Grenouille violette de Bhupathy (Nasikabatrachus bhupathi)

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Enfouie sous la surface terrestre, cette grenouille aurait pu rester inconnue ou être facilement confondue avec sa cousine Nasikabatrachus sahyadrensis, qui possède une teinte mauve plus prononcée. Ces deux espèces sont les seules représentantes de la famille des Nasikabatrachidae. C’est grâce à un financement du gouvernement indien qu’une équipe scientifique a pu analyser l’ADN de toutes les espèces de grenouilles et de crapauds présentes en Inde, permettant ainsi à la grenouille violette de Bhupathy d’être reconnue comme une espèce distincte.

Localisation et mode de vie de la grenouille violette de Bhupathy

C’est dans la chaîne de montagnes des Ghats occidentaux, en Inde, que les chercheurs ont identifié cette grenouille unique par sa silhouette particulière, parfaitement adaptée à son habitat. Son nom lui rend hommage au biologiste Dr Subramaniam Bhuapthy, qui a perdu la vie dans ces montagnes en 2013.

Contrairement à ses proches, cette espèce d’anoure, dotée d’un dos violet et d’un ventre blanc tacheté, passe la majorité de son existence enterrée dans le sol, n’émergent que pour se reproduire. Les larves présentent elles aussi des traits distincts. Pendant la mousson, elles quittent leur terrier pour rejoindre le mâle et donner naissance à leur progéniture. Leur alimentation se compose principalement de termites et de fourmis souterraines.

Les résultats des analyses génétiques réalisées après la découverte de Nasikabatrachus sahyadrensis par S. D. Biju et Franky Bossuyt révèlent une parenté avec des populations des Seychelles. Malgré leurs différences physiques et comportementales, l’ADN confirme un lien de filiation. La famille Nasikabatrachidae ou ses ancêtres témoigne d’une dérive géologique lors de la séparation des continents.

Les chants des grenouilles

Le cri du mâle

En 2014, lors de la mousson, des scientifiques ont observé pour la première fois des mâles appartenant à cette famille. Pour attirer une femelle, ces mâles produisent un chant spécifique. Quand la femelle répond, ils s’accouplent dans un cours d’eau, où elle dépose ses œufs. La vocalisation diffère entre les deux espèces de Nasikabatrachus : la grenouille de Bhupathy chante entre 25 et 27 notes par minute, avec des plages de durée de 0,28 à 0,46 seconde et une fréquence de 1,2 à 1,8 kHz. En comparaison, Nasikabatrachus sahyadrensis émet de 21 à 24 notes par minute, avec des notes plus courtes, allant de 0,21 à 0,41 seconde, et une fréquence maximale d’environ 1,4 kHz.

Les recherches n’ont pas encore permis de confirmer le mode précis d’accouplement de la grenouille violette. Seules l’observation du chant mâle, la présence d’œufs et de têtards ont été documentées jusqu’à présent.

Le saviez-vous ?

Les amphibiens, comprenant grenouilles et crapauds, occupent presque tous les écosystèmes de la planète.

Les particularités du têtard de Nasikabatractus

Après l’accouplement, la femelle pond ses œufs dans des eaux de ruissellement liées à la mousson. Les œufs éclosent généralement un ou deux jours plus tard. Contrairement à de nombreuses espèces, leurs larves s’attachent aux rochers grâce à un disque buccal suceur placé sous leur bouche, dotée de petites dents. Elles se nourrissent principalement d’algues pendant environ deux mois, avant de s’enfouir à leur tour sous terre. Leur croissance est plus rapide que celle d’autres grenouilles, la maturation complète prenant généralement moins de deux mois, contre environ quatre mois pour certaines espèces.

Caractéristiques morphologiques de la grenouille violette de Bhupathy

Cet amphibien possède une silhouette très singulière. Son nez effilé lui a valu le surnom de “grenouille à nez de porc”. Son corps trapu, ses petits yeux et sa peau d’un violet brillant donnent un aspect différent de la majorité des batraciens. Son ventre, presque blanc, contraste avec le dos violet. Les pattes avant courtes facilitent son creusage dans la terre pour l’enfouissement, tandis que ses pattes arrière palmées semblent conçues pour repousser la terre. Sa langue longue et plissée est parfaitement adaptée à l’absorption de ses proies favorites, à savoir des fourmis et des termites vivant sous la surface. Comparée à Nasikabatrachus sahyadrensis, qui est plus ronde et possède une tête conique, la grenouille de Bhupathy présente une morphologie plus élancée et un nez pointu.

Le saviez-vous ?

Les anoures ont colonisé notre planète bien avant l’ère des dinosaures.

Pour confirmer qu’il s’agissait d’une nouvelle espèce, les chercheurs ont combiné l’étude morphologique, l’analyse moléculaire, la phylogénie et la modélisation acoustique. La préservation de cet amphibien, dont l’habitat se situe dans la chaîne montagneuse de Watrap, nécessite de restaurer l’écosystème de l’un des trois cours d’eau où il a été repéré. La pollution et les nuisances causées par l’activité humaine menacent son environnement.

Découverte d’autres anoures remarquables

Plus de 7 000 espèces d’amphibiens sont recensées dans le monde. Au fil des millénaires, elles ont développé des stratégies d’adaptation sophistiquées pour survivre face à leurs prédateurs et s’intégrer dans divers milieux. Voici quelques exemples d’espèces étonnantes à découvrir.

(Breviceps macrops) la grenouille du désert

Le crapaud accoucheur, le père attentionné

Contrairement aux autres grenouilles, cet amphibien se reproduit principalement sur terre. Après l’accouplement, il transporte les œufs sur son dos et ses pattes arrière. Lorsqu’ils approchent de l’éclosion, environ un mois après la ponte, il dépose les œufs dans un point d’eau pour leur permettre de se développer complètement. Présente dans plusieurs pays européens, comme la France, l’Espagne, le Portugal, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, l’Allemagne et la Suisse, cette espèce terricole et fouisseuse chasse ses proies principalement à la tombée de la nuit ou à la nuit tombée. Son terrier peut s’étendre jusqu’à 10 mètres de profondeur.

La rainette singe et sa couleur vive

Sa peau d’un vert brillant se confond avec le feuillage de la canopée où elle vit. Adaptée à la vie arboricole, ses doigts équipés de disques adhésifs lui permettent de se suspendre aux branches dans la forêt amazonienne de la Guyane, du Suriname, du bassin de l’Amazone, ainsi que dans certaines zones de Colombie, du Pérou, de Bolivie et du Brésil. Elle construit un nid en forme de cornet, sur lequel elle dépose ses œufs, souvent au-dessus d’un plan d’eau. Sa sécrétion cireuse lui sert à maintenir sa peau hydratée et à se protéger des prédateurs, en rendant sa peau toxique.

Bien que la majorité des grenouilles et crapauds tropicalisés forment la majorité des populations, une grande partie de leur espèce se retrouve répartie dans le monde entier, à l’exception de l’Antarctique. Leurs évolutions ont permis leur adaptation dans divers habitats, perdurant ainsi depuis des millions d’années. La récente découverte de Nasikabatrachus Bhupathy illustre la richesse encore cachée de la biodiversité amphibienne.

Crédit photo : Karthickbala