Le pholque phalangide, aussi connu sous le nom de Pholcus phalangioide, est probablement l’espèce d’araignée la plus courante que l’on trouve dans nos intérieurs. Installée dans un coin du plafond, souvent en tissant une toile délicate, cette araignée attend patiemment que ses proies se piquent dans sa piège. Son venin est suffisamment puissant pour éliminer ses victimes, mais elle ne constitue aucune menace pour les humains. Il s’agit d’un colocataire discret et inoffensif.
Les longues pattes du pholque phalangide
Issu de la famille des Pholcidés et classé parmi les Aranés, le pholque phalangide se distingue principalement par ses longues membres fins. Recouvertes de soies fines, ces pattes peuvent mesurer jusqu’à cinq ou six fois la longueur du corps. La plus grande espèce de sa famille, Pholcus phalangioide, peut atteindre environ 10 cm de longueur, la femelle étant un peu plus arrondie que le mâle. Une différence notable réside aussi dans la présence de pédipalpes chez le mâle, ces appendices utilisés pour la préhension situés derrière ses chélicères, alors que la femelle n’en possède pas. Lorsqu’elle porte ses œufs, elle les garde attachés sous son abdomen.
La vision du pholque phalangide : huit yeux
Le corps de cette araignée est de teinte grisâtre, segmenté en deux parties principales : le prosoma à l’avant, surmonté d’une tache aux contours flous, et l’opisthosoma à l’arrière, arborant des taches sombres légèrement floues. En anglais, on l’appelle souvent skull spider en raison de la forme évoquant un crâne humain. Elle se reconnaît également grâce à ses huit yeux, disposés en deux groupes de trois latéraux et une paire centrale.
Le cycle de mue du pholque phalangide
Étant un arthropode, cette araignée possède un exosquelette que l’on doit renouveler à travers une série de mues. Lorsqu’elle grandit, elle sécrète des enzymes qui délamentent son ancienne enveloppe, créant une fissure dorsale permettant à la vieille cuticule, appelée exuvie, de se détacher. Le nouveau squelette durcit ensuite pour lui permettre de poursuivre sa croissance.
Le pholque phalangide dans nos habitats
Originaire des régions subtropicales de l’ancien Monde, cette araignée est aujourd’hui présente sur tous les continents sauf en Antarctique. Preférant les climats tempérés, elle se plaît surtout dans les intérieurs chauds, notamment dans les caves, greniers ou autres endroits sombres où elle tisse une toile souvent horizontale et maladroite, suspendue tête en bas. En période de températures douces, elle peut aussi vivre à l’extérieur, dans les cavités d’arbres ou parmi les rochers.
Inoffensive pour l’homme : le pholque phalangide
Ce prédateur d’insectes et de petits arthropodes se nourrit notamment de moustiques, guêpes, moucherons, ainsi que de crustacés terrestres comme les cloportes. La vibration de ses fils de soie lui indique la capture d’une proie. Lentement, elle se rapproche, puis se saisit de sa victime avec ses longues pattes, injectant un venin qui digère partiellement ses chairs grâce à des sucs liquéfiants. Elle peut consommer la proie immédiatement ou la garder pour plus tard. Malgré la présence de venin, cette araignée ne représente pas un danger pour l’homme : ses morsures sont rares, peu douloureuses, et ses crochets de petite taille rendent le poison difficile à injecter en quantité significative.
Le processus d’accouplement du pholque phalangide
En quête de reproduction, le mâle doit d’abord repérer une femelle grâce aux phéromones qu’elle dégage. Lorsqu’il la trouve, il doit faire preuve de prudence pour ne pas finir dévoré : il vibre la toile à une fréquence spécifique, afin de simuler une vibration d’insecte. Lorsqu’il parvient à s’approcher, il dépose sa semence dans la partie externe de l’appareil reproducteur de la femelle, l’épigyne, à l’aide de ses pédipalpes. Une fois cette étape accomplie, il quitte vite la scène, car le danger de se faire attaquer est réel. La fécondation terminée, l’incubation dure environ 3 semaines.
La vie des jeunes araignées : de l’œuf à l’autonomie
La femelle dépose entre 20 et 40 œufs de couleur rose pâle, enveloppés dans une substance collante, puis les recouvre avec des fils de soie. Elle transporte ses jeunes en les maintenant sous son corps, en utilisant ses chélicères. Privée de nourriture pendant l’éclosion, la mère préfère éviter de s’alimenter durant cette période. Après environ 9 jours, à leur sortie de l’œuf, les jeunes araignées, ou pré-nymphes, effectuent leur première mue près de leur mère. À ce stade, elles sont déjà morphologiquement complètes, mais doivent quitter le nid familial pour commencer leur propre vie.
Pholcule phalangide : un auxiliaire naturel contre les nuisibles
Ce prédateur vorace, capable de s’attaquer à d’autres araignées voire de pratiquer le cannibalisme, constitue aussi une proie pour des arachnides rapides dotés d’un champ de vision à 360° et de sauts puissants, comme les salticides. En chassant de nombreux arthropodes nuisibles, notamment les moustiques, il joue un rôle précieux dans la lutte biologique contre certains parasites. Cet arachnide, totalement inoffensif pour l’homme, est un élément essentiel de notre écosystème. Si sa présence vous dérange, il suffit de le déplacer dans un endroit dissimulé (cave, grenier) sous une boîte à couvercle. La durée de vie moyenne de cet arachnide est généralement d’un à deux ans, renforcée par la protection qu’il reçoit dans le cadre de nos habitations, en particulier dans les zones peu accessibles.