Le Crapaud Buffle : le géant des amphibiens

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Les amateurs d’amphibiens pourraient rapidement éprouver une certaine répulsion face au Rhinella marina. Communément appelé crapaud buffle, cet animal impressionne par sa taille exceptionnelle. Le plus gros spécimen recensé, inscrit dans le Livre Guinness des records, mesurait près de 38 cm de long, avec ses membres étendus atteignant 54 cm, pour un poids de 2,65 kg. Retour sur cet être hors du commun, à de multiples égards.

Aspect et caractéristiques du crapaud buffle

Ce crapaud ne ressemble en rien à un prince charmant. Sa peau rugueuse et couverte de verrues lui donne une apparence peu attrayante. La teinte de son dos varie considérablement, allant du gris au jaune, en passant par des nuances de brun-rouge ou d’olive, souvent agrémentées de motifs divers. Son ventre, habituellement d’un ton crème, peut également présenter des marques sombres ou marron. Sa tête, large et aplatie, adopte une forme triangulaire. Bien que ses orteils soient reliés par une fine membrane de peau, ils ne sont pas réellement palmés comme chez d’autres espèces d’amphibiens.

Le crapaud buffle possède des glandes parotoïdes situées sur ses épaules, qui sécrètent un venin. Ces glandes sont particulièrement volumineuses par rapport à celles d’autres crapauds. Leur forme et leur texture varient d’un individu à l’autre : elles peuvent être lisses ou recouvertes de petits tubercules épineux, ce qui donne à chaque animal une apparence unique.

Chez cette espèce, la femelle est généralement plus massive que le mâle, atteignant des tailles entre 10 et 15 cm, ce qui est nettement inférieur au record évoqué précédemment. Ce maximum a été observé chez un crapaud maintenu en captivité en Suède. En milieu naturel, les plus grosses populations se trouvent dans des zones où la densité est faible, minimisant la compétition pour la nourriture.

Zone d’origine et habitat du crapaud buffle

Originaire d’Amérique centrale et du Sud, le crapaud buffle est également présent dans plusieurs régions du Pacifique et des Caraïbes. Son introduction dans d’autres continents s’est faite dans un contexte historique : en 1935, face à la menace du charançon de la canne à sucre en Australie, certains ont pensé à utiliser ce crapaud comme agent biologique pour contrôler les nuisibles. Bien que cette tentative n’ait pas été couronnée de succès, le phénomène a favorisé sa prolifération rapide, au point qu’il est devenu un nuisible lui-même dans certains environnements, en raison de sa capacité d’adaptation et de reproduction.

Dans son habitat naturel, plusieurs animaux sont immunisés contre son venin, notamment des crocodiliens comme le caiman à museau large (Caiman latirostris), des serpents tels que le Leptodeira annulata, mais aussi diverses espèces de poissons, d’anguilles, ainsi que certains oiseaux comme l’ibis. À l’inverse, d’autres prédateurs comme le milan siffleur (Haliastur sphenurus), le rakali (Hydromys chrysogaster), le rat noir (Rattus rattus), ou encore le varan malais (Varaus salvator) peuvent le chasser en dehors de ces zones.

Ce crapaud supporte des températures comprises entre 10 °C et 42 °C, avec une tolérance particulière pour les extrêmes. Il peut survivre à des conditions où une perte d’eau équivalente à la moitié de son propre volume corporel survient, ce qui lui confère une remarquable capacité d’adaptation à des climats variés, y compris non tropicaux.

Malgré son nom scientifique Rhinella marina, il ne vit que sur la terre ferme. Toutefois, la ponte nécessite un habitat aquatique doux comme des mares, étangs ou fossés. La présence constante d’humidité est essentielle à son confort. On le retrouve fréquemment dans des zones aménagées par l’homme, telles que les jardins, chemins, fossés agricoles ou plantations, où il trouve des conditions favorables à sa survie.

Alimentation et comportement alimentaire

Ce crapaud privilégie surtout sa vue pour repérer ses proies, mais utilise également son odorat pour chasser. Son régime est exceptionnellement varié pour un amphibien : il se nourrit d’insectes, araignées, vers, escargots, mais aussi de petits reptiles, mammifères, et même d’autres amphibiens. À l’occasion, il a aussi été employé comme agent de lutte contre les rats dans certaines régions, avec des résultats comparables à ceux obtenus avec le charançon de la canne à sucre. Son alimentation peut inclure des plantes, notamment lorsqu’il vit près des zones habitées, où il peut se nourrir de déchets ou de nourriture pour animaux domestiques.

Les têtards draine principalement des algues et des végétaux aquatiques, tout en filtrant l’eau pour en retirer des matières organiques. Cependant, ils peuvent aussi adopter un comportement cannibale, en se nourrissant d’œufs ou de têtards plus jeunes, ce qui constitue une cause majeure de mortalité juvenile.

Le crapaud buffle : un amphibien toxique et dangereux

Seuls les adultes produisent une toxine parotoïde, mais même les têtards possèdent une certaine toxicité. Lorsqu’ils se sentent menacés, ils libèrent un liquide blanchâtre, connu sous le nom de bufotoxine, qu’ils peuvent projeter à une distance raisonnable. Cette sécrétion est puissante : elle peut tuer certains grands animaux, comme des crocodiles ou des varans.

Une composante de cette toxine a été détournée à des fins médicinales. En Australie, un dérivé de cette substance est utilisé dans un traitement contre certains cancers, notamment du foie, des poumons, du colon ou du pancréas. Les effets du venin ont montré qu’il pouvait cibler spécifiquement des cellules cancéreuses tout en préservant celles saines, contribuant ainsi à ralentir la progression de la maladie. En médecine chinoise, une substance à base de venin séché, appelée Huachansu, est employée comme adjuvant pour ralentir certains types de cancers.

Cycle de reproduction du crapaud buffle

Les femelles atteignent leur maturité vers l’âge de deux ans, lorsque leur croissance leur permet de produire des œufs. La reproduction débute généralement lorsque l’individu atteint une taille spécifique, variable selon la région. Elles déposent entre 8 000 et 25 000 œufs en longues bandes gélatineuses, pouvant mesurer jusqu’à 20 mètres.

Le développement des œufs dépend de la température : les têtards éclosent en une journée ou jusqu’à une semaine. Ils deviennent crapauds en une période allant de 12 à 60 jours. La croissance n’est toutefois pas terminée à ce stade puisque les jeunes mesurent alors à peine 1 cm. La transition du stade de têtard, toxique à la naissance, au stade adulte crée une fenêtre de vulnérabilité durant laquelle seuls une petite proportion d’individus survivent jusqu’à maturité, estimée à environ 0,5 %.

En captivité, avec des soins appropriés, le crapaud buffle peut vivre jusqu’à 35 ans, tandis que dans la nature, son espérance de vie tourne entre 10 et 15 ans.

Différencier le crapaud buffle d’autres espèces

Sur le continent australien, il peut être confondu avec de grandes grenouilles endémiques, mais celles-ci n’ont pas d’importantes glandes parotoïdes. De plus, il ne faut pas le confondre avec le Pyxicephalus adspersus, connu sous le nom de crapaud buffle africain, un amphibien de zones géographiques différentes mais dont le nom peut prêter à confusion.