L’équithérapie représente une méthode thérapeutique innovante qui repose sur l’utilisation du cheval pour favoriser la réhabilitation des personnes confrontées à divers troubles. Elle vise à améliorer le bien-être physique et psychologique en s’appuyant sur la relation unique entre l’individu et le cheval, sans nécessiter de pratiques équestres traditionnelles.
Les racines historiques de l’équithérapie : l’exemple de Lis Hartel
Les origines de cette discipline exceptionnelles omettent rarement de mentionner le parcours hors du commun de Lis Hartel, figure emblématique dans l’univers de l’équithérapie. Née en 1921 au Danemark, cette cavalière passionnée a débuté l’équitation dès son jeune âge grâce à sa mère, instructrice dans une école d’équitation à Copenhague. Elle a rapidement brillé lors de concours locaux, atteignant un niveau remarquable à 20 ans. Cependant, à 23 ans, une poliomyélite a bouleversé sa vie alors qu’elle attendait son second enfant. Bien que son bébé ait été en bonne santé, elle s’est retrouvée paralysée. Les médecins lui ont prédit qu’elle pourrait marcher avec une canne, mais qu’elle ne remonterait jamais à cheval. Contre toute attente, après un certain temps, la paralysie s’est limitée aux jambes, sous les genoux.
Refusant de renoncer à sa passion, Lis a imaginé une nouvelle façon de monter à cheval, en contrôlant l’animal par le biais du poids de son corps plutôt que par ses jambes. Elle a repris la compétition à 26 ans, puis a obtenu une médaille d’argent aux Jeux olympiques d’été de 1952 à Helsinki. Son dévouement lui a permis de devenir sept fois championne nationale en dressage. À la fin de sa carrière sportive, elle s’est engagée dans la collecte de fonds pour soutenir la recherche sur la maladie qu’elle a combattue et pour promouvoir la pratique de l’équithérapie. Aujourd’hui, une fondation aux Pays-Bas porte son nom et œuvre pour faciliter l’accès à l’équitation aux personnes en situation de handicap, faisant de Lis Hartel une figure emblématique mondialement reconnue et une source d’inspiration pour les cavaliers en situation de handicap.
Définition de l’équithérapie
Au fil du temps, cette approche s’est peu à peu affirmée comme une modalité médicale à part entière. En France, la Fédération nationale des thérapies avec le cheval (FENTAC) a été fondée en 1986, suivie en 2005 par la création de la Société française d’équithérapie (SFE). Ces structures ont permis de structurer et de légaliser cette pratique, ouvrant la voie à une reconnaissance officielle dans le traitement de diverses affections psychiques.
L’équithérapie consiste principalement en une démarche psychocorporelle qui vise à atténuer une large gamme de troubles, qu’ils soient d’ordre psychologique, moteur, cognitif ou sensoriel. La pratique requiert une expertise en psychanalyse, psychologie, psychothérapie et psychomotricité pour le thérapeute. La relation avec le cheval sert de support à des interventions encadrées par un professionnel formé, qui accompagne et guide le patient dans un processus de progrès personnel à travers cette interaction.
Les raisons d’intégrer le cheval dans les soins thérapeutiques
Le cheval est perçu comme un animal particulièrement sensible et social, capable d’établir des liens authentiques avec les humains. Selon l’éducatrice Isabelle Claude, il agit comme un véritable « miroir de nos émotions ». Ceux qui ont une expérience avec ces animaux savent que la compréhension mutuelle créée par cette relation peut aussi révéler des aspects de soi-même. La présence du cheval permet de donner corps à des émotions abstraites telles que la peur ou l’angoisse. Le thérapeute guide alors le patient dans ses interactions avec l’animal pour explorer et résoudre des problématiques concrètes. La sensation de se laisser bercer par le mouvement d’un cheval au pas, allongé sur son dos, peut évoquer les câlins réconfortants de l’enfance, et offrir ainsi un espace de sécurité psychique. Ce processus, largement reconnu en psychanalyse, contribue à renforcer la confiance et à rétablir un lien d’attachement sécurisant, souvent au cœur de l’équithérapie.
En quoi consistent les séances d’équithérapie ?
Après avoir analysé la situation du patient, l’équithérapeute conçoit des exercices visant à éveiller sensations, émotions et expressions verbales. Ces séances se tiennent généralement dans un environnement sécurisé, comme un manège ou un enclos circulaire, mais peuvent aussi avoir lieu en extérieur, dans un pré ou un box.
La pratique ne demande pas systématiquement de monter à cheval. En fonction des objectifs, le thérapeute peut faire brosser, mener ou simplement observer le cheval avec le patient. Ces activités, suivies par un échange sur les ressentis et perceptions du patient, facilitent l’expression de ses émotions. La fréquence et la durée de ces sessions s’adaptent aux besoins spécifiques de chaque individu, tout comme dans toute autre forme de thérapie.
Public concerné par l’équithérapie
Accessible dès l’âge de 2 ans, cette méthode s’adresse aussi bien aux enfants, aux adolescents qu’aux adultes, sans nécessité d’expérience équestre préalable. Elle est idéale pour ceux qui préfèrent un cadre détendu, en dehors des environnements cliniques classiques. La pratique requiert toutefois une attestation médicale validant l’absence de contre-indications, lesquelles se limitent généralement à certains problèmes physiques tels que la scoliose grave, la malformation de la moelle épinière, des troubles osseux sévères, ou des pathologies neurologiques comme l’épilepsie. Les allergies animales sont aussi à prendre en compte.
L’équithérapie se révèle particulièrement bénéfique dans plusieurs contextes, notamment pour :
– Les troubles physiques ou psychologiques, tels que l’autisme ou la schizophrénie ;
– Les difficultés affectives, notamment la dépression, l’anxiété ou un déficit de confiance en soi ;
– Les troubles du langage ou la communication, souvent observés chez l’enfant.