Le furet, un animal domestique en quête de liberté dans la nature ?

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Lorsqu’un animal domestique retourne à l’état sauvage, cela constitue un phénomène connu sous le nom de marronnage. La nature regorge d’exemples où des animaux ayant été élevés par l’homme reprennent une vie indépendante en dehors de toute intervention humaine. Nous allons examiner en particulier la situation du furet, un petit mammifère domestiqué depuis plus de deux millénaires, pour comprendre s’il peut vivre dans la nature en tant qu’animal sauvage.

Qu’est-ce que le marronnage ?

Le passage d’un animal de compagnie à une vie en pleine nature peut résulter d’une action volontaire de l’humain ou d’un phénomène plus accidentel. Depuis des siècles, l’homme a relâché ou déplacé volontairement des créatures domestiques ou captives dans la nature pour diverses raisons, comme la chasse, l’exploitation de ressources ou simplement pour le plaisir esthétique ou récréatif. Parfois, l’animal lui-même peut déclencher le marronnage après s’être égaré ou avoir échappé à son enclos.

Le instinct inné de nombreux animaux leur permet souvent de survivre dans le milieu naturel, même s’ils ont été nourris et soignés par l’homme depuis leur plus jeune âge. On observe une certaine porosité entre populations d’animaux domestiques et leurs homologues sauvages, ces derniers montrant une capacité à se nourrir, se défendre, voire à s’intégrer à la nature. La difficulté de leur environnement joue un rôle majeur dans leur capacité à s’adapter. Il est généralement plus facile pour des espèces comme les chevaux, chèvres, porcs ou chats de faire la transition vers une existence sauvage. Les insectes, tels que les abeilles, ne font pas exception, avec des comportements qui diffèrent entre leurs formes domestiques et sauvages.

Cependant, cette capacité à devenir sauvage est limitée. Certaines espèces, comme le bœuf sauvage ou le chien, notamment la race du dingo, ont peu ou pas d’aptitudes à cette transition, restant principalement domestiques ou vivant peu en liberté dans la nature.

qui est le furet ?

Le furet (Mustela putorius furo) appartient à une sous-espèce du putois européen (Mustela putorius). Son ancêtre sauvage, le putois, est son parent proche. Très tôt domestiqué par l’homme, le furet constitue une race spécifique, employée comme compagnon domestique depuis plus de deux millénaires. Au Moyen Âge, il commence à être apprécié comme animal de compagnie. Son usage premier était la chasse aux rongeurs et autres petits animaux, notamment pour éliminer lapins et rats. Bien que leur capacités naturelles leur permettraient peut-être de survire dans la nature, leur véritable expérience de la vie sauvage montre le contraire.

Le furet peut-il vivre à l’état sauvage ?

Il est important de réfuter toute idée selon laquelle le furet pourrait s’épanouir dans la nature en tant qu’animal indépendant : la réponse est catégoriquement non. Au début du XXe siècle, face à une invasion massive de lapins introduits par l’homme dans des territoires comme la Nouvelle-Zélande, ces animaux ont été lâchés pour essayer de contrôler la surpopulation. En raison de leur expérience de la chasse, des furets ont été utilisés dans cette lutte, mais leur efficacité a été limitée, et ils n’ont pas réussi à établir des groupes autonomes ou à s’intégrer durablement dans leur environnement.

Des tentatives ont été faites pour croiser ces furets domestiques avec des putois sauvages afin de leur conférer de meilleures capacités d’adaptation. Les résultats furent inattendus : ces hybrides, plus aptes à chasser, s’en prirent également à la faune locale, notamment les oiseaux protégés, et leur population dépassa rapidement le million à l’époque. En Australie, face au fléau que représentait la prolifération des lapins, le pays n’a pas utilisé ces hybrides, mais la situation témoigne de la complexité de l’introduction d’animaux domestiques ou naturalisés dans des espaces où ils peuvent devenir invasifs. Par ailleurs, dans des régions comme la Suisse ou le Portugal, la possession de furets est réglementée, voire interdite, car ces pays considèrent que leur statut doit rester celui d’animaux sauvages ou exotiques, nécessitant une autorisation spéciale pour leur détention.

Un furet abandonné est un furet en danger

En 2016, la France comptait environ 2 800 furets en tant qu’animaux de compagnie. Bien que populaires, de nombreux propriétaires se laissent tenter par l’achat impulsif, négligeant que ces mammifères ont des besoins très spécifiques. Le furet n’est pas un animal discret ou facile à réduire à une enclosure, car il exige une attention constante. Son sommeil représente une grande partie de sa journée (15 à 20 heures), mais ses périodes d’éveil sont particulièrement intenses ; il a un besoin essentiel de liberté et d’interactions dans un environnement sécurisé, pour éviter la dépression ou des comportements problématiques.

Doté d’une énergie débordante, il recherche activement des espaces pour explorer, ce qui peut le mettre en danger, notamment s’il se glisse dans des recoins dangereux ou s’il mordie des matériaux fragiles ou toxiques. Les propriétaires doivent repenser entièrement leur habitat pour accueillir un furet, car une absence d’adaptation renforcerait le risque d’accidents ou de déceptions. Lorsqu’on décide d’adopter un tel animal, il faut considérer qu’il s’agit d’un engagement à long terme, car le laisser partir ou abandonner constitue une menace grave pour son bien-être. Si, pour différentes raisons, il devient impossible de continuer à le garder, il est impératif de confier le furet à une association spécialisée, afin de lui assurer une réinsertion dans un environnement sûr et adapté. L’abandon, dans ce contexte, pourrait entraîner la mort de l’animal.