Élever des canards mulards peut répondre à plusieurs objectifs, que ce soit la production d’un foie gras délicieusement fin, la viande tendre, ou simplement l’esthétique de ces oiseaux. Dans cet article, nous vous proposons des recommandations essentielles pour lancer votre propre élevage de cette variété de canard.
Comment produire un canard mulard ?
Le mulard est le résultat d’un croisement entre deux races de canards, ce qui lui confère des caractéristiques spécifiques, selon les options choisies à l’origine. La qualité du mulard dépend en grande partie des races parentales sélectionnées.
Pour obtenir un bon rapport en chair, il est recommandé d’utiliser une femelle “lourde” — par exemple une cane de Rouen ou une Orpington fauve — car les croissements avec des femelles de race commune donnent des résultats moins satisfaisants. La cane de Rouen, notamment, permet d’obtenir de plus gros mulards, tandis que l’Orpington offre des mulards volumineux avec une chair de qualité supérieure. Il ne faut pas négliger la cane de Pékin, qui reste une option valable.
Le mâle, quant à lui, est toujours un canard de Barbarie, choisi pour son poids pouvant atteindre 5 kg et pour la qualité exceptionnelle de sa chair. Le mulard atteint généralement 5 kg vers l’âge de 3 mois, en produisant un foie pesant entre 300 et 600 grammes. C’est souvent les mâles qui proposent les plus gros foies, en raison du dimorphisme sexuel. Leur viande est appréciée pour sa tendresse et sa saveur riche.
Comment reconnaitre un canard mulard ?
Facile à différencier, le mulard a une silhouette d’environ 80 cm de long et un plumage caractéristique : principalement blanc, avec des taches sur la tête et la queue. Le mâle présente un plumage blanc tacheté de noir, tandis que la femelle est marbrée de jaunes ou de marron.
Majoritairement stériles, ces oiseaux grandissent rapidement et possèdent une constitution robuste, leur conférant une bonne résistance face à des conditions climatiques difficiles.
Avec quels autres animaux peut-on associer le canard mulard ?
Ce canard peut cohabiter pacifiquement avec plusieurs autres espèces de basse-cour, à condition que l’espace soit suffisant et bien organisé pour prévenir les conflits. Poules, oies et autres canards se partagent généralement le même espace, mais une surveillance initiale est conseillée pour assurer une bonne entente entre tous.
Si vous utilisez des œufs
Pour une incubation naturelle, il est idéal de confier les œufs à une poule couveuse ou à une dinde d’âge mûr (au moins 2 ans). La dinde commence à couver quand vous le souhaitez, avec une trentaine d’œufs environ, tandis qu’une poule peut couver entre 8 et 12 œufs. Si vous préférez une incubation artificielle, voici la méthode recommandée :
Il ne faut pas nettoyer les œufs avant incubation et il convient de maintenir une litière propre, en utilisant par exemple de la sciure. Vérifiez qu’ils soient entiers et non fissurés. La mise en incubateur doit se faire dans la première semaine suivant la collecte, de préférence peu après. Plus les œufs sont frais, plus la réussite sera élevée. La température doit débuter à 37,5 °C pour les deux premiers jours, puis augmenter légèrement à 38 °C jusqu’au septième jour. Ensuite, on passe à 38,5 °C jusqu’au septième jour, puis on augmente progressivement jusqu’à 39,5 °C vers le 25e jour et on maintient à 40 °C pour favoriser l’éclosion. La dernière semaine, il ne faut plus manipuler les œufs. La naissance attendue intervient entre le 25e et le 26e jour.
Il est également important de contrôler l’humidité, qui doit se maintenir entre 55 % et 65 %. Pulvériser de l’eau tiède lors du retournement des œufs permet de conserver cette hygrométrie. La réussite de l’élevage étant réduite par l’hybridation, il faut s’attendre à éliminer un certain nombre d’œufs non fécondés ou non éclos.
Faut-il faire un gavage ?
Il est parfaitement possible d’obtenir du foie gras en nourrissant les canards mulards de façon naturelle, sans recourir au gavage. En effet, leur appétit naturellement vorace leur permet d’engraisser rapidement et efficacement.
Si vous choisissez la méthode du gavage, le moment opportun se situe vers 12-13 semaines, lorsque l’oiseau atteint une masse comprise entre 3,8 et 4,5 kg. Pour la production de foie gras, seuls les mâles sont généralement sélectionnés pour cette pratique, tandis que les femelles sont réservées à la consommation de leur viande.
Ce procédé, bien que courant dans certains élevages, limite aussi leur confort : en réduisant leur espace à environ deux sujets par mètre carré, ils doivent être abrités dans un local bien ventilé et à l’abri des courants d’air.
Quelles sont les meilleures pratiques pour nourrir le mulard ?
Après une étape de jeûne volontaire de 36 heures pour le caneton, il faut lui fournir un aliment spécifique à son âge, en évitant tout produit contenant des farines animales. Les premières semaines, privilégiez une alimentation riche en protéines pour soutenir leur croissance rapide. Par la suite, il est conseillé de réduire légèrement la teneur en protéines pour éviter un excès de graisse, tout en maintenant un développement optimal.
Les céréales recommandées incluent notamment l’avoine, le blé, le maïs, ou un mélange de ces grains avec de l’orge ou du sorgho. Des granulés spécifiques peuvent aussi être donnés. En hiver, il est bénéfique de saupoudrer leurs pâtées avec de la poudre d’orties pour enrichir leur régime.
Les canards apprécient aussi beaucoup les aliments frais tels que les légumes verts, les insectes ou les petits vers. L’alimentation en milieu naturel, avec un accès à un plan d’eau, favorise leur régime naturel. Certains éleveurs donnent davantage de salade, de crevettes déshydratées ou de l’herbe fraîche, idéalement récoltée par un parcours extérieur.
Pour produire un foie gras de qualité, la pâtée utilisée doit comporter par exemple :
- 65 % de farine de maïs ;
- 25 % de farine d’avoine ;
- 3 % de supplément minéral vitaminé ;
- 3 % de tourteau d’arachide.
Pour l’humidifier, il suffit d’ajouter du lait écrémé à la préparation, en quantité suffisante pour obtenir une texture ni trop sèche ni trop humide. La distribution doit être régulière, matin et soir, et la pâtée ne doit pas rester trop longtemps dans leur alimentation, généralement pas plus de trois semaines, pour éviter tout déséquilibre.
Quel habitat prévoir pour votre canard ?
Le mulard n’a pas besoin d’un abri sophistiqué, mais certaines conditions doivent être respectées pour assurer son confort :
- Un refuge résistant, solide, pour le protéger des prédateurs et des intempéries ;
- Un espace suffisant pour qu’il puisse se déplacer librement, avec une zone sèche pour dormir ;
- Un accès facile à de l’eau propre, lui permettant de nager, de se laver et de se rafraîchir.
Prendre soin d’un canard, même si l’objectif est de le consommer, reste un acte de respect envers l’animal. En respectant ces conseils, vous contribuerez à assurer son bien-être tout au long de sa vie.