ans, mais il est possible qu’elles puissent concevoir encore à 50 ou 60 ans, même si cela reste exceptionnel en nature. En revanche, des cas de véritable ménopause, comparable à celle des humains, ont été observés chez certains cétacés : narvals, bélugas, globicéphales du Pacifique et orques. Ces mammifères marins cessent de se reproduire vers la quarantaine, alors même qu’ils peuvent atteindre plus de 60 ans.
Quelle est la raison d’être de la ménopause ?
Chez l’être humain, la réserve d’ovules, élaborée avant la naissance, se situe entre 300 000 et 500 000. Cependant, seul un petit fraction de ces ovules parvient à maturité. La théorie de l’évolution suggère que les individus qui possèdent des caractéristiques avantageuses ont plus de chances de transmettre leurs gènes. Cela soulève la question de l’intérêt de la ménopause, qui implique l’arrêt de la reproduction à un âge avancé. Quel avantage cela pourrait-il offrir à une espèce ? La réponse pourrait résider dans l’organisation sociale de certains groupes, en particulier chez les mammifères à société matriarcale.
Une explication largement acceptée est celle de l’ « effet grand-mère ». Dans cette optique, les femelles plus âgées, devenues stériles, jouent un rôle crucial dans l’éducation et l’assistance à leurs petits et petits-enfants. Cela leur permet d’éviter la compétition avec les plus jeunes pour les ressources et de continuer à contribuer à la survie de leur descendance. Chez les orques, par exemple, les grands-mères participent activement à l’apprentissage des techniques de chasse et prennent soin des jeunes en l’absence des parents. L’impact de cette contribution est tangible, puisque le taux de mortalité des enfants augmente de façon marquée dans l’année suivant la mort d’une grand-mère orque ménopausée.
Le bénéfice pour l’espèce réside dans le fait que, en cessant leur reproduction, ces femelles libèrent leur énergie pour soutenir la progéniture de leur famille. Cela peut favoriser une descendance plus nombreuse, mieux soignée et en meilleure santé, augmentant ainsi la probabilité de transmission des gènes sur plusieurs générations. En somme, la ménopause permet aux individus de maximiser l’efficacité de leur contribution au succès de leur groupe éthique.
Pourquoi la ménopause ne serait-elle pas plus répandue dans le règne animal ?
Les chercheurs avancent une hypothèse : la ménopause pourrait être liée aux capacités intellectuelles. Elle serait surtout utile pour les espèces où la transmission de connaissances et d’expériences nécessite du temps pour être apprise en toute sécurité, notamment chez l’humain. La grande distinction réside dans le fait que, chez l’homme, l’héritage ne repose pas uniquement sur le physique, mais aussi sur la transmission de savoir-faire. La grand-mère continue à jouer un rôle crucial en transmettant ses connaissances aux générations suivantes, même si ses capacités physiques se dégradent avec l’âge. Chez certains cétacés, comme les globicéphales et les bélugas, l’expérience en migration et en techniques de chasse est vitale et nécessite plusieurs années d’apprentissage. La conservation et la transmission de ce capital de connaissances expliqueraient l’existence de la ménopause.
Cependant, ces hypothèses doivent rester prudentes, car des espèces comme les bélugas ne présentent pas forcément une organisation sociale multi-générationnelle aussi développée.
Les risques liés à l’absence de ménopause chez les chiennes
Chez la chienne, la capacité de se reproduire débute dès 4 à 18 mois, selon sa race et sa taille. Les petites races atteignent leur maturité plus tôt, tandis que les races plus grandes le font généralement plus tard. Après cette période, elle entre dans une phase de chaleurs régulières, environ toutes les six mois, durant une à trois semaines. Avec l’âge, la régularité de ces cycles tend à s’interrompre, et la fertilité diminue. Des déséquilibres hormonaux peuvent apparaître, entraînant des problèmes de santé liés à la baisse des hormones sexuelles, parfois qualifiés de « pré-ménopause ».
Reproduire une chienne âgée présente des risques importants, notamment à partir de 6 ou 8 ans selon la race, où la mère pourrait mettre sa vie en danger si elle est gestante. C’est pourquoi la stérilisation est souvent recommandée pour les chiennes d’élevage à partir de cet âge, afin de préserver leur santé.