Il peut être difficile d’imaginer un monde qui fonctionne autrement que celui que nous connaissons actuellement. Cet article vous propose une réflexion sur un univers où la reproduction se fait sans l’intervention du mâle. Nous mettons en lumière cinq espèces animales utilisant la parthénogenèse comme mode de reproduction.
Comment une reproduction peut-elle se passer sans la présence d’un mâle ?
La parthénogenèse correspond à un processus de reproduction asexuée dans lequel un embryon se développe à partir d’un ovule qui n’a pas été fécondé. Autrement dit, l’engendrement des descendants ne nécessite pas la fusion d’un gamète mâle avec une femelle. Ce phénomène est principalement observé chez certains invertébrés et reptiles, mais il a également été constaté chez quelques poissons, amphibiens et oiseaux.
Lors de cette reproduction, l’ovule subit une série de divisions cellulaires mitotiques, au cours desquelles une cellule mère se divise pour donner deux cellules filles, lesquelles continueront à se développer pour former un embryon. La complexité de ce mécanisme peut varier selon l’espèce. Parmi celles pratiquant la parthénogenèse, certaines produisent des copies exactes de la mère tandis que d’autres génèrent une diversité génétique grâce à des processus de recombinaison ou de polyploïdie.
Pour quelles raisons certains animaux optent-ils pour la parthénogenèse ?
Souvent, ce mode de reproduction n’est pas leur seule stratégie; dans ce cas, on parle de reproduction facultative. C’est notamment le cas chez des espèces qui se reproduisent habituellement par voie sexuée, comme certains requins ou varans de Komodo. En revanche, elle peut aussi devenir la seule méthode pour assurer la continuité de l’espèce, notamment chez celles dont tous les individus femelles se reproduisent exclusivement par parthénogenèse.
Choisir cette stratégie témoigne de l’adaptabilité de certains animaux face à des conditions environnementales difficiles. Elle peut leur conférer des avantages pour leur survie, tout en limitant la diversité génétique, ce qui peut aussi comporter des inconvénients. Cet article propose de découvrir cinq exemples marquants illustrant cette pratique.
1 – Chez les abeilles domestiques
Il peut surprendre, mais l’exemple de l’abeille domestique représente un cas emblématique de parthénogenèse. Bien que la société soit principalement centrée sur une reine et ses ouvrières, certains mâles, appelés bourdons, jouent un rôle dans la reproduction. Cependant, la majorité des femelles de la colonie provient d’œufs non fécondés et leur développement repose sur la parthénogenèse.
Les ouvrières sont responsables de tâches comme la collecte de nectar, la construction et l’entretien de la ruche, ainsi que l’élevage des larves. Les bourdons, quant à eux, sont des mâles issus d’œufs non fécondés, ce qui signifie qu’ils sont haploïdes, ne possédant qu’un seul exemplaire de chaque chromosome. Les femelles, telles que les ouvrières ou la reine, développent à partir d’œufs fertilisés, ce qui leur confère un patrimoine génétique diploïde.
2 – Chez le condor
Les condors de Californie (Gymnogyps californianus), espèce en danger critique d’extinction, ont été inappréciablement surveillés en raison de leur peu d’individus, avec seulement 525 recensés en 2019, dont une partie en captivité. Pourtant, ils ont la capacité de se reproduce par parthénogenèse, ce qui pourrait être un atout pour leur sauvegarde à long terme.
Ce mode de reproduction facultatif leur permet de se reproduire aussi de façon traditionnelle, par rencontre entre un mâle et une femelle. Jusqu’aux années 2010, on avait surtout observé de tels cas chez des volailles telles que les dindes ou les poulets. Récemment, une étude menée par un zoo californien a documenté deux occurrences chez des condors femelles entourées de mâles fertiles, un phénomène encore mystérieux, car ces femelles avaient déjà eu des interactions avec des mâles par le passé.
3 – Chez les scorpions
Connu pour leur aspect intimidant et leur venin, le scorpion présente aussi des particularités reproductives peu communes : certaines de ses espèces se reproduisent uniquement par parthénogenèse.
Ce sont des créatures nocturnes qui occupent divers habitats, du désert à la forêt tropicale. La majorité d’entre eux se reproduisent par le biais du sexe, mais une dizaine d’espèces se multiplient exclusivement par reproduction asexuée. L’exemple le plus connu est Tityus serrulatus, qui donne naissance uniquement à des femelles. D’autres, comme Tityus meteuendus, produisent exclusivement des mâles, tandis que certains, tel que Tityus neblina, génèrent une combinaison des deux sexes.
4 – Chez les phasmes
Les phasmes, insectes imitant des brindilles ou des feuilles, ont aussi adopté la parthénogenèse dans leur mode de reproduction. Ces herbivores jouent un rôle dans la régulation végétale, en se nourrissant de feuilles et de plantes variées. Leur capacité à associer reproduction asexuée et imitation leur confère une aptitude remarquable à s’adapter à leur environnement.
5 – Chez les orthoptères
Les criquets, grillons et sauterelles, regroupés sous le nom d’orthoptères, peuvent aussi se reproduire sans la présence d’un mâle. Chez Locusta migratoria ou Schistocerca gregaria, une reproduction par œufs non fécondés peut produire exclusivement des femelles. Cependant, dans certaines espèces comme Loxoblemmus frontalis, la descendance peut être mixte, mais si une bactérie parasite appelée Wolbachia est présente, celle-ci favorise la production uniquement de femelles, qui sont essentielles pour la transmission du parasite.
Pour conclure, les requins, qui ont traversé plusieurs extinctions massives au cours de leur longue histoire estimée à 400 millions d’années, ont eux aussi recours à la parthénogenèse comme stratégie de survie face à des périodes difficiles. Une preuve supplémentaire de leur Résilience dans un monde qui change.