Qui n’a jamais entendu l’expression « ce n’est pas la petite bête qui va manger la grosse ! » ? Les personnes ayant une peur intense et incontrôlable des araignées savent bien que leur réaction dépasse souvent tout raisonnable, même face à des animaux inoffensifs. La simple vue d’une araignée peut leur faire perdre tout contrôle de la situation, entraînant un trouble qui peut considérablement affecter leur qualité de vie.
Qu’est-ce que l’arachnophobie ?
L’arachnophobie désigne une peur irrationnelle et excessive des araignées, qui constitue la phobie la plus courante parmi les différentes « zoophobies ». Cette réaction de crainte, instinctive pour nous protéger face à un danger, devient problématique lorsque ce réflexe devient démesuré ou déployé de manière inappropriée. Selon Sigmund Freud, psychiatre autrichien de renom, la peur des animaux est une anxiété que l’on retrouve fréquemment chez les enfants, mais elle devient pathologique lorsqu’elle persiste à l’âge adulte sans motif réel. Lorsqu’elle empêche une personne de fonctionner normalement, en l’envahissant de pensées ou en influençant ses comportements, l’arachnophobie devient une véritable affection névrotique.
Faut-il craindre les araignées ?
Souvent, l’arachnophobie donne lieu à une peur irrationnelle de créatures qui, la plupart du temps, ne présentent aucun danger. Sur les 35 000 variétés d’araignées recensées mondialement, seule une centaine est véritablement dangereuse pour l’homme, la majorité vivant dans les zones tropicales. En France, parmi les 1 600 espèces, moins d’une dizaine peut mordre, et seulement un petit nombre est potentiellement nuisible. La malmignatte, ou veuve noire méditerranéenne, est souvent citée dans ces cas : présente principalement dans le Midi et en Corse, elle mord généralement en situation de menace et ses morsures peuvent entraîner des douleurs abdominales, des spasmes musculaires, une transpiration excessive ou des sensations de fourmillement dans la zone affectée.
Quels sont les origines de l’arachnophobie ?
Plusieurs hypothèses tentent d’expliquer l’émergence de cette phobie. Parmi celles-ci, on retrouve notamment :
- Une trace de la peur héritée de nos ancêtres, qui étaient réellement confrontés à des risques de morsures et de venins. Dans cette optique, l’arachnophobie serait une peur naturelle, semblable à celles du noir, des serpents ou du vide, qui aurait été essentielle pour la survie dans un environnement autrefois hostile ;
- Une représentation négative véhiculée par les médias, la télévision ou le cinéma, qui dépeignent souvent les arachnides comme des créatures grosses et menaçantes. Des films d’horreur comme *Tarantula*, *Arachnophobie*, ou des oeuvres plus anciennes comme *Le Seigneur des anneaux* ont contribué à alimenter cette image agressive ;
- Une expérience traumatisante avec une araignée, telle qu’une morsure douloureuse ou une réaction allergique, pouvant marquer durablement la personne ;
- Des croyances anciennes selon lesquelles ces animaux seraient vecteurs de maladies. Par exemple, à l’époque médiévale, la tarentule était accusée de provoquer le tarentisme, une maladie provoquant un état de sopor et considérée comme mortelle. La thérapie consistait alors à danser la tarentelle pour guérir.
Quels sont les signes de l’arachnophobie ?
Chez certains individus, la peur des araignées se manifeste par une réaction d’une intensité démesurée, difficile à maîtriser. Même la simple vision d’une image, d’une photographie ou d’un film montrant un arachnide peut suffire à déclencher une crise sévère. Cette peur peut évoluer en troubles anxieux ou en crises de panique, avec divers symptômes courants comme :
- Des hurlements, des pleurs ou des mouvements nerveux ;
- Une accélération du rythme cardiaque, des sueurs froides, des douleurs poitrine ou des maux de tête ;
- Des difficultés à respirer, des sensations de vertige ou même une perte de connaissance ;
- Une paralysie soudaine ou, au contraire, une fuite précipitée ;
- Une anxiété anticipatoire, où la personne craint que l’araignée n’apparaisse à tout moment, ce qui la pousse à inspecter constamment son environnement ;
- Un comportement d’évitement, qui implique de modifier ses déplacements, de refuser certains lieux ou activités par peur de croiser un spécimen ;
- Une dépression ou un trouble anxieux chronique pouvant survenir suite à ces épisodes.
Comment traiter l’arachnophobie ?
Lorsque la peur devient trop envahissante, impactant la vie quotidienne, sociale ou professionnelle, il devient nécessaire d’envisager un traitement approprié. Plusieurs approches ont fait leurs preuves pour atténuer ces troubles :
- Une démarche de confrontation graduelle, que la personne peut initier seule en visionnant des images, des vidéos ou en se renseignant sur l’animal, progression adaptée à chaque rythme ;
- Un accompagnement par un professionnel, notamment un psychothérapeute. Les thérapies cognitivo-comportementales sont particulièrement efficaces pour aider à dompter cette peur. Elles incluent notamment :
- La désensibilisation, qui consiste à s’exposer petit à petit à l’araignée, en commençant par des représentations mentales pour maîtriser la réaction ;
- L’exposition dans la réalité, que ce soit avec une araignée vivante ou via la réalité virtuelle ;
- La narration du souvenir traumatique, permettant d’exprimer la douleur, de réduire le poids émotionnel et d’apaiser l’appréhension ;
- Des techniques de relaxation, visant à contrôler la respiration et à détendre les muscles contractés par la peur ;
- Les méthodes douces comme l’hypnose ou la sophrologie peuvent aussi contribuer à diminuer le stress anticipatoire ou la peur. Ces pratiques, souvent en complément d’un suivi psychothérapeutique, peuvent offrir un apaisement supplémentaire, surtout dans les cas de phobie sévère.