Histoire et processus de la domestication du cochon d’Inde

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Récit captivant que celui de la transformation du cochon d’Inde en animal domestique. À travers les âges, cette petite créature a été vénérée par les civilisations andines, considérée comme un symbole de guérison, puis utilisée comme source de nutrition, avant d’être exploitée en laboratoire. De l’élevage pour sa viande dans les sociétés anciennes d’Amérique du Sud à son intégration dans les foyers occidentaux, en passant par son introduction en Europe par les conquistadors, l’histoire du cochon d’Inde domestique est riche en événements.

qu’est-ce qu’un cochon d’Inde ?

Le cochon d’Inde, aussi connu sous le nom scientifique Cavia Porcellus, appartient à la famille des cavidés. En tant que rongeur, il se distingue par l’absence de queue ou une queue très courte, une seule paire de mamelles, et par le nombre de doigts à ses membres : quatre à l’avant et trois à l’arrière. Le naturaliste suédois Carl Von Linné a été le premier à décrire cette espèce en 1758. Originaire d’Amérique du Sud, il est l’ancêtre sauvage de nos cobayes domestiques, qui descendent de l’espèce Cavia Aperea. Très apprécié comme compagnon, en particulier pour leur tempérament doux et leur nature sociable, ils figurent parmi les animaux de compagnie les plus populaires.

origines géographiques des cochons d’Inde

Selon les découvertes fossiles, la présence du cochon d’Inde remonterait à environ 7000 ans sur les hautes terres andines d’Amérique du Sud. Les recherches scientifiques indiquent que dès 5000 avant J.-C., les peuples indigènes de pays comme l’Équateur, le Pérou, la Bolivie et d’autres régions andines ont commencé à apprivoiser ces petits rongeurs sauvages. En particulier au Pérou, ces animaux étaient élevés pour leur viande, qui s’est peu à peu intégrée dans la culture artistique locale entre 500 avant J.-C. et 500 après J.-C.

chemin du cochon d’Inde vers l’Europe

La première arrivée du cochon d’Inde en Europe est liée à la découverte des Amériques par Christophe Colomb. Les conquistadors ont baptisé ce petit animal « cochon d’Inde » en raison de son cri ressemblant à celui du porc et parce qu’il venait des « Indes », terme utilisé autrefois pour désigner l’Amérique du Sud. Lors de la conquête du territoire Inca par Francisco Pizarro dans les années 1530, de riches ressources, y compris des animaux comme le cochon d’Inde, ont été ramenées en Europe. Initialement considéré comme une source de nourriture, l’animal a rapidement captivé par son apparence attrayante et sa nature sociable. Très prisée par la noblesse britannique, la popularité du cobaye s’est accrue, notamment lorsque la reine Elizabeth I a adopté un spécimen.

raisons de la domestication du cochon d’Inde

Au départ, le cochon d’Inde a été domestiqué au Pérou, avant de se diffuser dans le reste du monde. Son usage a évolué au fil du temps, allant de la consommation alimentaire à d’autres utilités. Ci-dessous, un aperçu des différentes raisons pour lesquelles cette espèce a été apprivoisée, hier comme aujourd’hui.

pour sa consommation de viande

Depuis l’Antiquité, dans les régions andines où la subsistance était souvent fragile, les populations utilisaient le cochon d’Inde comme ressource alimentaire principale. Encore aujourd’hui, des élevages subsistent dans certains pays d’Amérique du Sud, où la viande est préparée en plat traditionnel nommé cuy. Ce mets, riche en protéines et nutriments, est souvent comparé au lapin par sa texture proche du poulet. Il est généralement rôti, frit ou grillé, et servi avec des pommes de terre ou du maïs. Les fêtes et les célébrations matrimoniales péruviennes mettent souvent en avant ce plat festif.

rôle dans les pratiques religieuses et cérémonielles

Les civilisations inca et Moche traitaient le cochon d’Inde avec révérence, notamment dans le cadre de rituels sacrés. Les Incas, qui l’appelaient “cabiai”, l’offraient en sacrifice aux dieux. Les Moche, eux, représentaient ces rongeurs dans leurs œuvres d’art ou construisaient des statues en leur honneur. Les spécimens au pelage noir, rares, étaient considérés comme sacrés. La médecine andine utilisait aussi le cochon d’Inde dans ses rites de purification ou de guérison : frotté sur le corps du malade, il était considéré comme capable d’identifier la zone malade grâce à ses cris. Aujourd’hui encore, dans certaines régions isolées, des populations utilisent cet animal dans des pratiques traditionnelles de soin.

utilisation en tant qu’animal de recherche

Au XIXe siècle, la médecine a commencé à exploiter le cochon d’Inde pour ses propriétés expérimentales. Des chercheurs comme Louis Pasteur l’ont utilisé pour faire des découvertes fondamentales, ce qui lui a valu le nom de « cobaye ». Cet animal a été essentiel dans la compréhension de plusieurs maladies et traitements, comme la tuberculose ou l’importance des vitamines. En France, la recherche a progressivement remplacé le cochon d’Inde par des rats et des souris pour ses expérimentations.

quand le cochon d’Inde devient-il un animal de compagnie

Dans les années 1950, le usage du cochon d’Inde dans la recherche scientifique se raréfie, au profit de son adoption dans les foyers. Son tempérament calme et sa nature sociale en font un compagnon apprécié. Aujourd’hui, il est principalement élevé comme un animal de compagnie. En Suisse, depuis 2008, la législation impose la présence d’au moins deux cobayes, car ces animaux, très sociaux, ont besoin de compagnie pour vivre heureux. En France, on estime à environ 1,5 million le nombre de cochons d’Inde domestiques, avec une grande diversité de variétés, allant du modèle à la longue pelage (shelty) à celui à la peau nue (skinny). La sélection a modifié leur apparence et leur génétique, créant une multitude de profils.

vivent-ils à l’état sauvage ?

Après des millénaires de domestication et de sélection, le cochon d’Inde domestique a perdu ses capacités naturelles face aux dangers du milieu sauvage. Il dépend désormais entièrement de l’homme pour sa survie. Son ancêtre sauvage, le cobaye du Brésil, vit encore dans les régions naturelles d’Amérique du Sud comme le Pérou, le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et la Bolivie, où il peuple plains, zones rocheuses, lisières forestières et habitats herbeux. Dans ces habitats, il vit en colonies généralement composées d’une dizaine d’individus, confrontés à la menace des prédateurs et des conditions climatiques difficiles. Toutefois, nos cobayes modernes, élevés en captivité, ne pourraient survivre dans leur environnement naturel en raison de leur évolution génétique et de leur dépendance totale à l’humain.