Pour certains, évoquer le terme « coquillage » évoque immédiatement des spécialités de fruits de mer, tandis que pour d’autres, cela évoque simplement une scène de plage avec des coquilles dispersées dans le sable. La plupart du temps, cette image renvoie à un univers inanimé, mais en réalité, ces structures cache une biodiversité animale remarquable. Plongeons dans cet univers fascinant.
Qu’est-ce qu’un coquillage ?
Les coquillages appartiennent à un groupe d’êtres vivants baptisés mollusques, généralement aquatiques, même si quelques espèces terrestres existent, comme certains escargots. Leur corps est de consistance molle, souvent protégé par une coquille calcaire. Le terme « coquillage » désigne exclusivement ces mollusques dotés d’une coquille, ou la coquille vide laissée par un animal décédé. Il est fréquent de confondre ces structures avec d’autres organismes marins non mollusques, tels que les oursins ou les bernacles, qui ne font pas partie de cette catégorie.
Les différentes catégories de coquillages
Les coquillages se répartissent en trois grandes classes selon la structure de leur coquille, appelée « valve » :
- Les uni-valves, composés d’une seule pièce.
- Les bi-valves, dont la coquille est constituée de deux parties articulées.
- Les multi-valves, dont la coquille est formée de plusieurs segments ou pièces.
Les univalves comprennent notamment les scaphopodes, se caractérisant par une coquille tubulaire, fine et arquée, avec une ouverture à chaque extrémité. La plus connue de cette famille est la dentale. La partie à l’avant, abritant le pied fouisseur et les tentacules, possède la plus grande ouverture et est généralement partiellement enfouie dans le sédiment. Bien que généralement petits, certains atteignent jusqu’à 15 cm. Ces mollusques ne sont pas destinés à la consommation humaine.
Les gastéropodes, ou « coquillages » classiques, se reconnaissent à leur coquille enroulée, qui dans certains cas peut disparaître. La majorité vivent en milieu marin, bien que quelques espèces d’eau douce existent. Parmi eux, le bulot et le bigorneau, appréciés pour leur chair, sont très consommés. D’autres, comme les cônes ou les murex, sont surtout prisés pour la beauté de leur coquille, souvent utilisée à des fins décoratives.
Les bivalves se distinguent par leur coquille en deux parties mobiles, entourant leur corps. La majorité des coquillages que l’on consomme, tels que l’huître, la moule ou la coquille Saint-Jacques, appartient à cette catégorie.
Les multivalves comptent peu d’espèces. Parmi elles, les chitons, dont plusieurs segments articulés ornent leur dos. La compréhension scientifique a récemment changé leur classification, réalisant que certaines espèces autrefois considérées comme multivalves appartiendraient en réalité à des crustacés comme les balanes ou les anatifes.
Certains céphalopodes, comme le nautilus, possèdent une coquille visible, mais cette caractéristique ne correspond pas à une classification précise. Notons que le nautilus est le seul céphalopode à posséder une vraie coquille.
Structure de la coquille
Les coquilles résultent généralement de trois couches distinctes :
- La couche externe, composée de polysaccharides et de protéines, arbore des formes variées.
- La couche médiane, majoritairement en aragonite, passant perpendiculairement à la surface, renforce la coquille.
- La couche interne, appelée nacre, est également formée d’aragonite, organisant ses cristaux en lamelles parallèles à la surface, ce qui produit cet aspect irisé si apprécié.
Les mollusques naissent en tant qu’œufs, dès leur sortie, ils disposent d’une coquille déjà formée. Au fil de leur croissance, la coquille s’épaissit grâce à l’ajout continu de nouvelles couches de matière.
Consommation et précautions sanitaires
La France détient le record mondial de consommation de coquillages frais, avec notamment 2,3 kg par habitant chaque année pour les huîtres. Cependant, cette pratique soulève des enjeux de santé publique, car ces organismes filtrent l’eau pour se nourrir, accumulant ainsi des substances indésirables. Ils retiennent en particulier des métaux lourds tels que le cadmium et le plomb, devenant des vecteurs potentiellement dangereux. La moule, par exemple, stocke deux fois plus de plomb que l’huître, qui en accumule quatre fois plus de cadmium.
Pour cette raison, la réglementation encadre strictement la production, la collecte et la commercialisation de ces mollusques, afin de garantir leur sécurité à la consommation.
Les coquillages dans les cultures humaines
La fascination pour la brillance des coquillages et leur diversité de formes remonte à la nuit des temps. Depuis toujours, ils servent à fabriquer bijoux, objets décoratifs, outils, ou même monnaies, un peu partout dans le monde. Leur résistance et leur facilité de taille expliquent leur utilisation pour diverses applications artisanales : certains se trouvaient déjà taillés pour devenir des coupes, des baignoires ou même des fontaines baptismales. D’autres, avec des bords tranchants, étaient employés comme couteaux ou scies. Les Mayas utilisaient également la nacre pour des implants dentaires.
Grâce à leur riche composition en carbonate de calcium, ces structures naturelles étaient considérées pour leurs vertus médicales : elles auraient aidé à la régénération osseuse, amélioré la cicatrisation, stimulé la digestion, renforcé le fonctionnement des reins, ou encore combattu l’arthrite et renforcé la santé des femmes enceintes. Cette tradition se perpétue aujourd’hui dans certains domaines thérapeutiques.
Pour les collectionneurs, il est important de savoir que la couleur des coquillages peut s’altérer sous l’effet de la lumière solaire. Ainsi, ceux trouvés sur les plages tendent à perdre de leur éclat, comparés à ceux issus des fonds marins profonds. Enfin, il est à noter que la collecte sauvage de coquillages est encadrée par une réglementation spécifique, visant à préserver ces précieux organismes.