Rainette verte : la grenouille au chant envoûtant et à l’apparence éclatante

Accueil » Les animaux sauvages » Amphibiens » Rainette verte : la grenouille au chant envoûtant et à l’apparence éclatante
Crédit photo : Charles J. Sharp

La rainette verte possède une couleur typique vert vif et une longue ligne noire qui court le long de ses flancs, ce qui facilite son identification. Dotée d’une capacité à changer de teinte pour mieux se fondre dans son environnement, cette espèce vit dans les arbres et se camoufle efficacement. Son chant puissant, audible la nuit, trahit néanmoins sa présence, surtout au printemps, lorsque les mâles attirent les femelles en émettant leurs vocalisations pour favoriser la rencontre et la reproduction près des points d’eau. Voici une approche pour mieux connaître cette amphibienne courante en Europe.

Qu’est-ce que la rainette verte ?

Appartenant à l’ordre des anoures, la rainette verte, ou Hyla arborea, fait partie des amphibiens sans queue, principalement carnivores, comprenant également les grenouilles et les crapauds. Elle appartient à la famille des hylidés, comme sa cousine méridionale Hyla meridionalis, qui réside dans le sud de la France. Son nom s’inspire d’un personnage mythologique grec, Hylas, compagnon d’Héraclès, transformé en écho par les nymphes, évoquant peut-être le chant répété de cette grenouille. Le terme latin arborea fait référence à sa capacité à évoluer et à se déplacer dans la végétation arborée.

Comment reconnaître la rainette verte ?

Cette petite rainette, mesurant rarement 5 cm, se distingue par sa peau fine et vert vif, lui permettant de se fondre dans la végétation. Son ventre est blanc, avec une texture légèrement granuleuse. Une bande brune, bordée d’un fin liseré blanc ou doré, relie ses yeux à ses cuisses. Chez Hyla meridionalis, cette ligne sombre s’arrête à l’œil. La face de l’animal comporte des pupilles horizontales et des tympans clairement visibles. Ses doigts et orteils sont munis de disques adhésifs, ce qui facilite son escalade. Lors de la saison des amours, les mâles ont une gorge orange plissée et un sac vocal volumineux, tandis que les femelles ont une gorge claire et lisse. Les membres postérieurs sont partiellement palmés.

Où la rainette verte vit-elle ?

Introduite à une large zone de l’Europe, Hyla arborea est répartie du Portugal à la Sibérie occidentale, du nord de la Scandinavie jusqu’à l’Italie et les Balkans, tout comme dans certaines parties du Maghreb. En France, elle se trouve principalement dans le nord, au sud du Massif central, mais est remplacée par sa cousine Hyla meridionalis dans la région méditerranéenne. Elle est principalement présente en dessous de 800 mètres d’altitude, mais peut atteindre 2000 mètres dans certains massifs bulgares.

Quel type d’habitat pour la rainette verte ?

Au printemps, cette espèce fréquente principalement les zones humides, comme les marais, les étangs, ou encore les zones bordant les cours d’eau, notamment les fossés ou prairies inondées. Elle se reproduit dans des eaux peu profondes, riches en végétation, ensoleillées. En dehors de la saison de reproduction, elle privilégie les lisières forestières, les bosquets, et les haies. Lorsqu’il fait très chaud, elle se réfugie dans des endroits frais et ombragés, comme des arbres ou des cachettes naturelles.

Que mange la rainette verte ?

Active surtout au crépuscule et la nuit, cette grenouille chasse principalement des insectes et petits invertébrés, tels que mouches, fourmis, papillons, coléoptères, araignées ou mollusques. Elle opère en embuscade, se tenant cachée dans la végétation proche de l’eau, et se sert de sa langue collante pour attraper ses proies lorsqu’elles passent à proximité. Les têtards se nourrissent d’organismes microscopiques présents dans l’eau. Bien que nocturne, la rainette peut également s’activer pendant la journée par temps humide ou frais.

Quel est son mode de vie ?

Entièrement arboricole, cette rainette dispose de ventouses aux doigts pour s’accrocher aux branches et se déplacer aisément dans la végétation. Il lui arrive d’atteindre des hauteurs impressionnantes, dépassant 20 mètres. Son camouflage, renforcé par sa capacité à changer de couleur rapidement, lui permet de passer inaperçue. La peau de l’animal devient plus foncée ou plus claire selon son état émotionnel ou environnemental. Pendant la saison de reproduction, les mâles affichent parfois des teintes jaunes, bleues ou noires, sur la gorge et l’intérieur des cuisses, dans l’objectif d’attirer les femelles. De jour, elle reste immobile au soleil, sécrétant un mucus qui la maintient humide. Elle hiberne d’octobre à mars, souvent dans la vase, sous les murs ou enveloppée dans des feuilles mortes.

Comment reconnaître son chant ?

La rainette verte est célèbre pour son chant distinctif, surtout au printemps. Elle produit des vocalisations répétées et puissantes, ressemblant à un “kouek-kouek-kouek”, pouvant être entendues sur un kilomètre. Ce cri, aigu et rythmique, s’intensifie au début de la saison et ralentit à son terme. Plusieurs mâles chantent en chœur, souvent la nuit, pour attirer les femelles. Lors du chant, ils gonflent leur sac vocal, qui sert de caisse de résonance pour amplifier leurs appels. Les mâles s’installent tôt dans la saison, se donnant chacun un petit territoire qu’ils défendent vigoureusement. Ces chants peuvent également être perçus entre septembre et début octobre, avant l’hibernation.

Comment se reproduit la rainette verte ?

La période de reproduction s’étale de mars à mai. Les mâles peuvent parcourir plusieurs kilomètres pour rejoindre les zones de reproduction, notamment les mares ou étangs, où ils s’installent sur des branches en bordure de l’eau en chevauchant des chants puissants. Attirées par cette musique, les femelles arrivent pour la fécondation. Elles pondent alors environ mille œufs en grappes, accrochés aux végétaux aquatiques. En deux semaines, éclosent de jeunes têtards verts et transparents, dotés d’une nageoire dorsal haute et d’une queue effilée. Après environ trois mois de croissance, ils atteignent 4 à 5 cm, métamorphosent et quittent l’eau. La maturation sexuelle de cette espèce survient vers ses 3 ou 4 ans, moment où la rainette devient véritablement arboricole.

La rainette verte est-elle une espèce en danger ?

Les jeunes têtards sont vulnérables face aux prédateurs aquatiques comme les poissons ou certains insectes, alors que les adultes peuvent être la proie de serpents tels que les couleuvres. Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la rainette verte est classée dans la catégorie “préoccupation mineure”, ce qui indique qu’elle n’est pas gravement menacée à l’échelle mondiale ou en Europe. Cependant, certaines régions françaises la considèrent comme vulnérable ou en danger, notamment en Picardie, en Rhône-Alpes ou dans le Midi-Pyrénées. La disparition des habitats favorables, causée par l’urbanisation, le changement climatique et la fragmentation des zones humides, contribue à la diminution de ses populations dans plusieurs pays.

La rainette verte bénéficie-t-elle d’une protection légale ?

Elle est protégée à l’échelle internationale, notamment par l’annexe II de la Convention de Berne et par l’annexe IV de la directive européenne Faune-Flore-Habitat. En France, une loi de 1976 assure la préservation de cette espèce, interdisant toute capture, mutilation, ou destruction volontaire, ainsi que la collecte de ses œufs et larves. La rainette verte peut vivre jusqu’à 10 ans, bénéficiant ainsi d’une certaine sécurité juridique contre la chasse et les perturbations humaines.