Notre amour pour nos animaux de compagnie peut parfois nous amener à leur attribuer des traits et des comportements typiquement humains. Cette tendance, qui se manifeste souvent sans que l’on s’en rende compte, s’appelle l’anthropomorphisme. Cependant, considérer nos chiens et nos chats comme des êtres humains dans leurs sentiments et leurs réactions peut engendrer des erreurs de compréhension et nuire à leur santé émotionnelle. Voici quelques précisions à ce sujet.
Définition de l’anthropomorphisme
Il s’agit de la tendance à prêter à des entités non humaines, telles que des divinités, des objets ou des animaux, des caractéristiques propres à l’humain. Originaire du grec ancien, où « ánthrōpos » signifie humain et « morphḗ » forme, ce concept a pris une importance accrue dans nos sociétés modernes, notamment dans la façon dont nous percevons et interagissons avec nos compagnons à quatre pattes. Beaucoup de propriétaires ont tendance à traiter leurs animaux comme des membres de la famille à part entière, en leur donnant des noms humains, en leur offrant des cadeaux pour leur anniversaire, ou encore en partageant leur espace de vie, comme le canapé ou leur lit.
exemples représentatifs d’anthropomorphisme
Ce comportement se manifeste notamment dans le choix des prénoms donnés aux animaux, qui ressemblent souvent à ceux utilisés pour des humains, comme Marcel ou Bernard. De plus, il est courant de leur attribuer des surnoms affectueux tels que “bébé” ou “chéri”. Certains propriétaires organisent chaque année une célébration pour l’anniversaire de leur animal ou lui offrent des jouets et des gourmandises lors de fêtes telles que Noël. Il arrive aussi que des propriétaires prennent en photo leur compagnon, qu’ils affichent fièrement aux côtés des portraits familiaux. Par ailleurs, donner accès à leur animal à un espace de vie confortable, comme un canapé ou un lit, ou encore leur faire bénéficier de chambres équipées de webcams, illustre également cette tendance. Enfin, le développement d’hôtels de luxe dédiés aux animaux, proposant des services haut de gamme avec ameublement spécifique, couchages moelleux, cabanes et suites avec télévision, témoigne de l’engouement croissant pour la mise en scène humaine de leurs compagnons.
dangers liés à l’anthropomorphisme
Prêter des émotions humaines aux animaux peut créer des malentendus dans leur compréhension et gestion de leurs comportements. Voici cinq exemples illustrant ces erreurs d’interprétation.
- Concernant la stérilisation chez le chien. Beaucoup de propriétaires considèrent cette opération comme une mutilation, croyant à tort que leur animal perdrait sa virilité ou sa capacité à ressentir du plaisir. En réalité, la castration ne supprime pas le sentiment de sexualité puisqu’elle réduit simplement la production de testostérone, mais n’élimine pas le besoin instinctif de reproduction, qui ne survient généralement qu’après la naissance des petits. Quant à la chienne, son instinct maternel ne disparaît pas avec la stérilisation et ne relève pas d’un désir de reproduction personnel.
- Le chien et la culpabilité. On pense parfois que nos animaux ressentent un sentiment de remords ou de conscience du mal lorsqu’ils font une bêtise. En vérité, ils perçoivent surtout nos réactions, nos intonations et nos gestes. Lorsqu’un chien se cache ou vient nous lécher après une erreur, il manifeste plutôt sa crainte d’une éventuelle réprimande ou tente de montrer sa soumission, sans véritable notion de culpabilité morale.
- Le chien et la revanche. Si un animal détruit des objets ou fait ses besoins à l’intérieur de la maison quand il se sent seul ou stressé, cela ne traduit pas une volonté de punir ou de se venger de son maître. Ces comportements sont une réponse à une détresse ou un abandon affectif, plutôt qu’un acte de représailles.
- Le chat et la jalousie. Lorsqu’un chat marque son territoire en urinant près du lit où repose un nouveau venu ou un autre animal, il n’est pas jaloux comme le penseraient certains. Son comportement est plutôt une réaction instinctive à une menace perçue ou à un changement dans son environnement. En réalité, cette réaction traduit sa volonté de protéger ses ressources ou de gérer une nouvelle routine, et non une émotion de jalousie propre à l’humain.
- Le chat et ses préférences alimentaires. En tant que carnivore, le chat a des besoins nutritionnels spécifiques, très différents de ceux de ses propriétaires. Certains aliments couramment consommés par l’humain, comme le chocolat ou l’ail, peuvent être toxiques, voire mortels pour eux. Il est donc crucial de ne pas leur donner des restes issus de notre assiette, car même de petites quantités peuvent entraîner des troubles digestifs ou des intoxications.
conclusion : l’anthropomorphisme chez les animaux
Il n’est pas rare de voir des chiens habillés de costumes ou coiffés comme de petits humains dans le cadre de vidéos ou de séances photos. Si cette mise en scène prête parfois à sourire, elle peut également masquer la vraie nature de leur bien-être. Le fait de leur donner des qualités et des sentiments exclusivement humains peut fausser notre perception de leurs véritables émotions et favoriser des erreurs d’interprétation. En imaginant que notre animal s’ennuie ou ne ressent rien, on risque de négliger ses vrais besoins ou de lui faire subir un traitement inadapté. Selon plusieurs recherches, forcer un animal à adopter des comportements qui ne correspondent pas à ses instincts ou à ses capacités revient à une forme involontaire de maltraitance, simplement parce qu’on applique une vision anthropocentrique de leur vie.