Comprendre la diplomatie du Panda instaurée par la Chine

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Depuis l’époque des dynasties Tang (618-907), la Chine a instauré une pratique diplomatique unique, connue sous le nom de « diplomatie du Panda ». Cette stratégie consiste à offrir des pandas géants à certains pays partenaires pour renforcer les liens amicaux et diplomatiques entre nations. Après une période d’éclipser, cette tradition a renaît de ses cendres au fil des décennies, notamment sous le régime maoïste, devenant un outil de professionnalisation diplomatique. Voici un aperçu de cette pratique et de ses subtilités.

Quelle est la signification derrière le symbole du panda dans la diplomatie chinoise ?

Originaire de la Chine centrale, le panda est vite devenu un emblème pacifique, apprécié pour sa douceur et sa sérénité. Historiquement, sa présence a été associée à des gestes de paix et de soumission. Par exemple, lors d’un conflit, une bannière arborant un panda pouvait symboliser l’intention d’abandonner la lutte pour favoriser la paix. À l’époque de la dynastie Tang, l’impératrice Wu Zetian avait envoyé deux pandas vivants ainsi que des peaux d’ursidés à l’empereur du Japon, marquant la première démarche diplomatique utilisant ces animaux. Offrir un panda s’est donc rapidement inscrit dans le cadre de la diplomatie d’État, incarnant la force tranquille, la sagesse et l’harmonie, à l’image du symbole du Yin et du Yang dont il reprend les couleurs traditionnelles. Ce concept formel a été institutionnalisé en 1949 par Mao Zedong, ce qui a permis à la Chine de faire de cette pratique un outil de coopération internationale.

De cette manière, la Chine a régulièrement offert ces animaux précieux à différents pays, notamment entre 1957 et 1982, où 23 pandas ont été envoyés pour établir ou renforcer les relations diplomatiques, notamment avec des États-Unis alors en froid avec la Chine. L’arrivée de pandas a permis d’apaiser les tensions et de relancer les négociations, comme lors de la visite historique du président Nixon en 1972, où Ling-Ling et Hsing-Hsing ont joué un rôle clé pour réchauffer les relations politiques.

Malgré les réticences de certains États face à cette pratique, la majorité préfère accepter ces présents, considérés comme des symboles de paix. Toute tentative de disputa ou de contestation est généralement évitée, la Chine exploitant cette aura pour renforcer ses alliances et ses investissements occidentaux, sans vraiment laisser place à la critique.

Les voix de la protection animale s’élèvent contre cette logique

Si la majorité des dirigeants diplomatiques évitent de remettre en question cette tradition, certains défenseurs écologistes et associations de protection animale dénoncent ces pratiques. La commercialisation et la possession d’ursidés suscitent la controverse, ce qui a conduit la Chine à cesser ses dons de pandas en 1984. Pour contourner cette interdiction, le pays a adopté une nouvelle approche, proposant désormais des pandas en prêt plutôt qu’en cadeau permanent.

Ce mode de gestion consiste à louer ces animaux pour une durée d’environ dix ans, avec des frais annuels pouvant atteindre un million de dollars par animal. Par ailleurs, si des pandas naissent durant la période du prêt, ceux-ci deviennent la propriété de la Chine, consolidant le contrôle sur la population de ces géants pacifiques.

Une espèce menacée et protégée

Ce changement de politique trouve un fondement dans la nécessité de préserver l’espèce, la Chine affirmant que ces prêts participent à des programmes de conservation. En effet, le panda figure sur la liste des espèces menacées selon la convention de Washington. Depuis les années 1960, le pays a mis en place plusieurs réserves naturelles afin de sauvegarder ces animaux, et des peines sévères étaient appliquées pour protéger cette espèce contre le braconnage, allant jusqu’à la peine de mort jusqu’en 2010. Depuis, la législation s’est un peu assouplie : en 2016, grâce à ces efforts, le statut du panda a été reclassé « vulnérable » par l’Union internationale pour la conservation de la nature. En Chine, on dénombre actuellement près de 2 000 pandas sauvages principalement dans les provinces du Sichuan et de Shaanxi, ainsi que 600 individus maintenus en captivité dans diverses réserves ou zoos.

Les pays bénéficiaires de la diplomatie du panda

Voici un tour d’horizon des nations ayant accueilli ces ambassadeurs félins, par le biais de cette pratique sophistiquée.

La Thaïlande

Le Royaume du Siam a reçu un couple de pandas, Chuang Chuang et Lin Hui, prêtés au zoo de Chiang Mai. La naissance de leur fille, Lin Bing, a été déclarée en mai 2009.

Taïwan

En 2005, la Chine propose initialement un couple de pandas à la République de Chine (Taïwan), mais ceux-ci sont refusés. Après un changement de gouvernement en 2008, un nouveau projet est lancé et deux pandas, Tuan Tuan et Yuan Yuan, trouvent refuge au zoo de Taipei en décembre 2008.

Le Japon

Le Japon a reçu de nombreux pandas, avec Ling Ling étant le dernier, décédé en 2008 après avoir vécu au zoo de Ueno. Depuis, l’échange s’est fait principalement par le biais de prêts. En 2012, Zhen Zhen et Li Li ont donné naissance à un petit nommé Senkaku, un nom qui a suscité une polémique nationale et diplomatique, évoquant un archipel contesté entre Chine et Japon.

Le Royaume-Uni

Le dernier panda offert au Royaume-Uni, Chi Chi, a rejoint le zoo de Londres en 1957. Plus récemment, en 2011, le zoo d’Édimbourg a accueilli un couple de pandas, Tian Tian et Yáng Guang, dans le cadre d’un prêt renouvelable.

Les Pays-Bas

Ce pays a la chance d’abriter une paire de pandas, Wu Wen et Xing Ya, dans leurs réserves naturelles.

Les États-Unis

L’Amérique a largement participé à cette pratique en prêtant plusieurs pandas, notamment le couple Tian Tian et Mei Xiang au zoo national de Washington. La femelle Bai Yun, en prêt de 1996 à 2019, a vécu au zoo de San Diego avant d’être retournée en Chine. Plusieurs naissances ont été recensées sur le territoire américain, comme Yun Zi, Su Lin ou Hua Mei, témoignant de la réussite de ce programme.

Le Canada

En 2013, le Canada a accueilli deux pandas, Er Shun et Ji Li, hébergés respectivement dans les zoos de Toronto et Calgary.

La Belgique

En 2014, Hao Hao et Xing Hui ont été offerts par la Chine au parc zoologique de Pairi Daiza, où ils ont engendré plusieurs petits, dont deux en 2016 et 2019. La Belgique détient la plus longue durée de prêt, de 15 ans, ce qui témoigne de la qualité des accords entre les deux pays.

L’Australie

Wang Wang et Funi, prêtés par la Chine, résident au zoo d’Adélaïde, illustrant la portée de cette diplomatie panda à l’échelle mondiale.

La France et la diplomatie du panda

La France a bénéficié pour la première fois de cette initiative en 1973, sous l’ère de Georges Pompidou, lorsqu’un couple de pandas a été offert par la Chine. Après le décès de Yen Yen au zoo de Vincennes, la relation s’est interrompue, puis relancée dans les années 2000. En 2006, un accord commercial ambitieux sur l’approvisionnement en uranium avec la Chine a été négocié, mais a été suspendu après la visite du Dalaï-lama par Carla Bruni en 2008. Ce n’est qu’en 2012 que la France a renoué avec son partenariat historique et a accueilli Yuan Zi et Huan Huan au zoo de Beauval, considérés comme des ambassadeurs d’amitié.

Ce prêt a été réalisé sous conditions strictes : le coût du transport s’élevant à 750 000 euros, et une contribution importante (1,5 million d’euros) versée à l’association chinoise des zoos. Deux naissances ont eu lieu en 2017, mais seul Yuan Meng a survécu. En 2021, deux nouveaux petits, Huanlili et Yuandudu, ont rejoint la famille. En 2023, Yuan Meng a été renvoyé en Chine pour répondre à la diplomatie, et d’autres jeunes pandas seront également repris, ce qui a suscité un débat sur la durée de leur présence en France, malgré la volonté d’Emmanuel Macron de prolonger leur séjour.

Une utilisation géopolitique à des fins économiques

Les gouvernements chinois exploitent la symbolique du panda pour renforcer leur influence étrangère, illustrant un rapport de force subtil. Par exemple, une photo célèbre montre Robert Zoellick, ancien responsable américain, embrassant un bébé panda, une image utilisée pour illustrer la bonne entente entre les deux pays. De même, les premières dames invitées à la réserve sont souvent nommées marraines officielles de ces emblèmes, renforçant l’aspect diplomatique et symbolique. La Chine impose également des exigences strictes quant au traitement de ces animaux, envoyant parfois des infirmières spécialisées sur place ou affirmant que la nourriture doit provenir uniquement d’entreprises chinoises afin de préserver leur conformité à ses règles.

Ce dispositif peut également être perçu comme une forme de chantage, où la Chine utilise la possession des pandas pour faire pression diplomatique, en imposant des normes sanitaires rigoureuses ou en réagissant durement à toute contestation, sous prétexte de préserver la stabilité de ses alliances.

Depuis l’époque des dynasties Tang (618-907), la Chine a instauré une pratique diplomatique unique, connue sous le nom de « diplomatie du Panda ». Cette stratégie consiste à offrir des pandas géants à certains pays partenaires pour renforcer les liens amicaux et diplomatiques entre nations. Après une période d’éclipser, cette tradition a renaît de ses cendres au fil des décennies, notamment sous le régime maoïste, devenant un outil de professionnalisation diplomatique. Voici un aperçu de cette pratique et de ses subtilités.

Quelle est la signification derrière le symbole du panda dans la diplomatie chinoise ?

Originaire de la Chine centrale, le panda est vite devenu un emblème pacifique, apprécié pour sa douceur et sa sérénité. Historiquement, sa présence a été associée à des gestes de paix et de soumission. Par exemple, lors d’un conflit, une bannière arborant un panda pouvait symboliser l’intention d’abandonner la lutte pour favoriser la paix. À l’époque de la dynastie Tang, l’impératrice Wu Zetian avait envoyé deux pandas vivants ainsi que des peaux d’ursidés à l’empereur du Japon, marquant la première démarche diplomatique utilisant ces animaux. Offrir un panda s’est donc rapidement inscrit dans le cadre de la diplomatie d’État, incarnant la force tranquille, la sagesse et l’harmonie, à l’image du symbole du Yin et du Yang dont il reprend les couleurs traditionnelles. Ce concept formel a été institutionnalisé en 1949 par Mao Zedong, ce qui a permis à la Chine de faire de cette pratique un outil de coopération internationale.

De cette manière, la Chine a régulièrement offert ces animaux précieux à différents pays, notamment entre 1957 et 1982, où 23 pandas ont été envoyés pour établir ou renforcer les relations diplomatiques, notamment avec des États-Unis alors en froid avec la Chine. L’arrivée de pandas a permis d’apaiser les tensions et de relancer les négociations, comme lors de la visite historique du président Nixon en 1972, où Ling-Ling et Hsing-Hsing ont joué un rôle clé pour réchauffer les relations politiques.

Malgré les réticences de certains États face à cette pratique, la majorité préfère accepter ces présents, considérés comme des symboles de paix. Toute tentative de disputa ou de contestation est généralement évitée, la Chine exploitant cette aura pour renforcer ses alliances et ses investissements occidentaux, sans vraiment laisser place à la critique.

Les voix de la protection animale s’élèvent contre cette logique

Si la majorité des dirigeants diplomatiques évitent de remettre en question cette tradition, certains défenseurs écologistes et associations de protection animale dénoncent ces pratiques. La commercialisation et la possession d’ursidés suscitent la controverse, ce qui a conduit la Chine à cesser ses dons de pandas en 1984. Pour contourner cette interdiction, le pays a adopté une nouvelle approche, proposant désormais des pandas en prêt plutôt qu’en cadeau permanent.

Ce mode de gestion consiste à louer ces animaux pour une durée d’environ dix ans, avec des frais annuels pouvant atteindre un million de dollars par animal. Par ailleurs, si des pandas naissent durant la période du prêt, ceux-ci deviennent la propriété de la Chine, consolidant le contrôle sur la population de ces géants pacifiques.

Une espèce menacée et protégée

Ce changement de politique trouve un fondement dans la nécessité de préserver l’espèce, la Chine affirmant que ces prêts participent à des programmes de conservation. En effet, le panda figure sur la liste des espèces menacées selon la convention de Washington. Depuis les années 1960, le pays a mis en place plusieurs réserves naturelles afin de sauvegarder ces animaux, et des peines sévères étaient appliquées pour protéger cette espèce contre le braconnage, allant jusqu’à la peine de mort jusqu’en 2010. Depuis, la législation s’est un peu assouplie : en 2016, grâce à ces efforts, le statut du panda a été reclassé « vulnérable » par l’Union internationale pour la conservation de la nature. En Chine, on dénombre actuellement près de 2 000 pandas sauvages principalement dans les provinces du Sichuan et de Shaanxi, ainsi que 600 individus maintenus en captivité dans diverses réserves ou zoos.

Les pays bénéficiaires de la diplomatie du panda

Voici un tour d’horizon des nations ayant accueilli ces ambassadeurs félins, par le biais de cette pratique sophistiquée.

La Thaïlande

Le Royaume du Siam a reçu un couple de pandas, Chuang Chuang et Lin Hui, prêtés au zoo de Chiang Mai. La naissance de leur fille, Lin Bing, a été déclarée en mai 2009.

Taïwan

En 2005, la Chine propose initialement un couple de pandas à la République de Chine (Taïwan), mais ceux-ci sont refusés. Après un changement de gouvernement en 2008, un nouveau projet est lancé et deux pandas, Tuan Tuan et Yuan Yuan, trouvent refuge au zoo de Taipei en décembre 2008.

Le Japon

Le Japon a reçu de nombreux pandas, avec Ling Ling étant le dernier, décédé en 2008 après avoir vécu au zoo de Ueno. Depuis, l’échange s’est fait principalement par le biais de prêts. En 2012, Zhen Zhen et Li Li ont donné naissance à un petit nommé Senkaku, un nom qui a suscité une polémique nationale et diplomatique, évoquant un archipel contesté entre Chine et Japon.

Le Royaume-Uni

Le dernier panda offert au Royaume-Uni, Chi Chi, a rejoint le zoo de Londres en 1957. Plus récemment, en 2011, le zoo d’Édimbourg a accueilli un couple de pandas, Tian Tian et Yáng Guang, dans le cadre d’un prêt renouvelable.

Les Pays-Bas

Ce pays a la chance d’abriter une paire de pandas, Wu Wen et Xing Ya, dans leurs réserves naturelles.

Les États-Unis

L’Amérique a largement participé à cette pratique en prêtant plusieurs pandas, notamment le couple Tian Tian et Mei Xiang au zoo national de Washington. La femelle Bai Yun, en prêt de 1996 à 2019, a vécu au zoo de San Diego avant d’être retournée en Chine. Plusieurs naissances ont été recensées sur le territoire américain, comme Yun Zi, Su Lin ou Hua Mei, témoignant de la réussite de ce programme.

Le Canada

En 2013, le Canada a accueilli deux pandas, Er Shun et Ji Li, hébergés respectivement dans les zoos de Toronto et Calgary.

La Belgique

En 2014, Hao Hao et Xing Hui ont été offerts par la Chine au parc zoologique de Pairi Daiza, où ils ont engendré plusieurs petits, dont deux en 2016 et 2019. La Belgique détient la plus longue durée de prêt, de 15 ans, ce qui témoigne de la qualité des accords entre les deux pays.

L’Australie

Wang Wang et Funi, prêtés par la Chine, résident au zoo d’Adélaïde, illustrant la portée de cette diplomatie panda à l’échelle mondiale.

La France et la diplomatie du panda

La France a bénéficié pour la première fois de cette initiative en 1973, sous l’ère de Georges Pompidou, lorsqu’un couple de pandas a été offert par la Chine. Après le décès de Yen Yen au zoo de Vincennes, la relation s’est interrompue, puis relancée dans les années 2000. En 2006, un accord commercial ambitieux sur l’approvisionnement en uranium avec la Chine a été négocié, mais a été suspendu après la visite du Dalaï-lama par Carla Bruni en 2008. Ce n’est qu’en 2012 que la France a renoué avec son partenariat historique et a accueilli Yuan Zi et Huan Huan au zoo de Beauval, considérés comme des ambassadeurs d’amitié.

Ce prêt a été réalisé sous conditions strictes : le coût du transport s’élevant à 750 000 euros, et une contribution importante (1,5 million d’euros) versée à l’association chinoise des zoos. Deux naissances ont eu lieu en 2017, mais seul Yuan Meng a survécu. En 2021, deux nouveaux petits, Huanlili et Yuandudu, ont rejoint la famille. En 2023, Yuan Meng a été renvoyé en Chine pour répondre à la diplomatie, et d’autres jeunes pandas seront également repris, ce qui a suscité un débat sur la durée de leur présence en France, malgré la volonté d’Emmanuel Macron de prolonger leur séjour.

Une utilisation géopolitique à des fins économiques

Les gouvernements chinois exploitent la symbolique du panda pour renforcer leur influence étrangère, illustrant un rapport de force subtil. Par exemple, une photo célèbre montre Robert Zoellick, ancien responsable américain, embrassant un bébé panda, une image utilisée pour illustrer la bonne entente entre les deux pays. De même, les premières dames invitées à la réserve sont souvent nommées marraines officielles de ces emblèmes, renforçant l’aspect diplomatique et symbolique. La Chine impose également des exigences strictes quant au traitement de ces animaux, envoyant parfois des infirmières spécialisées sur place ou affirmant que la nourriture doit provenir uniquement d’entreprises chinoises afin de préserver leur conformité à ses règles.

Ce dispositif peut également être perçu comme une forme de chantage, où la Chine utilise la possession des pandas pour faire pression diplomatique, en imposant des normes sanitaires rigoureuses ou en réagissant durement à toute contestation, sous prétexte de préserver la stabilité de ses alliances.