Une âme douce et inoffensive évoque souvent l’image d’un petit animal sans défense. Cet article explore la symbolique de la brebis enfant, un emblème d’innocence et de pureté. Nous évoquerons également l’histoire de l’expression “doux comme un agneau”, qui trouve ses racines au Moyen Âge. Bien entendu, la figure de l’agneau ne peut être dissociée de son adversaire historique : le loup.
Que signifie familièrement l’expression “doux comme un agneau” ?
De manière figurée, cette expression désigne une personne d’une extrême gentillesse, au comportement calme et paisible, incapable d’agir avec malveillance. Selon le contexte, elle décrit souvent quelqu’un de naïf, d’innocent ou d’âme pure. Par exemple, on peut dire : “Ce jeune homme est d’une douceur remarquable, il a un avenir brillant en tant que citoyen ou, à défaut, comme homme d’affaire passionné.” (Gustave Flaubert, La Tentation de saint Antoine, 1849) ; ou encore : “Si tu m’aimais vraiment, je resterais aussi doux qu’un agneau, et tu pourrais faire de moi ce que tu veux.” (Gaston Leroux, Le Fantôme de l’Opéra, 1910). En anglais, cette idée est traduite littéralement par “gentle as a lamb”.
Quel est l’origine de l’expression “doux comme un agneau” ?
Au XVIIe siècle, le dictionnaire de Furetière décrivait déjà “l’agneau” comme une créature de grande douceur, aussi bien chez les humains que chez les animaux apprivoisés. Il était associé à l’image de Jésus-Christ se laissant guider vers sa mort, comme un agneau docile selon Saint Paul. La définition insista également sur ses qualités d’innocence, de candeur ou de docilité. La même logique apparaissait dans le dictionnaire de l’Académie française (1694), mentionnant que l’expression qualifie une personne à l’humeur extrêmement douce, en évoquant aussi certains animaux comme le chien ou le cheval. La douceur, l’innocence et la timidité ont longtemps été associées à l’agneau, comme le soulignait André Gide en 1925.
Pourquoi l’agneau symbolise-t-il la douceur ?
En tant que nouveau-né, l’agneau représente l’enfance, la tendresse, la sincérité et la confiance. Sa fragilité naturelle, couplée à sa couleur blanche, renforce cette image de pureté et d’innocence. La religion a également adopté cet animal comme symbole : dans l’Ancien Testament, l’agneau est au centre du rituel pascal juif, représentant le sacrifice. La figure la plus célèbre est celle de Jésus-Christ, qui s’identifie à l’agneau immolé pour racheter les fautes du monde dans le Nouveau Testament. La symbolique de l’agneau en tant que victime divine a consolidé son rôle dans la tradition religieuse comme emblème de sacrifice et de salut.
Quelle est l’origine de l’expression “doux comme un agneau” ?
Ses premières attestations remontent au Moyen Âge, où un poète du nom de Jacquemars Giélée utilisait cette expression dans son poème dédié à la suite de récits animaliers du Roman de Renart. Au fil du temps, la formule se formalise : en 1643, le chantre Anibal Gantez évoquait une personne “souple comme un gand et douce comme un agneau”. Dans la poésie burlesque de Paul Scarron, datant de 1649, l’agneau était associé à la douceur et à la docilité, un trait que l’on retrouvait également dans des expressions anciennes comme “simple comme un agneau” ou “bénin comme un agneau”, où “bénin” signifiait jadis un caractère de bonté et de bienveillance.
Existe-t-il d’autres expressions impliquant l’agneau ?
La forte symbolique de cet animal a inspiré plusieurs variantes, telles que “suivre quelqu’un comme un agneau suit sa mère” ou “innocent comme un agneau nouveau-né” (origines au XIXe siècle). Émile Zola évoquait aussi la notion de soumission ou de douceur dans sa formule “se faire tondre comme un agneau”, illustrant la notion de faiblesse face à une force supérieure. Par ailleurs, Alfred de Musset utilisait l’image de l’agneau pour qualifier une pureté extrême dans ses œuvres, associant cette figure à la douceur, la paix et la naïveté.
Le loup, rival traditionnel de l’agneau ?
Tout au long de l’histoire, les récits ont opposé l’innocence de l’agneau à la ruse et à la férocité du loup. Dans les textes de Balzac ou dans la célèbre fable de Jean de La Fontaine, “Le loup et l’agneau”, cette confrontation illustre la prédominance du plus fort, symbolisant la brutalité face à la faiblesse. La fable se termine sur la morale : “La raison du plus fort est toujours la meilleure”, renforçant l’idée que la faiblesse, même si elle est pure, peut être vaincue par la force brute.