la pratique de la chasse à courre, également connue sous le nom de petite ou grande vènerie selon le type de gibier, remonte à plus de deux millénaires et demeure présente en France. Aujourd’hui très contestée, cette activité, aussi désignée comme chasse à courre, à cor et à cri, est proscrite dans plusieurs pays. Elle se caractérise par l’utilisation d’une meute de chiens, de chevaux, de trompes de chasse et de cavaliers. Examinons d’abord cette pratique, ses éléments constitutifs, puis analysons les arguments souvent avancés dans la controverse pour mieux comprendre pourquoi certains militent contre elle, au nom de la protection animale.
vocabulaire spécifique de la chasse à courre
Initialement, cette méthode de chasse a été pratiquée par les Assyriens, principalement pour s’entraîner à la guerre, avec comme objectif de développer une endurance et une robustesse indispensables aux combattants. Par la suite, à mesure que l’homme a domestiqué le cheval pour ses loisirs, la chasse à courre s’est muée en une véritable expression de mode de vie, notamment en France dès le XVIe siècle, sous le règne de François Ier.
Le principe consiste à pourchasser un animal jusqu’à fatigué, au moyen d’une troupe de chiens courant équipés de cavaliers et de veneurs, qui signalent la piste à l’aide d’une trompe de chasse, instrument à percussion à vent. La communication entre participants repose sur des modulations sonores spécifiques, appelées cornures, ce qui lui donne le nom de chasse à courre, à cor et à cris.
Dans le langage courant, plusieurs expressions, issues de la chasse à courre, ont trouvé leur place : par exemple, donner le signal de l’halali, être aux abois, faire illusion, ou encore être un fin limier.
La structure généralement engagée dans cette activité, regroupant chiens et veneurs, porte le nom d’équipage. La dénomination de la chasse varie selon le type d’animal poursuivi :
- lorsqu’on traque de grands mammifères sauvages comme le cerf, le sanglier, le chevreuil, ou encore le loup, on parle de grande vènerie.
- en revanche, si la chasse concerne des petits gibiers tels que le renard, le lièvre ou le lapin, on évoque une petite vènerie.
Qu’il s’agisse de la grande ou de la petite vènerie, cette pratique s’appuie essentiellement sur l’instinct naturel des animaux et la compétence des chiens, leur endurance étant un facteur clé. La participation humaine se limite à accompagner et encadrer, sans intervenir directement dans la poursuite.
chasse à courre : toujours vivante en France
Sur le territoire français, cette activité continue d’être présente, notamment lors de fêtes de la chasse qui rassemblent chaque année un million de spectateurs. Il est aussi possible d’observer, gratuitement, une chasse à courre en se plaçant à proximité d’un parcours, à pied, en VTT ou à cheval.
Le nombre d’équipages a augmenté d’un quart en un siècle, et leur composition a évolué : ils ne sont plus essentiellement issus de l’aristocratie, mais regroupent désormais des passionnés issus de divers horizons, qui cotisent à des associations, à l’image de toute licence sportive. La France bénéficie également de ses vastes espaces boisés et de ses climats favorables, qui favorisent la pratique de cette tradition, sous réserve de posséder une attestation de meute valable six ans, et un certificat de vènerie précisant l’éthique et les règles de conduites à respecter, délivrés par la DDT (Direction Départementale des Territoires).
la controverse autour de la chasse à courre et la sensibilité morale
En France et en Irlande, la vènerie demeure une activité légale, mais elle suscite une opposition croissante. À l’étranger, plusieurs pays ont déjà interdit cette pratique, comme l’Allemagne en 1936, la Belgique en 1995, puis l’Écosse en 2002. Au Pays de Galles et en Angleterre, une loi adoptée en 2005 interdit la chasse de certains animaux sauvages avec plus de trois chiens. En France, des tentatives d’interdiction ont été entreprises, notamment en 2017, mais sans succès à ce jour.
La contestation s’appuie sur le fait qu’en Occident, la nécessité de chasser pour se nourrir est largement dépassée, rendant la pratique plus symbolique qu’utilitaire. Par ailleurs, des préoccupations d’ordre sécuritaire pour les promeneurs, d’éventuelles violations des terres privées ou encore la violation de l’article 3 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, qui garantit la sûreté et la vie, alimentent le débat. La question de la souffrance animale et de la cruauté exerce aussi une forte pression morale contre la vènerie. Certains défendent l’idée que contrôler et réguler certaines espèces sauvages constitue une mission nécessaire, même si la majorité de l’opinion publique tend à privilégier la protection animale.
Les évolutions législatives et la montée du mouvement en faveur des droits des animaux laissent envisager une remise en question prolongée de la pratique. La sensibilité à la question animale ne cesse de croître, tout comme la reconnaissance du fait que les animaux sont des êtres sensibles, comme le rappelle l’article 515-14 du Code civil. Cette conscience accru pourrait faire évoluer la législation et réduire la portée de la chasse à courre. En revanche, la vènerie bénéficie encore d’un soutien significatif des fédérations départementales de chasseurs et de leur lobby puissant.
En somme, le débat demeure vif et complexe. Il est à espérer que les différentes parties éviteront une opposition_frontale pour privilégier un dialogue respectueux, puisque la véritable question réside dans la préservation et le respect de la vie sauvage.