Toucher un crapaud peut-il causer des boutons ou verrues ? Analyse précise

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Il existe une croyance populaire selon laquelle manipuler un crapaud peut provoquer l’apparition de boutons ou de verrues similaires à celles qui ornent la peau de l’animal. Cependant, cette idée est fausse : toucher ces amphibiens ne pose pas de danger pour notre santé. En revanche, si on porte ensuite nos mains à la bouche ou aux yeux, ce ne sont pas des boutons qui risquent d’apparaître, mais plutôt des réactions corporelles qui peuvent être plus sérieuses. Voici une explication détaillée.

Les différentes espèces de crapauds en France

Les crapauds appartiennent à la classe des amphibiens, comme les grenouilles, et au groupe des bufonidés. Sur les nombreuses espèces recensées à travers le monde, la France héberge uniquement trois variétés, toutes protégées par la loi :

  • Le crapaud commun (Bufo bufo). C’est la plus grande espèce de crapaud en Europe, mesurant entre 5 et 8 cm chez les mâles et pouvant atteindre 11 cm chez les femelles. Sa teinte va généralement du marron au gris jaunâtre ou roussâtre, souvent d’un seul ton. Ses pupilles sont de couleur orange ou rouge cuivré, avec une pupille horizontale. Il fréquente principalement les zones de plaines et de forêts, où il préfère les environnements plutôt frais, ne s’approchant des plans d’eau que pour la reproduction. Actif principalement durant la nuit, il passe ses journées enfoui dans un trou creusé dans le sol.
  • Le crapaud vert (Bufotes viridis). Légèrement plus petit que Bufo bufo, il ne dépasse pas 10 cm. Son corps arbore différentes nuances de marron, blanc, cendré ou rosé. Son aspect le distingue notamment par des taches d’un vert émeraude très visibles, délimitées par des lignes foncées, parsemées de petits points rouges. Son ventre est d’un blanc uni. Grâce à une grande capacité d’adaptation, il colonise divers habitats, des forêts aux montagnes, jusqu’aux zones désertiques ou semi-désertiques.
  • Le crapaud calamite ou crapaud des joncs (Epidalea calamita). Ce dernier mesure entre 4 et 7 cm chez les mâles, et jusqu’à 8 cm chez les femelles. La principale différence avec le crapaud commun réside dans la ligne médiane jaune au centre du dos. Son iris est jaune veiné de noir. Species nocturne, cette variété se rencontre dans toute la France, en particulier dans le sud, favorisant les habitats ouverts comme les plaines, les zones rocheuses, les landes ou les habitats en bordure de forêt.

Les toxines des crapauds : une protection naturelle

Les crapauds possèdent une peau recouverte de pustules, formées par des glandes granuleuses appelées parotoïdes, situées principalement sur leur dos, leur cou et leurs épaules. Ces pustules ont l’aspect de verrues et libèrent un venin. Selon l’espèce, ce liquide peut être très toxique, contenant diverses composés nocifs comme la bufotoxine, la bufogénine, l’adrénaline ou la sérotonine. Ce mécanisme de défense est crucial pour leur survie, notamment dans plusieurs situations :

  • Pour dissuader leurs prédateurs. La sécrétion venimeuse peut même tuer de petits animaux comme des rongeurs. Pour ceux qui survivent à cette expérience, la répétition est généralement évitée, car le goût et l’effet irritant leur laissent une mauvaise impression.
  • Pour protéger leur pontes. Les œufs, rendus inaccessibles par leur toxicité, bénéficient d’une meilleure chance de survie contre les prédateurs.
  • Pour préserver leur peau. La substance contre les infections fongiques ou bactériennes agit comme un antiseptique naturel, notamment parce que leur système immunitaire est peu efficace.

Est-il sans danger de manipuler un crapaud ?

En réalité, toucher un crapaud n’entraîne pas de risque immédiat pour la santé humaine, puisque leur venin ne peut pas pénétrer à travers la peau intacte. Le problème survenant surtout lors de contacts avec les muqueuses, comme les yeux ou la bouche. En se frottant les yeux après avoir manipulé un crapaud, il est possible de subir une forte irritation, avec brûlures, larmoiements et rougeurs. Si l’on porte ses doigts à la bouche ou à une plaie ouverte, le poison peut entrer dans le sang, provoquant une réponse toxique qui peut affecter le cœur ou le système nerveux. Parmi les symptômes possibles, on retrouve :

  • Une salivation excessive ;
  • Des troubles digestifs (diarrhées, vomissements) ;
  • Un sentiment de faiblesse ou de fatigue ;
  • Des troubles neurologiques comme des tremblements ou des convulsions ;
  • Une modification du rythme cardiaque (accélération ou ralentissement) ;
  • Des hallucinations ;
  • Une paralysie partielle ou complète.

Il est également important de noter qu’un cas d’arythmie cardiaque ayant conduit à la mort suite à l’ingestion d’œufs issus d’un crapaud (notamment Bufo marinus) a été officiellement rapporté.

Que faire en cas de contact avec un crapaud ?

Il n’existe pas d’antidote spécifique au venin de ces amphibiens. Si les symptômes sont bénins, il est recommandé d’attendre leur disparition tout en suivant ces précautions :

  • Se laver soigneusement les mains ;
  • Rincer abondamment les yeux à l’eau tiède pendant 10 à 15 minutes ;
  • Se rincer la bouche avec un liquide non gras ;
  • Consulter un professionnel de santé si les symptômes persistent ou s’aggravent.

Que faire si votre chien a mordu un crapaud ?

Les symptômes graves évoqués précédemment concernent surtout les animaux domestiques, comme les chiens. Lorsqu’un chien mord un crapaud, le venin remonte rapidement dans son sang, pouvant entraîner un arrêt cardiaque selon la quantité ingérée et la taille de l’animal. Les signes à surveiller sont des gencives devenues rouges, de la salivation excessive, une élévation rapide de la température corporelle et des convulsions. En cas d’empoisonnement, il est crucial de consulter immédiatement un vétérinaire. Avant de se rendre chez le praticien, voici quelques étapes à suivre :

  • Rincer vigoureusement sa bouche à l’aide d’un jet d’eau ou d’un tuyau ;
  • Frotter l’intérieur de sa gueule avec un chiffon propre pour éliminer le venin ;
  • Si l’animal ne respire pas, effectuer une réanimation cardiopulmonaire, en demandant conseil au vétérinaire par téléphone si nécessaire.

Une fois arrivé chez le vétérinaire, celui-ci pourra administrer des traitements spécifiques tels que des corticoïdes, voire hospitaliser l’animal si la situation l’exige, afin de lui sauver la vie.