Petite en taille, la chèvre Angora se distingue par sa rusticité et sa capacité à survivre dans des climats très chauds et arides. Elle est principalement appréciée pour la quantité considérable de fibre tissée qu’elle fournit. Sa toison immaculée se compose de longues bouclettes qui poussent de façon soutenue, et des efforts de sélection en France visent à obtenir une fibre de mohair d’une qualité exceptionnelle.
Origines de la chèvre Angora
Les premières traces historiques de cette chèvre remontent à environ 2000 ans avant notre ère, dans la région tibétaine. Au XIe siècle, la race apparaît en Anatolie, autour d’Ankara, anciennement appelée Angora, d’où son nom. Le terme « mohair » provient du mot arabe « mukháyyar », signifiant « la choisie », en référence à la qualité exceptionnelle de ses fils. Dès cette période, ses poils sont utilisés pour la fabrication de textiles de luxe, dont la renommée s’étend rapidement en Europe dès le XVIe siècle. Les Européens achètent d’abord des fibres et des étoffes, puis importent la race elle-même. En Angleterre comme en France, cette fibre rencontre un grand succès, et dans les années 1980, des programmes de sélection ont été lancés pour perfectionner la qualité de la toison.
Apparence de la chèvre Angora
Avec son pelage entièrement blanc, la chèvre tibétaine arbore une multitude de longs poils bouclés qui atteignent le bas des jambes, en recouvrant une majorité du corps, à l’exception de zones vitales telles que les yeux, le nez, la bouche, les oreilles et les sabots. Ses cornes, de teinte gris clair, présentent des formes variées selon le sexe : celles du mâle s’enroulent en spirale vers l’extérieur, tandis que celles de la femelle ont tendance à redescendre vers le bas à leur extrémité. De petite taille, cette chèvre ne dépasse pas 65 cm de long, avec un poids variant entre 30 et 60 kg selon le sexe.
Caractéristiques de la laine de la chèvre tibétaine
La race Angora est principalement sélectionnée pour sa fibre mohair, qui pousse rapidement — environ 2,5 cm chaque mois. Sa toison immaculée, formée de longues boucles, s’épaissit avec l’âge. Les jeunes sujets disposent d’un pelage plus fin et doux, tandis que les poils deviennent plus épais chez les adultes, surtout ceux des mâles. La texture du duvet de chevreau est particulièrement qualitative, correspondant à la meilleure qualité de fibre dans le troupeau.
Procédé de la tonte de la chèvre Angora
La première tonte intervient lorsque le caprin atteint environ 6 mois. À partir de ce moment, il sera tond jusqu’à une dizaine d’années, deux fois par an, généralement au printemps et à l’automne, en février et août. La croissance quotidienne des poils permet à la fibre d’atteindre 13 à 14 cm de longueur au moment de la coupe. La récolte annuelle moyenne s’élève à environ 5 kg de mohair brut.
Que devient la laine après la tonte ?
Après la tonte, les éleveurs procèdent à un nettoyage minutieux pour éliminer toutes les impuretés comme les débris végétaux ou la saleté. Les mèches trop courtes, inférieures à 5 cm, sont écartées puisqu’elles ne sont pas utilisables. Ensuite, elles passent par des étapes de cardage — pour démêler et uniformiser la fibre — puis de peignage pour préparer le mohair en rubans qui seront transformés en fils. Des industries spécialisées interviennent ensuite pour teindre, enrouler en pelotes ou façonner la fibre en fils. Ces fils seront ensuite tissés ou tricotés pour réaliser divers produits finis.
Utilisations de la laine de la chèvre Angora
La fibre mohair, réputée pour sa douceur, sa brillance et sa légèreté, possède également une excellente capacité isolante, résistant aussi bien au froid qu’à la chaleur. Une fois transformée, cette laine sert à confectionner des vêtements de luxe, des lainages ou des textiles pour la décoration. La finesse de la fibre, mesurée en microns, détermine l’usage précis qu’on peut en faire :
- Les fibres obtenues chez les jeunes caprins, fines et très douces, portent le nom de « super kid » (moins de 28 µ) et « kid mohair » (entre 28 et 32 µ). Elles sont idéales pour des produits doux portés directement sur la peau comme les pulls, écharpes ou chaussettes.
- Les fibres provenant de mâles adultes, ayant une finesse supérieure à 32 µ, sont généralement utilisées pour fabriquer des accessoires plus épaisses comme des plaids ou des couvertures.
- Le mohair plus grossier, ou « jarreux », est réservé aux textiles robustes tels que tapis ou chaussettes de randonnée résistantes.
Présence en France : existe-t-il des élevages ?
Les principaux pays producteurs de cette espèce restent la Turquie, l’Afrique du Sud, la Argentine et l’Australie. En France, l’histoire de cette chèvre remonte au Moyen-âge, où sa laine était tissée pour des tenues cérémonielles religieuses. La race a été peu à peu abandonnée en raison de la difficulté à l’adapter à notre climat, mais elle a été réintroduite dans les années 1980. Aujourd’hui, en France, les élevages restent modestes, généralement composés d’une centaine d’individus maximum, et la production annuelle plafonne à quelques tonnes jusqu’à la fin des années 80. Depuis lors, la filière s’est développée, et environ 15 tonnes de laine sont produites chaque année par une centaine d’éleveurs.
La sélection de la race Angora
Pour obtenir une fibre de haute qualité, la laine doit respecter certains critères, notamment l’absence de jarre, la finesse inférieure à 30 microns et une toison homogène. Cela implique un travail de sélection rigoureux visant à améliorer la génétique de l’espèce. En France, cette démarche est menée par des organismes comme Tendances et animaux, en collaboration avec des instituts de recherche, pour suivre les performances des animaux et garantir la qualité. La filière comporte également une certification appelée « Le mohair des fermes de France », qui assure l’origine et la conformité du produit aux standards de qualité, grâce à une charte stricte.