Le mushing séduit ceux qui souhaitent fusionner leur passion pour les animaux avec l’aventure en plein air. La satisfaction de collaborer avec des chiens, de parcourir des paysages enneigés et de relever les défis liés aux courses ou aux expéditions sont les principales motivations de cette discipline. Cependant, derrière cette activité passionnante se cache un métier qui nécessite une formation approfondie et un ensemble de compétences diversifiées, visant à garantir la sécurité, la performance de l’attelage, le bien-être des chiens et la protection de l’environnement. Focus sur un métier qui va bien au-delà de l’action de tirer un traîneau.
Qu’est-ce qu’un musher ?
Un musher est responsable de la conduite d’un traîneau tracté par des chiens. Il dirige et communique avec l’attelage canin, notamment dans le cadre de longues compétitions, d’expéditions ou d’activités de loisir dans des zones froides ou enneigées. Pour cela, il utilise principalement sa voix pour donner des ordres tels que tourner, accélérer ou ralentir. Cette pratique connaît une popularité importante dans des régions comme l’Alaska, le Canada, la Scandinavie ou la Russie. Les races de chiens privilégiées pour ces activités sont généralement celles qui résistent à des températures extrêmes, notamment les chiens polaires. Parmi elles, on compte des huskies sibériens, des malamutes, des chiens du Groenland ou encore des samoyèdes. En course, des hybrides comme les Alaskan Huskies ou les Eurohounds, alliant vitesse et endurance, sont particulièrement appréciés.
Quelle est l’origine du mushing ?
Dans les terres arctiques d’Amérique du Nord et de Sibérie, des peuples autochtones, comme les Inuits ou les Chukchis, ont été parmi les premiers à utiliser des chiens de traîneau pour se déplacer et chasser. Au XIXe siècle, lors de la ruée vers l’or en Alaska et dans le Yukon, ces équipes de chiens sont devenues indispensables pour transporter des marchandises et des personnes sur des terrains difficiles. Les chercheurs d’or et les explorateurs ont adopté ces méthodes, inspirés par les traditions des communautés locales. Par ailleurs, le terme « mushing » trouve son origine dans le mot français « marche », utilisé par les trappeurs et explorateurs francophones pour encourager leurs chiens à avancer, évoluant plus tard en « mush » en anglais.
Y a-t-il des mushers en France ?
Bien que la pratique soit plus répandue dans des pays comme le Canada, la Russie ou la Scandinavie, le mushing est également présent dans certaines régions montagneuses françaises, notamment dans les Alpes et les Pyrénées, où il trouve un contexte touristique et sportif. Le Massif Central et le Jura proposent aussi des expériences en traîneau à chiens pour les passionnés. La France participe à des compétitions internationales et accueille des événements réputés, comme la Grande Odyssée Savoie Mont Blanc, qui attire des mushers venus de toute l’Europe.
Le mushing : sport ou métier ?
Depuis le début du XXe siècle, le mushing a évolué pour devenir aussi une discipline sportive de haut niveau. L’épreuve la plus emblématique – l’Iditarod, créée en 1973 en Alaska – est une compétition internationale majeure. La Yukon Quest est une autre course prestigieuse dans ce domaine. Ces événements requièrent des compétences pointues en soins aux chiens, gestion logistique et endurance physique. Si l’amour du sport peut faire naître cette passion, le mushing peut également devenir une profession à part entière. Les mushers professionnels exercent par exemple dans plusieurs secteurs :
En partenariat avec des structures touristiques, ils proposent des balades en forêt ou en montagne pour faire découvrir leur passion à des visiteurs. Certains participent à des compétitions avec la possibilité de remporter des prix significatifs, variant selon la renommée de la course. D’autres se spécialisent dans l’élevage, l’entraînement et la vente de chiens de traîneau, assurant leur formation et leur préparation pour la compétition ou le loisir. Enfin, dans des régions inhabitées ou froides, le traîneau reste une méthode de transport traditionnelle que certains mushers mettent au service de guides ou de transporteurs locaux.
Quelles compétences doit posséder un musher ?
Pour exercer le métier de musher à vocation professionnelle, il faut maîtriser plusieurs domaines essentiels. Voici les compétences clés indispensables :
Soins et gestion des chiens de traîneau
Il est fondamental de connaître en détail les caractéristiques des principales races comme le husky sibérien ou le malamute, afin d’adapter leur alimentation et leur environnement à leurs besoins spécifiques. Un bon musher doit repérer rapidement tout signe de fatigue ou de blessure et savoir intervenir pour prodiguer les premiers soins. Garantir des conditions de vie optimales à ses chiens est également crucial, notamment un abri adéquat et un entretien régulier.
Entraînement des chiens
Une étape centrale consiste à entraîner les chiens à développer leur endurance, leur force et leur obéissance. Le musher doit organiser des séances adaptées à chaque animal en tenant compte de leur personnalité. La connaissance précise des rôles de chaque chien dans l’attelage – guide, leader, tireur – est essentielle pour constituer une équipe équilibrée. La maîtrise des commandes de base telles que “tourner”, “avancer” ou “stop” est également indispensable pour une conduite efficace et sécurisée.
Conduite d’un attelage
Gérer la traction d’un traîneau nécessite de développer une technique de pilotage fluide, en s’adaptant aux terrains variés (pentes, glace) et aux conditions météo (vents, tempêtes). Le musher doit prévoir les manœuvres pour ajuster la vitesse et diriger l’équipe dans des situations souvent imprévisibles, tout en maintenant une vigilance constante pour éviter tout incident.
Maîtrise de l’environnement et de la météo
Il est crucial de savoir évoluer en terrain difficile ou difficilement visible, notamment dans des conditions de brouillard ou lors de tempêtes de neige. Savoir s’orienter avec une carte ou un GPS, établir un abri si nécessaire, et connaître les stratégies de survie en environnement froid sont autant d’aptitudes essentielles. La capacité à anticiper les changements météorologiques rapides permet de gérer la sécurité de l’expédition.
Maintenance du matériel
Entretenir régulièrement ses équipements, comme les traîneaux ou les harnais, est vital pour leur bon fonctionnement et la sécurité des chiens. La réparation en cas de casse ou d’usure, ainsi que l’ajustement précis des harnais, garantissent un confort optimal et évitent les blessures. La maîtrise de ces aspects techniques est un vrai plus pour un professionnel du mushing.
Organisation et gestion logistique
Planifier une expédition en tenant compte des distances, des pauses nécessaires pour protéger la santé des chiens, et des conditions météorologiques est une compétence clé. Le musher doit aussi savoir emporter le matériel essentiel – nourrir ses chiens, disposer de kit de secours et d’équipements de sécurité – en fonction de la durée et de la difficulté du parcours. Lorsqu’il encadre des groupes de touristes, il doit aussi veiller à leur confort tout en partageant sa connaissance du terrain et de la discipline.
Qualités personnelles
Ce métier exige une grande endurance physique, surtout lors d’itinéraires de plusieurs heures dans des environnements extrêmes, mais aussi une forte résilience mentale face au froid, à l’isolement et aux situations d’urgence. Construire une relation de confiance avec ses chiens, comprendre leur psychologie et maintenir une atmosphère positive dans l’attelage sont autant d’aspects essentiels pour réussir.
Réglementation et sécurité
Il est indispensable de connaître la législation en vigueur concernant le mushing, notamment en matière de respect du bien-être animal et d’activités commerciales ou sportives. La formation aux premiers secours, la gestion des risques en montagne et la protection des humains et des chiens dans des environnements hostiles font aussi partie intégrante de la préparation du professionnel.
Comment devient-on musher ?
En France, la voie pour devenir un professionnel du mushing passe par différentes formations et parcours. Parmi celles-ci, on trouve notamment :
BFES traîneaux
Le Brevet Fédéral d’Éducateur des Sports de traîneaux constitue une formation reconnue qui ouvre la voie à une pratique professionnelle dans le secteur des activités attelées.
DEJEPS mention Attelages canins
Le Diplôme d’État de la Jeunesse, de l’Éducation Populaire et du Sport est une certification supérieure au BFES. Il permet d’accéder à des responsabilités accrues telles que l’encadrement d’équipes ou l’organisation d’événements sportifs.
Stages auprès de mushers professionnels
Au-delà des diplômes, beaucoup de futurs mushers enrichissent leur expérience en réalisant des stages pratiques auprès de professionnels expérimentés, afin d’apprendre concrètement la gestion des chiens et la conduite en conditions réelles.
Formation de soigneur animalier avec spécialisation chiens de traîneau
Certains choisissent une approche axée sur la santé animale, en suivant des formations de soigneur animalier spécialisées dans les chiens de traîneau, pour développer leurs compétences en soins et bien-être.
Diplômes internationaux ou stages à l’étranger
Enfin, la formation à l’étranger, notamment dans des pays comme le Canada, la Suède ou la Norvège, représente une option pour acquérir une expérience complémentaire et se préparer à la pratique en France ou ailleurs.