Les amphibiens présentent un mode de vie très différent de celui des humains. Leur température corporelle n’est pas constante, car ils partagent avec les reptiles leur caractéristique d’êtres ectothermes, c’est-à-dire que leur température dépend de leur environnement. Cependant, une différence notable réside dans leur façon de s’hydrater : contrairement à d’autres animaux, ils ne consomment pas d’eau en la buvant. Leur mécanisme d’hydratation repose principalement sur leur peau.
La perméabilité de la peau de la grenouille à l’eau
Il est essentiel de noter que les grenouilles ne pratiquent pas d’acte de boire traditionnellement. Leur corps est hydraté par leur peau, qui a la capacité d’absorber l’humidité de l’atmosphère. Leur épiderme est dépourvu de poils et recouvert d’une couche de mucus visqueux sécrété par des glandes cutanées. La façon dont elles se comportent pour s’hydrater dépend principalement du climat dans lequel elles évoluent.
Par exemple, certaines grenouilles vivant dans des régions désertiques, comme le désert de Namibie, ont développé une tolérance aux températures extrêmes et à la sécheresse. Elles adoptent alors des stratégies telles que s’enfouir profondément dans le sol pour capter l’humidité présente dans le sable ou profiter des périodes de pluie ou d’humidité venant de la mer pour sortir de leur cachette.
De nombreuses espèces absorbent l’eau en contact avec leur peau autour de la région pelvienne via un phénomène naturel appelé capillarité. Toutefois, cette perméabilité leur cause aussi une vulnérabilité : leur peau laisse passer non seulement l’eau, mais aussi des substances toxiques présentes dans leur environnement. Ces toxines peuvent pénétrer dans leur circulation sanguine, ce qui a contribué à expliquer la récente augmentation du taux de mortalité chez ces animaux.
Pour limiter la perte d’eau, certains frogs arboricoles ont mis en place diverses stratégies. Certaines possèdent une couche cutanée imperméable, d’autres préfèrent être actives la nuit lorsque l’humidité est plus présente, ou encore adoptent des postures pour minimiser l’exposition de leur peau à l’air, comme replier leurs membres ou coller leur menton au sol. Par ailleurs, il arrive qu’elles se rassemblent en groupe pour réduire leur surface exposée à l’environnement extérieur.
Les secrets du mucus de la grenouille
Les recherches ont révélé que le mucus de ces animaux contient des peptides ayant un rôle immunologique. La composition de ces peptides varie en fonction des conditions d’habitat. Par exemple, la mucus de Hydrophylax bahuvistara, une grenouille indienne de la taille d’une balle de tennis, renferme 32 peptides, dont certains pourraient avoir une activité contre la grippe. Parmi ces peptides, seul l’un est inoffensif pour l’homme, les autres étant toxiques. nommé urumine, ce peptide cible une protéine spécifique à la surface du virus de la grippe, ce qui empêche le virus de infecter les cellules. Des expérimentations menées sur des souris en 2017 ont montré des résultats prometteurs, mais il reste encore beaucoup de travail pour assurer leur application sûre chez l’humain.
La peau perméable à l’oxygène chez la grenouille
Outre l’eau, la peau perméable des grenouilles facilite aussi leur respiration. Leur système respiratoire combine leur capacité à absorber l’oxygène dissous dans l’eau grâce à des vaisseaux sanguins situés à la surface de leur peau, ainsi qu’à utiliser des poumons quand elles sont hors de l’eau. Ces poumons ressemblent à ceux des humains, mais ils ne sont pas reliés par des côtes ou un diaphragme : la respiration s’effectue par la gorge, où l’air est inhalé par les narines.
La régénération de leur peau est un processus régulier essentiel à leur survie, leur permettant d’éliminer les cellules mortes. La mue peut durer plusieurs heures, durant lesquelles la vieille peau se détache en lambeaux. La fréquence de ce processus varie selon les espèces, allant de plusieurs fois par semaine à une fois par jour.
Comme leur peau doit rester humide en permanence, il est conseillé de les manipuler avec des mains propres et humides. Toute substance ou parfum, comme un produit anti-moustiques, appliqué sur la peau peut être absorbée et rendre la grenouille malade, voire causer sa mort. Néanmoins, en général, ces animaux ne représentent pas une menace directe pour l’homme, même s’ils secrètent du venin : celui-ci est généralement inoffensif sauf s’il pénètre dans une muqueuse.
La période d’hibernation : un jeûne pour la grenouille
Lorsqu’elle hiberne, une grenouille réduit considérablement ses fonctions vitales pour économiser son énergie. Dans les climats très froids, beaucoup choisissent de hiberner sous l’eau, qui constitue un environnement moins rigoureux que l’air. Ces grenouilles, comme la verte, celles du Nord ou des marais, peuvent survivre à des températures proches de zéro tant que l’eau ne gèle pas. La présence d’oxygène dans l’eau est également un facteur positif, notamment lorsqu’elle est en mouvement, car elle permet à la grenouille de respirer sans sortir de son refuge.
Chez certaines espèces, le gel peut être toléré. À partir de -5°C, de minuscules cristaux de glace se forment dans leur corps, cristallisant jusqu’à 40 % de leur eau interne. Ce phénomène entraîne l’arrêt total de leur respiration et de leur circulation sanguine, leur cœur étant également à l’arrêt. Lorsque la température remonte au printemps, la glace fond et la grenouille reprend ses activités normales.