De têtard à grenouille : processus de transformation et curiosités

Accueil » Les animaux sauvages » Amphibiens » De têtard à grenouille : processus de transformation et curiosités

La transformation du têtard en grenouille est un cycle dont la durée peut varier considérablement, principalement pour assurer la survie de chaque espèce. Ces amphibiens adaptent leur développement pour optimiser leurs chances de rester en vie. Aujourd’hui, de nombreuses espèces sont protégées en France suite à une réglementation datant du 19 novembre 2007. Voici un aperçu des phases importantes de leur croissance, depuis l’état larvaire jusqu’à leur sortie du milieu aquatique pour coasser lors de la saison des amours, près des mares.

Présentation des amphibiens

La classe regroupant ces animaux, aussi appelés batraciens, comporte plusieurs milliers d’espèces, dont environ 6 500 ont été recensées. Ces créatures se divisent en trois grands groupes :

Les anoures (comme le crapaud, la grenouille et la rainette), les cécilies — aussi nommées gymnophiones ou apodes — qui ont une apparence filiforme, et enfin les urodèles (tels que la salamandre et le triton).

La majorité de ces batraciens vivent d’abord en eaux pendant leur phase larvaire, puis migrent vers la terre à l’âge adulte. Certains, notamment les cécilies et urodèles, passent beaucoup de temps en milieu aquatique, où ils conservent leur queue, contrairement aux anoures qui, à l’état adulte, ne possèdent généralement pas cette caractéristique.

Contrairement à une idée reçue, la grenouille n’est pas la femelle du crapaud. Bien qu’étant des membres du même groupe, ces deux espèces diffèrent nettement par leur aspect physique, leur habitat, et leur manière de déposer leurs œufs. Cependant, leur mode de reproduction est souvent similaire dans la majorité des cas.

Au printemps : la période de reproduction des « anoures »

Lors de l’arrivée du printemps et lorsque les températures dépassent une certaine limite, les anoures ont tendance à se rassembler dans des zones où ils procéderont à la ponte. En cette saison de reproduction, les mâles gonflent leur sac gulaire, une sorte de caisse de résonance souple, pour produire des coassements qui attirent les femelles venant de loin grâce à leur chant.

Une femelle peut produire jusqu’à 20 000 œufs, d’un diamètre pouvant aller jusqu’à 5 millimètres. La plupart des grenouilles pondent leurs œufs dans le milieu extérieur, où ils sont fécondés par les mâles, un processus appelé ovuliparité. La fécondation peut prendre entre 2 et 21 jours selon les conditions météorologiques, permettant ainsi aux femelles de choisir le moment le plus favorable pour déposer leurs œufs.

Les différentes phases du développement de la grenouille

Le temps nécessaire à la métamorphose du têtard en grenouille dépend de plusieurs facteurs environnementaux, tels que la température et la disponibilité alimentaire. Au cours des premières semaines, ils sont particulièrement exposés à la prédation, notamment par des poissons ou d’autres prédateurs aquatiques.

Voici le déroulement typique de cette transformation :

Initialement, l’œuf fécondé, entouré d’une gangue gélatineuse qui gonfle au contact de l’eau, ressemble à une petite groseille de 3 mm de diamètre, avec un point noir central qui évolue en une virgule en mouvement : il s’agit du têtard à l’intérieur de l’œuf.

Quelques jours après la ponte, l’éclosion a lieu : la larve, encore dépourvue de bouche et munie d’un bec corné, ainsi que de branchies non visibles, commence à respirer à travers sa peau. Elle possède encore ses réserves nutritives initiales et s’accroche à une pierre ou à une plante aquatique via une ventouse. Rapidement, elle commence à se déplacer grâce à sa queue.

En très peu de temps, ses branchies, son opercule, son anus et sa bouche se développent. Une semaine après l’éclosion, un spiracle apparaît et les branchies externes sont remplacées par des branchies internes, permettant une respiration principalement aquatique.

Pendant environ deux mois, la croissance du têtard se poursuit. Son bec lui sert initialement à gratter la nourriture composée d’escargots morts, d’autres larves ou de matières en décomposition. Après cette période, il devient omnivore.

À 80 jours, il développe ses premières pattes arrière, puis, vers 95 jours, ses pattes avant émergent, la gauche sortant du spiracle et la droite du niveau de l’opercule suite à une autolyse naturelle. La queue finit par disparaître, ses poumons deviennent fonctionnels, et ses branchies se résorbent.

En l’espace de quatre mois, le petit ayant désormais la forme d’une grenouille peut quitter l’eau pour se percher sur de gros cailloux, sautant de pierre en pierre avec aisance.

La vulnérabilité du têtard

La taille et la morphologie du têtard le rendent particulièrement fragile. Composé principalement d’une tête volumineuse et d’une queue natatoire, il se déplace dans l’eau en se servant de cette dernière. En l’absence de pattes, il respire par ses branchies, qu’elles soient internes ou externes. À ce stade, il est exposé à de nombreux dangers :

  • La pollution, notamment par des nitrates très toxiques,
  • La sécheresse de son environnement immédiat,
  • La prédation par des poissons et autres prédateurs aquatiques.

Son alimentation se compose principalement de protozoaires, d’algues en suspension et de bactéries. Il arrive parfois que des têtards se consomment entre eux, ce qui peut renforcer leur vulnérabilité.

Une grenouille ovovivipare en Indonésie

La nature continue de révéler des phénomènes étonnants ! Sur l’île de Bornéo, dans la forêt tropicale de Sulawesi, une espèce particulière de grenouille, Limnonectes larvaepartus, a été identifiée par le zoologiste Djoko Iskandar. Ce qui la distingue, c’est qu’au lieu de pondre des œufs, cette grenouille donne naissance à des têtards déjà développés. La métamorphose larvaire se serait ainsi produite à l’intérieur du corps de la femelle.

La manière dont la fécondation a lieu chez cette espèce reste partiellement mystérieuse. Il semble cependant que cette grenouille ovovivipare éclos dans le ventre de la mère, ce qui pourrait être une adaptation aux conditions climatiques particulières dans lesquelles elle vit. Ce mode de reproduction témoigne de l’évolution du processus pour assurer la pérennité de ses descendants.

La croissance adaptative du têtard

Afin de survivre face à diverses conditions difficiles, le têtard possède la capacité d’accélérer sa métamorphose pour quitter rapidement l’eau. Cela lui permet d’échapper à des environnements hostiles, comme un milieu asséché ou très pollué.

Des études montrent que certains têtards ajustent leur développement pour s’adapter aux risques environnementaux, ce qui contribue à la pérennité de leur espèce. Par ailleurs, dans certains cas, les œufs ne sont pas déposés directement dans une mare, mais sous les feuilles de végétation en surplomb. Une fois éclos, les larves tombent dans l’eau pour poursuivre leur croissance.

Tous les batraciens jouent un rôle crucial dans leur environnement. Cependant, malheureusement, 20 % des espèces de ces amphibiens sont aujourd’hui menacées d’extinction en France. C’est pour cette raison qu’un arrêté datant du 19 novembre 2007 a été instauré pour mieux les protéger et préserver leur diversité.