Contrairement à la jument dont la période d’activité sexuelle dépend du cycle saisonnier et de la luminosité, l’ânesse possède une période de reproduction active toute l’année. À quel âge peut-elle commencer à se reproduire ? Comment se déroule son cycle reproductif ? Quelles sont les étapes de la saillie et de l’ânonnage ? Voici un guide complet pour comprendre la reproduction chez l’âne, étape par étape.
maturité sexuelle chez l’âne
En général, une ânesse commence à montrer des signes de maturité sexuelle vers l’âge d’1 an, lorsque ses premières périodes de chaleurs apparaissent. Cependant, il est recommandé d’attendre ses 3 ans avant de la faire saillir, car une gestation anticipée pourrait nuire à sa croissance. Chez les mâles, la puberté peut survenir entre 1 et 2 ans, et même si l’étalon est fertile à cet âge, il est préférable d’attendre qu’il atteigne sa pleine maturité, soit vers 3 à 5 ans, en particulier pour les grandes races.
cycle œstral de l’ânesse
La majorité des femelles inséminent leurs ovaires tout au long de l’année, avec une période de repos en décembre et janvier. Si elles ne sont pas fécondées, leur cycle se répète tous les 21 à 30 jours, durant en moyenne 26 jours, comportant deux phases principales :
- La diœstrus, ou phase calme, durant laquelle la femelle n’est pas receptive, dure environ 14 à 22 jours (habituellement les 18 premiers) ;
- L’œstrus, période durant laquelle elle accepte l’accouplement, se concentre sur les 8 derniers jours, culminant lors de l’ovulation, qui survient principalement le dernier jour ou la veille et lendemain de cette période.
signes de chaleurs chez l’ânesse
Les périodes de chaleurs correspondent aux moments où l’ânesse est ouverte à la reproduction. Certains signes comportementaux, accentués lorsqu’un mâle est présent, peuvent aider à détecter ces moments :
- Elle exprime plus souvent qu’à l’accoutum des vocalises et des pertes urinaires accentuées ;
- Sa vulve se dilate, peut présenter des spasmes, et un écoulement laiteux apparaît ;
- Elle mâche continuellement, plie les oreilles en arrière, et affiche souvent une attitude de relaxation ou d’excitation ;
- En présence du mâle, son comportement inclut la baisse de l’encolure, la tête tendue, la queue levée, et une ouverture partielle des cuisses.
processus de saillie chez l’âne
L’accouplement peut se réaliser de plusieurs manières :
- Montée en liberté : la méthode la plus courante, surtout en extérieur, où mâle et femelle se retrouvent dans un pré. Ils jouent, s’observent, puis se productent plusieurs chevauchements sans nécessairement aboutir immédiatement à la fécondation. Cette méthode est généralement préférée pendant le printemps, pour accompagner la croissance de la végétation.
- Montée assistée : la femelle est tenue avec une longe, équipée d’un harnais ou d’une protection pour limiter ses réactions de défense, notamment si elle a tendance à botter. Divers passages répétés sans copulation précèdent souvent la fécondation effective.
- Insémination artificielle : cette technique utilise du sperme frais ou congelé, ou encore le transfert d’embryons. Elle permet d’éviter la transmission de maladies sexuellement transmissibles et les risques liés à la monte sauvage ou assistée, mais elle reste coûteuse et moins répandue chez l’âne en raison de sa complexité.
la grossesse de l’ânesse : les premières étapes
Il est conseillé de faire une échographie environ 15 jours après la fin de la période de chaleurs pour confirmer la fécondation. La gestation dure approximativement 12 à 13 mois, mais il n’est pas rare que celle-ci dépasse parfois 400 jours. Certains signes indiquant qu’une mise bas approche se manifestent :
- Le ventre de la femelle devient volumineux et commence à tomber ;
- Les mamelles augmentent de volume environ trois semaines avant la naissance ;
- Un écoulement cireux jaunâtre peut apparaître au niveau du pis un ou deux jours avant l’accouchement ;
- Les muscles du bassin se relâchent, facilitant la mise bas ;
- Elle manifeste une volonté de solitude, en cherchant à s’isoler.
préparation à la mise bas de l’ânesse
Pour éviter tout stress inutile, il est conseillé d’installer la future mère dans un environnement calme, idéalement dans un pré sécurisé avec une autre ânesse qui pourrait la rassurer, en tenant le mâle à l’écart. En cas de conditions climatiques défavorables, le lieu doit être bien paillé pour garantir le confort et la douceur du sol. Il est également recommandé de l’habituer plusieurs jours à l’avance à son nouveau lieu de mise bas. Juste avant l’accouchement, l’ânesse peut montrer des signes d’agitation : elle peut se gratter, se coucher et se relever fréquemment, transpirer, et commencer à ressentir des contractions.
l’éveil de l’ânon : la naissance
La majorité des naissances se déroule généralement durant la nuit et sans intervention humaine. Vous pouvez surveiller votre ânesse en silence, sans lui parler ou la déranger. Si tout se passe bien, le processus d’accouchement est assez rapide, généralement moins d’une heure. Lorsque les eaux se rompent, la mère se couche, et sous l’effet des contractions, l’ânon se déploie en passant la tête et les membres antérieurs en premier. Si l’enveloppe amniotique ne se déchire pas naturellement, l’ânesse le fait en léchant le petit. Le cordon ombilical se tend puis se rompt lorsque la mère se relève pour prendre soin du nouveau-né. L’expulsion du placenta survient dans les deux heures suivant, sous l’effet de contractions supplémentaires. Le nacelle doit pouvoir se relever rapidement et téter dans l’heure qui suit sa naissance, car le lait commence à se dégrader après quatre heures. Après environ deux semaines, l’ânon commence à brouter l’herbe avec sa mère, et progressivement, son alimentation lactée diminue. Si le sevrage naturel n’est pas anticipé, il intervient généralement vers l’âge d’un an, lorsque la mère décide d’arrêter l’allaitement.