Tout savoir sur le mouton de Karakul : caractéristiques, exigences et astuces d’élevage

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Le mouton de Karakul est réputé pour sa magnifique toison appelée astrakan, caractérisée par sa texture soyeuse, noire et bouclée. Utilisée pour confectionner des manteaux de luxe et des chapkas, cette laine provient d’une race originaire des zones semi-désertiques d’Asie centrale, où les conditions climatiques extrêmes, la végétation pauvre et la rareté de l’eau imposent à l’animal de stocker ses réserves de graisse, notamment au niveau de sa queue. Cette race, parmi les plus anciennes au monde, fut autrefois protégée par les émirs d’Ouzbékistan.

Qui est le mouton de Karakul ?

Appartenant à la région d’Asie centrale, le mouton de Karakul tire son nom de la localité de Karakul en Ouzbékistan. Son nom scientifique, Ovis aries aries karakul, lui indique son affiliation à l’ordre des artiodactyles, à la famille des bovidés et à la sous-famille des caprinés. La taille moyenne de cette race est modérée : la brebis atteint environ 65 cm au garrot pour un poids oscillant entre 40 et 58 kg, tandis que le mâle mesure plutôt 70 cm pour un poids allant jusqu’à 80 kg. Sa longévité peut atteindre 20 ans.

Quelle est l’origine de la race karakul ?

Des vestiges archéologiques datés de 1400 av. J.-C. indiquent que la production de moutons Karakul remonte à des millénaires. La race s’est développée près du lac Noir (Kara Kul), près de Boukhara, une cité stratégique de la route de la soie, au cœur de l’Ouzbékistan. La toison noire, ondulée, brillante et uniformément bouclée, était très prisée. Les émirats de Boukhara tenaient un monopole sur cette laine précieuse, qu’ils exportaient vers l’Iran ou la Russie via la ville d’Astrakhan, au bord de la mer Caspienne. La toison étant surnommée « astrakan » (sans h), cette référence est restée dans la tradition. Lors du renversement de l’émir en 1920 par les Bolcheviks, celui-ci se réfugia en Afghanistan avec ses meilleurs troupeaux. Ce pays devint alors le principal producteur mondial de laine de karakul, surpassant l’Ouzbékistan.

Où trouve-t-on principalement les moutons de Karakul ?

La principale zone d’élevage de cette race demeure vieille de plusieurs siècles : Afghanistan, Ouzbékistan, Iran, Russie et Chine. La Namibie a aussi vu son développement grâce à l’introduction du karakul par les colons allemands au début du XXe siècle, où ils ont parfaitement adapté leur troupeau aux conditions arides. Ces moutons ont supplanté le mouton Namaqua Afrikaner traditionnellement élevé par le peuple Nama. La Namibie est devenue un acteur majeur dans la production mondiale de laine karakul. La race a été exportée vers une cinquantaine de pays, notamment aux États-Unis et en France, où elle s’adapte aux climats chauds et secs.

Quel est l’aspect du mouton de Karakul ?

Les moutons de Karakul sont caractérisés par une toison noire à la naissance, qui devient ensuite gris avec l’âge. Leur silhouette évoque un animal robuste, avec une ossature solide mais sans excès de poids. Leur corps est plutôt fin à l’avant, plus large et légèrement surélevé à l’arrière, avec des membres longs et fins. La tête allongée, qui s’élargit au niveau du front et rétrécit vers le museau, présente souvent des cornes rares chez les femelles mais plus fréquentes chez les mâles, dont le nez a une forme aquilienne prononcée. Les mâles développent généralement une bosse dorsale au fil du temps, et leur grosse queue en forme de S est une marque distinctive.

Pourquoi la queue du karakul est-elle si grasse ?

La queue de cette race, très large à la base et attachée assez haut, sert de réserve de graisse, stockée dans deux lobes séparés par un sillon médian. Ces réserves, pesant parfois jusqu’à 5 kg, permettent à l’animal de survivre dans des conditions extrêmes. La graisse ainsi accumulée est consommée localement sous forme de beurre ou utilisée comme aliment, appréciée pour son absence de goût de suint. La capacité de stocker cette graisse confère au mouton de Karakul une aptitude à supporter des températures allant de –30°C à +50°C, ainsi que des périodes prolongées de sécheresse, en plus de tolérer l’eau salée. Ces moutons, bien adaptés au climat sec de Boukhara, sont cependant vulnérables à l’humidité froide, qui peut provoquer des maladies.

Quelles sont les particularités de sa laine ?

La laine adulte perd rapidement de sa valeur commerciale par rapport à celle des jeunes agneaux. Après quelques semaines, leur toison devient plus épaisse, avec des mèches peu souples, larges, ondulées et longues : entre 16 et 20 cm chez la brebis, jusqu’à 28 cm chez le bélier. La zone de la tête, des oreilles et des extrémités reste couverte de poils courts. La couleur de la laine évolue avec l’âge : initialement très noire, elle devient grisâtre en vieillissant. Après la première tonte, des accents bruns ou gris commencent à apparaître, et au bout de deux ans, l’ensemble tendra à adopter un ton gris global, à l’exception des parties noires du visage, des oreilles et des pattes.

Pourquoi la laine des agneaux est-elle si précieuse ?

La toison noire, bouclée, brillante et douce, des jeunes agneaux de Karakul constitue un matériau précieux pour la haute couture. Elle est commercialisée sous le nom de fourniture astrakan. Pour préserver cette qualité exceptionnelle, les animaux doivent être abattus dans les premiers jours de vie, généralement dans les 2 ou 3 jours suivant leur naissance, car leur toison perd rapidement ses caractéristiques. La fabrication d’un seul vêtement demande plusieurs agneaux, ce qui génère un coût élevé. Une pratique particulièrement controversée consiste à sacrifier les fœtus de moutons en fin de gestation pour obtenir la fourrure dite Breitschwanz, issue de fœtus vivants en fin de dernière étape de gestation. Ces pratiques, dénoncées par des associations de protection animale, soulignent la complexité éthique de cette filière.

Comment élever efficacement les moutons de Karakul ?

Dotés d’un solide système immunitaire, ces moutons sont capables de s’adapter à des conditions climatiques extrêmes, notamment aux saisons chaudes et froides, même avec une alimentation pauvre. Cependant, il est essentiel de respecter leurs conditions de vie pour assurer leur bien-être. Voici nos recommandations pour une éleveure réussie :

Le logement

Habitués aux climats arides, ces moutons craignent particulièrement l’humidité froide. Pour assurer leur santé, il faut leur prévoir un abri qui leur ressemble, avec une bonne ventilation sans courant d’air, et une température intérieure d’au moins 6°C. La protection contre le vent et la pluie, ainsi que le maintien d’un sol sec en changeant régulièrement la litière, sont indispensables pour prévenir les maladies.

le terrain

En tant qu’animaux très sociaux, les moutons doivent évoluer en groupe, avec au moins un compagnon. Leur environnement doit offrir de grands espaces en rotation, pour environ 2000 m² pour deux moutons, afin de leur permettre de pâturer et de respecter leur comportement grégaire. La clôture doit être robuste pour éviter tout risque de fuite ou d’attaque par des prédateurs.

l’alimentation

La majorité de leur régime » est basée sur de l’herbe, complétée par du foin et éventuellement des suppléments en saison froide : céréales, oléagineux, sels minéraux. Leur accès à l’eau doit être permanent, avec une consommation pouvant atteindre 1 litre par jour pour les mâles.

La tonte

La coupe régulière de la laine, deux fois par an (printemps et automne), est essentielle pour éviter que la toison ne s’encrasse ou alourdisse l’animal. Une laine trop lourde – pouvant peser jusqu’à 5 kg sur un mâle – gêne leur confort et leur santé.

La reproduction

La maturité sexuelle est atteinte vers 6 à 8 mois. Cependant, il est conseillé d’attendre environ un an et demi avant de procéder à la reproduction. Une femelle en santé peut généralement lamber sans intervention après environ cinq mois de gestation.

Soins vétérinaires

Des visites régulières auprès d’un vétérinaire sont recommandées pour vacciner, vermifuger et surveiller le troupeau face aux maladies courantes comme la gale ou les parasites. La race étant généralement résistante, une attention particulière doit néanmoins être portée à chaque individu afin de prévenir toute complication.