Depuis l’Antiquité, les oiseaux voyageurs ont été utilisés comme messagers pour transmettre des informations cruciales. Pendant les deux guerres mondiales, ces animaux ont accompli des prouesses remarquables, avant d’être relégués au second plan par les moyens de communication modernes. Aujourd’hui, certains passionnés, appelés colombophiles, continuent de faire vivre cette pratique en élevant ces pigeons pour participer à des compétitions sportives. Focus sur cette activité passionnante.
Qu’est-ce qu’un pigeon voyageur ?
Appartenant à la famille des Columbidés, le pigeon voyageur, également connu sous le nom de pigeon biset, a été spécialement sélectionné pour ses capacités de déplacement sur de longues distances. Sa particularité principale réside dans sa faculté à parcourir des centaines de kilomètres tout en portant une charge maximale d’environ 250 grammes, sans se perdre, et à revenir systématiquement à son point de départ. Doté d’un sens d’orientation inné, cet oiseau peut couvrir jusqu’à mille kilomètres en vol ininterrompu. Chaque pigeon porte une bague à la patte, placée peu après sa naissance, avec un numéro unique qui indique son année de naissance et son pays d’origine (F pour la France). Une autre bague renseigne sur l’identité du propriétaire et ses coordonnées.
À quoi servent les pigeons voyageurs ?
Depuis l’Antiquité, plusieurs civilisations — telles que les Égyptiens, les Perses ou les Chinois — ont cultivé l’élevage de ces oiseaux. Les premiers colombiers datant de cette époque ont été découverts en Haute-Égypte. Ces pigeons étaient entraînés à transporter un message, enroulé autour d’une patte, vers un point précis. Au fil des âges, leur utilisation s’est particulièrement développée à des fins militaires : durant la Première Guerre mondiale, par exemple, la France a employé ces volatiles pour transmettre discrètement des informations stratégiques entre le front et le commandement, rapportant des renseignements précieux sur l’avancée ennemie. Leur bravoure a été tout aussi manifeste lors de la Seconde Guerre mondiale.
Comment un pigeon voyageur s’orienter ?
Plusieurs mécanismes complexes permettent à ces oiseaux de s’orienter lors de leurs longs vols :
- Ils s’appuient principalement sur leur vision, en observant la position du Soleil. C’est pourquoi le moment du lâcher est essentiel, avec de meilleures performances par temps dégagé que sous un ciel couvert ;
- Leur odorat joue aussi un rôle fondamental. Des expériences ont montré que les pigeons dont les nerfs olfactifs ont été coupés ont plus de mal à retrouver leur chemin, certains mettant plus de temps ou ne revenant pas du tout au colombier ;
- Ils perçoivent également les champs magnétiques terrestres, générés par la rotation de la planète et ses courants électriques internes composés majoritairement de fer en fusion ; cette capacité leur sert à s’orienter, comme d’autres animaux migrateurs, les abeilles, ou encore certains mammifères marins et tortues ;
- Les repères visuels tels que cours d’eau, montagnes ou routes sont également intégrés dans leur mémoire pour leur permettre de suivre leur parcours ;
- Enfin, leur détermination à retrouver leur nid est renforcée par une technique appelée “veuvage”, qui consiste à priver temporairement un pigeon de son partenaire afin d’accroître son envie de rentrer. D’autres méthodes existent pour motiver ces oiseaux à accomplir leur mission.
Qui sont les colombophiles ?
Les colombophiles sont des personnes qui élèvent des pigeons voyageurs dans le but de participer à des compétitions officielles. Pour constituer une lignée performante, ils sélectionnent soigneusement leurs oiseaux sur plusieurs années, en privilégiant ceux ayant obtenu le plus de récompenses. La discipline a connu un réel essor à partir du début du XIXe siècle, notamment grâce à la création de la première Fédération Nationale des Sociétés Colombophiles en France, en 1927. Son fondateur, le lieutenant Albert Leroy-Beague, avait conçu des colombiers mobiles utilisés lors de la guerre pour améliorer l’élevage. Aujourd’hui, la pratique est encadrée par deux grandes structures :
- La Fédération Colombophile Française (FCF), basée à Lille, qui rassemble les associations régionales et les éleveurs de France. Elle traite des normes, de la recherche et de la protection de l’espèce ;
- La Fédération Colombophile Internationale (FCI), domiciliée à Bruxelles, qui organise les championnats du monde et certifie les règles de compétition, tout en veillant à la sauvegarde des populations.
En quoi consistent les compétitions colombophiles ?
Plusieurs types de courses sont organisés par la Fédération Colombophile Française :
- Les courses de vitesse, où les pigeons sont lâchés à des distances comprises entre 50 et 250 km. La règle veut que tous les oiseaux soient de retour dans un délai maximal de 10 minutes ;
- Les courses de demi-fond, sur 250 à 500 km, nécessitant un effort prolongé de 4 à 8 heures en vol continu ;
- Les longues distances ou fond, où les pigeons parcourent entre 500 et 1000 km. Certains peuvent prendre deux jours pour revenir, selon la météo locale.
À partir de deux mois, un pigeonneau commence à apprendre à reconnaître son environnement. Toute l’année, les colombophiles mettent en place un entraînement rigoureux pour préparer leurs pigeons à ces défis, dans l’objectif de remporter la victoire.