Le porcelet : le bébé de la truie et du verrat

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Une truie est capable de concevoir tout au long de l’année, dès l’âge de six mois. Après la fécondation, sa gestation dure généralement entre 114 et 116 jours. Pendant cette période cruciale, ses besoins alimentaires augmentent considérablement, ce qui lui permet d’atteindre un gain de poids pouvant représenter jusqu’à 40 % de sa masse initiale avant la mise bas. En général, une portée comprend en moyenne une douzaine de porcelets. Explorons en détail ce qui se passe par la suite.

L’importance du colostrum

Le colostrum est un nutriment indispensable à la survie et au développement optimal des jeunes porcelets. Son rôle principal réside dans sa richesse en protéines, vitamines et minéraux, mais surtout dans sa capacité à transmettre des immunoglobulines de la mère aux petits. Ces anticorps leur permettent de renforcer leur système immunitaire dès les premiers jours de vie. La production de colostrum ne dure généralement qu’une journée après la naissance. Passé ce délai, la mère commence à produire un lait de transition, puis un lait plus gras et riche en lactose.

En moyenne, un porcelet à la naissance pèse environ 1,4 kg. Parmi eux, une dizaine de pour cent naissent avec un poids inférieur à 1 kg, tandis qu’environ un tiers dépasse 1,6 kg.

Les élevages modernes privilégient la reproduction à grande échelle, ce qui augmente le nombre de porcelets nés par mère. Cependant, cela peut entraîner un léger déficit de poids au moment de la naissance et une certaine diversité dans la taille des petits. Un porcelet plus léger tend à consommer moins de colostrum, ce qui peut augmenter ses risques de mortalité avant le sevrage. Lorsqu’une portée dépasse 19 porcelets, la mortalité peut atteindre plus de la moitié. Par ailleurs, un écart de 100 grammes de poids à la naissance peut se traduire par une différence de 1 kg à l’abattage.

Comment s’alimentent les porcelets durant leurs premières semaines ?

Un porcelet de 1,4 kg à la naissance doit recevoir environ 250 grammes de colostrum pour assurer sa croissance. En dessous de cette quantité, il risque de perdre du poids. La quantité de colostrum produite par la truie peut varier selon plusieurs facteurs. L’hormone principale à l’origine de cette production, l’ocytocine, joue un rôle clé dans la sécrétion du premier lait.

Les éleveurs doivent surveiller attentivement la qualité du colostrum ainsi que la santé des jeunes porcelets dès la naissance. Peser chaque pigée permet d’ajuster leur alimentation et d’optimiser leur croissance. Certains adoptent en fin de gestation une supplémentation en micronutriments pour stimuler le système immunitaire des truies et améliorer la qualité du lait maternel.

Les porcelets tètent toutes les heures, absorbant entre 20 et 30 grammes de lait à chaque session, ce qui équivaut à environ un litre par jour. La truie fournit généralement la quantité nécessaire pour sa progéniture. La phase de sevrage intervient vers 26 à 29 jours, quand un porcelet atteint un poids d’environ 8 kg.

Le logement des truies et de leurs petits

Le souci accru du bien-être animal a conduit la France à éliminer la castration à vif des porcelets, une pratique abandonnée fin 2021. Par ailleurs, les méthodes d’élevage évoluent, notamment en ce qui concerne les habitats des truies et de leurs portées. Depuis le milieu du XXe siècle, les cages de maternité, qui isolent la mère des porcelets, sont la configuration la plus répandue à l’échelle mondiale.
Cependant, selon l’EFSA (l’Autorité européenne de sécurité des aliments), ces cages présentent des effets négatifs sur le bien-être des truies. En 2018, la législation européenne a amorcé une réflexion pour mettre fin à leur usage d’ici 2027. À l’origine, ces cages avaient été conçues pour réduire le risque d’écrasement des porcelets et faciliter certaines interventions vétérinaires ou de conduite.

Avant la mise bas, la truie manifeste des comportements de nidification, tels que la recherche de matériel ou le fouillage du sol, sous l’effet de fluctuations hormonales (prolactine et ocytocine). En revanche, dans un système confiné, celle-ci ne peut pas satisfaire ces instincts, ce qui favorise la production accrue de cortisol, l’hormone du stress. Cela peut perturber la sécrétion d’ocytocine et nuire à la qualité du colostrum. La durée du travail peut aussi s’allonger, mettant en danger la santé des nouveau-nés. Malgré cela, même les plus faibles porcelets restent souvent proches de leur mère.

Les habitats non confiné offrent aux animaux un cadre plus en accord avec leurs besoins biologiques, favorisent leur mobilité et améliorent la proximité avec leur mère. Toutefois, ces systèmes présentent aussi un taux de mortalité plus élevé : environ 22 % de mortalité néonatale supplémentaire par rapport à des conditions semi-ouvertes ou libres. Après le sevrage, cette mortalité peut grimper de 14 %. Ainsi, les éleveurs doivent repenser leurs pratiques pour garantir une croissance équilibrée, surtout dans de grandes portées où la compétition pour les 14-15 tétines disponibles est féroce.

La manipulation des porcelets : un enjeu sensible

Lorsqu’il s’agit de manipuler un porcelet, par exemple pour le sevrage ou un traitement, la méthode n’est pas anodine. Leur petite taille initiale facilite leur saisie par une patte arrière, mais cette opération n’est pas sans risques.

À partir de trois semaines, un porcelet peut atteindre environ 6 kg. Le saisir par une patte arrière peut entraîner des blessures graves, telles qu’une déchirure de la cicatrice ombilicale ou une hernie. La suspension du porcelet peut aussi provoquer une tension excessive sur ses muscles abdominaux, risquant de fracturer la zone ombilicale ou d’endommager la hanche. Une manipulation correcte consiste à soutenir le petit en plaçant une main sous son poitrail ou son abdomen en évitant toute traction excessive.

Soulever un porcelet par l’oreille, bien que malavisé, reste une pratique malheureusement répandue. Cela cause des hématomes douloureux et n’est pas compatible avec le respect du bien-être animal. Il est essentiel que les éleveurs adoptent des méthodes de manipulation respectueuses pour préserver la santé et le confort des jeunes animaux.