La thomise variable, souvent appelée araignée crabe, se distingue par deux traits spécifiques qui lui ont valu son nom. La première est sa façon de se déplacer, adoptant une démarche de côté qui évoque celle des crustacés. La seconde réside dans sa capacité à modifier sa teinte afin de mieux se camoufler, lui permettant ainsi de surprendre ses proies. Cette araignée, parfaitement dissimulée dans un environnement végétal, pratique une chasse en stationnaire, sans tisser de toile pour capturer ses victimes. Focus sur cette petite créature largement répandue à travers l’Europe.
Présentation de la thomise variable ou araignée crabe
Appartenant à la catégorie des aranéomorphes, la thomise variable (Misumena vatia) se caractérise par une disposition particulière de ses crochets, croisant au repos, contrairement aux mygalomorphes dont la partie basale des chélicères, ou mandibules, est orientée vers l’avant. Elle appartient à la famille des Thomisidés, facile à reconnaître grâce à son corps aplati et à ses pattes positionnées latéralement. En tant qu’arthropode, elle possède un corps divisé en deux segments principaux. Le premier, appelé prosome ou céphalothorax, comporte huit segments peuplés d’une pièce supplémentaire située à l’avant, l’acron. Le second, l’opisthosome ou abdomen, est formé de douze segments, surmontés d’un telson, un appendice terminal.
Comment identifier la thomise variable ?
La version mâle de cette petite araignée ne dépasse pas 5 mm et se démarque par sa finesse et sa silhouette élancée. Son abdomen, de teinte blanchâtre à jaune, affiche deux bandes sombres sur le dos. La zone tête-thorax est brune, accentuée par une ligne claire centrale. Ses pattes antérieures, beaucoup plus longues que les autres, présentent des rayures distinctives, tandis que les postérieures tirent sur les tons jaune ou blanc. La femelle, généralement plus imposante avec une taille oscillant entre 8 et 11 mm, possède un céphalothorax blanc ou jaune tranchant avec de larges bandes brun-jaune de chaque côté. Son abdomen peut arborer des teintes allant du blanc au jaune ou vert pâle, souvent décoré de rayures rouges.
Origine du nom « araignée crabe »
Ce nom provient de la silhouette et du comportement de cette famille d’araignées, regroupée sous la désignation de crabes en raison de leur forme et de leur démarche. Chez la thomise variable, les deux paires de pattes frontales sont nettement plus développées, lui conférant une attitude de côté, saccadée, qui rappelle le déplacement du crustacé. À noter qu’une autre créature, le crabe araignée (Hyas araneus), doit également son nom à ses longues pattes, mais cette fois-ci, celles-ci évoquent davantage celles des araignées terrestres.
Pourquoi est-elle surnommée « thomise variable » ?
Son adjectif « variable » vient de sa capacité à changer de coloration en fonction du support végétal sur lequel elle se trouve lorsqu’elle chasse. Grâce à une homochromie remarquable, la femelle adapte son teinte pour mieux se dissimuler aux yeux de ses proies. Sur une fleur jaune, ses pigments jaunes s’étalent sur son corps, tandis que sur un support blanc, ils migrent vers les couches cellulaires profondes. Ce processus de camouflage visuel demande généralement entre un et plusieurs jours pour que l’araignée adopte la couleur adaptée au substrat. Les mâles et les jeunes n’ont pas cette aptitude, contrairement à la femelle mature.
Habitat de la araignée crabe ou thomise variable
Présente sur presque tous les continents, sauf aux régions polaires, cette espèce est courante en Europe, incluant la France. Elle favorise les zones ouvertes telles que les bordures de forêts, les prairies, les terrains agricoles ou les jardins. Ne fabriquant pas de toile, elle préfère le mode de chasse à l’affût, se tenant immobile sur une fleur qu’elle a pigmentée de façon à ressembler à son environnement. Elle passe parfois plusieurs jours à attendre une proie, restant parfaitement immobile jusqu’à son approche.
Nourriture de l’araignée crabe
Ce prédateur se nourrit principalement d’insectes pollinisateurs. Son menu inclut une large variété d’insectes : mouches, abeilles, guêpes, papillons. Elle ne rechigne pas non plus face à d’autres insectes comme punaises ou sauterelles. Lorsqu’un insecte s’approche, la thomise le frappe rapidement avec ses pattes avant, lui injectant un venin qui liquéfie l’intérieur de sa victime. Elle peut alors la faire aspirer facilement, se nourrissant de ses fluides digestifs.
Mode de reproduction de la thomise variable
Les rencontres amoureuses débutent souvent en avril, quand les mâles parcourent les fleurs à la recherche d’une partenaire. Bien que cette araignée ne tisse pas de toile pour chasser, sa soie a un rôle essentiel pour la reproduction. Afin d’attirer les mâles, les femelles laissent derrière elles un fil de soie pour indiquer leur position. Lorsqu’un mâle la repère, il monte sur son céphalothorax pour effectuer l’accouplement, insérant ses organes reproducteurs. Les mâles, pour leur part, ont souvent une ou plusieurs pattes amputées, un phénomène pouvant résulter de combats ou de parades au moment de la reproduction, en raison de leur différence de taille avec les femelles.
Naissance des jeunes araignées crabe
Après fécondation, la femelle protège soigneusement sa ponte qui peut contenir entre 30 et 50 œufs, enfermés dans un sac de soie fixé à une plante. Environ deux semaines plus tard, les œufs éclosent, et les jeunes commencent par consommer leur sac d’œufs pour récupérer les nutriments essentiels. À la fin de l’automne, ces juvéniles mesurent environ 5 mm et hivernent souvent au sol. Au printemps suivant, après plusieurs mues, ils atteignent leur maturité, prêts à se reproduire. La durée de vie de ces araignées est généralement d’un an, pouvant aller jusqu’à deux dans certains milieux.