Lancer un centre équestre : étapes, compétences et formations essentielles

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Les amoureux des chevaux qui rêvent de vivre pleinement leur passion peuvent envisager d’établir un centre dédié à l’équitation. Mais quelles sont les démarches administratives, les qualifications requises et les compétences essentielles pour concrétiser un tel projet ? Est-il possible d’ouvrir un centre équestre sans posséder de diplôme ?

Voici toutes les informations nécessaires pour lancer ou reprendre une structure équestre avec succès.

Est-il obligatoire d’avoir un diplôme pour ouvrir un centre équestre ?

La réponse varie en fonction du type d’activité que vous souhaitez proposer. Si votre projet inclut l’enseignement, l’animation ou l’encadrement des cavaliers, il est indispensable de détenir au moins un diplôme d’État de Niveau IV. Ce certificat permet de superviser des animateurs spécialisés en disciplines équestres. Le minimum requis est généralement le BPJEPS (Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l’Éducation Populaire et du Sport) avec la spécialisation « activités équestres », qui remplace l’ancien BEES.

En revanche, si votre établissement se limite à un club de propriétaires sans offrir de formation ou d’encadrement, l’obligation de diplôme ne s’applique pas.

Quelle structure juridique choisir pour un centre équestre ?

Les activités liées aux équidés sont considérées comme relevant d’une filière agricole si elles concernent la préparation, l’entraînement ou l’exploitation de chevaux, poneys, ânes ou mulets en dehors du cadre du spectacle. Cela inclut la reproduction, l’élevage et la vente de reproducteurs, même si ces activités sont moins courantes dans un centre équestre.

Les activités asseptiques dans le cadre d’une activité agricole concernent l’élevage, la mise en pension, la reproduction ou l’entraînement de chevaux qui ont été élevés à cette fin. Si ces conditions ne sont pas remplies, l’activité sera classée comme commerciale.

Les activités commerciales regroupent par exemple :

  • La pension simple avec entretien courant (alimentation, nettoyage) ;
  • La location ou la vente de chevaux non dressés ou entraînés ;
  • La commercialisation d’équipements d’équitation (selles, vêtements…) ;
  • L’hébergement et la restauration pour cavaliers ;
  • Les activités équestres pour le spectacle.

Pour les revenus issus de l’activité, le régime fiscal micro-BA s’applique si le chiffre d’affaires annuel ne dépasse pas 85 800 euros, avec une imposition d’environ 13 % après déduction. Au-delà de ce seuil, le recours au régime réel est nécessaire.

Le statut juridique est généralement celui du fermage, semblable à celui des autres exploitants agricoles. La location de structures comme manèges ou carrières est soumise à une réglementation locale, modifiable chaque année par les autorités préfectorales.

Quelles compétences sont essentielles pour faire fonctionner un centre équestre ?

Les compétences équestres restent fondamentales pour assurer la qualité de l’encadrement. Toutefois, maîtriser le milieu équin ne suffit pas ; il est crucial d’avoir aussi des connaissances en droit, en marketing, en gestion administrative et en finance. La capacité à planifier l’activité, à organiser et à animer le centre est également essentielle.

Votre sens du relationnel et votre organisation jouent un rôle déterminant pour offrir une expérience agréable aux clients et fidéliser votre clientèle. La conformité des installations selon la réglementation en vigueur doit aussi faire partie de votre projet.

Parmi les compétences professionnelles attendues, on retrouve :

  • Une pédagogie adaptée et de la patience ;
  • De solides aptitudes managériales ;
  • Le goût de l’initiative ;
  • Une connaissance approfondie du cheval ou du poney ;
  • Une grande polyvalence ;
  • Une aptitude commerciale ;
  • De bonnes qualités relationnelles ;
  • Une maîtrise en gestion et comptabilité.

Créer ou gérer un centre équestre demande une disponibilité importante, des savoir-faire variés et une bonne condition physique.

Quelles réglementations encadrent l’exploitation d’un centre équestre ?

Plusieurs textes législatifs sont applicables pour assurer la sécurité et la conformité de votre établissement :

  • Les normes concernant les Établissements Recevant du Public (ERP).
  • Les règlements liés aux Établissements d’Activités Physiques et Sportives (EAPS).
  • Les obligations relatives à la détention d’équidés.

Les ERP et EAPS doivent respecter plusieurs règles, dont :

  • Vérifier leur honorabilité : pas d’antécédents judiciaires (casier judiciaire vierge) ;
  • Mettre en place un tableau d’organisation des secours avec les coordonnées à contacter en cas d’urgence ;
  • Disposer d’une trousse de premiers secours ;
  • Assurer une couverture en responsabilité civile pour tous les intervenants et pratiquants, avec affichage visible de l’attestation d’assurance ;
  • Afficher les mesures d’hygiène et de sécurité ;
  • Mettre en évidence les diplômes, qualifications et cartes professionnelles de tous les encadrants ;
  • Signaler tout accident grave au préfet.

Concernant la détention d’équidés, certaines règles doivent être observées :

  • Chaque animal doit être identifié par une puce électronique, détenir un passeport, et avoir un numéro d’enregistrement SIRE ;
  • Lorsqu’au moins trois équidés sont hébergés, il faut déclarer un vétérinaire sanitaire auprès des autorités ;
  • Un registre d’élevage doit être tenu, retraçant l’historique zootechnique et sanitaire de chaque animal, y compris les soins, les mouvements et interventions vétérinaires ;

Enfin, pour le transport des chevaux sur de longues distances, la réglementation impose la tenue d’un registre spécifique pour tout trajet de plus de 65 km.

Comment procéder pour formaliser la création d’un centre équestre ?

La mise en place d’un centre équestre implique plusieurs démarches administratives, chacune essentielle pour respecter la législation française :

  • Déclaration du lieu d’exploitation auprès du Système d’Information Équine (SIRE) via l’IFCE (Institut Français du Cheval et de l’Equitation) ;
  • Obligation de déclaration des équipements sportifs ouverts au public à la Direction Départementale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale ;
  • Déclaration des instructeurs ou éducateurs sportifs auprès des autorités départementales compétentes.

Après vérification des documents déposés, vous recevrez une carte professionnelle, renouvelable tous les cinq ans, sous condition de répondre à certains critères :

  • Diplômes, certificats ou qualifications équivalentes exigés pour l’obtention ;
  • Absence d’interdictions réglementaires ;
  • Vérification de votre honorabilité ;
  • Diagnostic médical attestant de votre aptitude à exercer.

Dans certains cas, il sera nécessaire d’obtenir une autorisation d’exploitation délivrée par le préfet régional, notamment si vous reprenez des terres agricoles, si vous ne disposez pas de diplômes agricoles ou si votre expérience professionnelle est insuffisante.

Le centre équestre : un investissement rentable ?

Le chiffre d’affaires moyen d’un centre équestre en France varie généralement entre 55 000 et 500 000 euros, en raison de nombreux facteurs comme la localisation, la concurrence, le nombre de chevaux et d’employés, ou encore la diversité des services proposés. La marge nette se situe souvent entre 5 et 20 % du chiffre d’affaires.

Pour maximiser votre rentabilité, il faut faire preuve d’ingéniosité et d’investissement. Organiser des activités variées telles que des concours, des stages ou des animations saisonnières contribue à augmenter le chiffre d’affaires. Extensifier les horaires d’ouverture pour accueillir des cavaliers adultes en soirée ou en week-end est aussi une stratégie efficace. Les stages durant les périodes creuses, comme l’été, ou des activités plus originales comme l’éthologie ou le horseball donnent également un coup de pouce au chiffre d’affaires.

La communication numérique, notamment par la gestion d’un site internet attrayant, joue un rôle important dans la visibilité et la notoriété de votre centre. Nouer des partenariats avec des centres de loisirs, écoles ou associations permet aussi d’attirer de nouvelles clientèles. Organiser des portes ouvertes avec des premières leçons gratuites peut stimuler l’intérêt et attirer de nouveaux cavaliers.

Quels sont les coûts liés à l’ouverture et à l’entretien d’un centre équestre ?

Il faut prévoir un budget conséquent pour la création d’un centre équestre en France, généralement supérieur à 300 000 euros. Ce montant varie selon la localisation, la valeur foncière et les infrastructures nécessaires.

Les investissements principaux incluent :

  • Le terrain, les écuries et les infrastructures ;
  • Les licences et assurances ;
  • Les chevaux (comptez environ 3 000 euros pour un cheval de club, beaucoup plus pour un cheval de compétition, et environ 1 500 euros pour un poney) ;
  • Le matériel d’équipement : selles, filets, protections, équipements de pansage et locaux de stockage ;
  • Le matériel prêté : casques, équipements de sécurité ;
  • L’entretien des carrières, manèges et autres installations ;
  • Les frais vétérinaires, alimentation, soins, vaccins ;
  • Les coûts liés à l’eau, à l’électricité et au transport ;
  • Les véhicules et équipements d’entretien ;
  • Les salaires du personnel ;
  • Les taxes, impôts et autres charges administratives.

Au-delà du coût initial important, il faut aussi anticiper des dépenses récurrentes liées au soin et à l’entretien des animaux, qui nécessitent une gestion soigneuse pour assurer la pérennité économique du centre.

Différences entre un centre équestre et une écurie de propriétaires

Une écurie de propriétaires se distingue par sa vocation : elle propose principalement la pension de chevaux en box ou pâturage, avec éventuellement la vente d’animaux. Toutefois, elle ne dispense pas d’activités d’enseignement ou de formation, et l’ouverture ne requiert pas obligatoirement un diplôme d’État.

Il est important de noter qu’en l’absence de diplôme, il n’est pas autorisé de donner des cours ou de pratiquer des activités d’encadrement. Certaines assurances risquent également de refuser la couverture des accidents impliquant un instructeur non diplômé.

Les démarches pour ouvrir une écurie de propriétaires incluent l’inscription à la chambre d’agriculture, l’immatriculation au registre du commerce, ainsi que la déclaration aux Haras de votre région. Enfin, prévenir la commune par une déclaration officielle est une étape indispensable.

Créer un centre équestre est donc un projet passionné, nécessitant organisation, anticipation et un respect strict de la réglementation. Lorsqu’il est bien planifié, ce type de structure offre une grande satisfaction personnelle et professionnelle.