Chaque année, le retour du printemps signale le réveil d’une invasion d’escargots, prêts à s’attaquer à vos jeunes plants et semis. Malgré tous les soins que vous apportez à votre jardin, ces mollusques à coquille persévèrent à faire de vos plantations leur terrain de festin. La bonne nouvelle, c’est qu’il existe plusieurs astuces pour réduire leur présence, notamment grâce à des pièges bricolés ou des méthodes naturelles. Découvrez comment agir efficacement contre ces hôtes indésirables.
Les escargots : des voraces sans limite
Le nombre d’espèces différentes d’escargots est impressionnant, avec près de 200 000 recensées officiellement, mais selon l’entomologiste Benoît Fontaine, leur population globale pourrait osciller entre 5 et 10 millions. Ces mollusques, qu’ils soient terrestres ou aquatiques, appartiennent tous à la famille des mollusques. Leur mode de déplacement se limite à une glissade vers l’avant à l’aide d’une seule étape : la reptation. En termes d’alimentation, ils possèdent une radula, une langue recouverte de centaines de dents qui leur permet de ronger divers aliments. Selon leur régime, ils peuvent se nourrir de végétation (phytophages) ou de matières en décomposition, mais certains sont aussi carnivores ou cannibales. Leur appétit déchaîné cause souvent des ravages dans les jardins, en particulier sur les jeunes feuilles, les plantules ou les fruits en maturation, comme les fraises, les tomates ou encore les pommes. Ils peuvent également propager des maladies fongiques, notamment aux alentours des cultures fruitières.
Cependant, la présence de certains prédateurs, tels que les hérissons, les oiseaux ou les scarabées, contribue à réguler leur population. Mais cela ne suffit souvent pas : un ramassage manuel, effectué au lever ou au coucher du soleil, reste une méthode efficace pour diminuer leur nombre. Pour une action plus large, il est parfois nécessaire d’utiliser des produits chimiques, mais il existe aussi des solutions naturelles à base de pièges faits maison, qui peuvent se révéler très performants.
Quels techniques de piégeage privilégier ?
Si vos cultures sont dévastées par ces gastéropodes, voici plusieurs stratégies pour les capturer efficacement et préserver votre jardin.
1 – Le piège à la bière
Le concept consiste à remplir un récipient profond avec de la bière, puis à l’enfouir de façon à ce que l’ouverture dépasse légèrement du sol. Cette ouverture doit laisser un espace pour éviter que des insectes bénéfiques ou autres petits animaux ne s’y noient. La levure contenue dans la malt a un pouvoir d’attraction irrésistible pour les escargots, qui finiront par se noyer dans le liquide. Installer plusieurs de ces pièges dans votre potager peut considérablement réduire leur nombre. Pour davantage d’efficacité, vous pouvez ajouter un peu de levure fraîche ou de bière supplémentaire.
Il est conseillé de couvrir ces pièges avec une soucoupe maintenue par des petits Branches ou des cailloux, pour les protéger de la pluie et, surtout, éviter que d’autres animaux ne soient intoxiqués, comme les hérissons ou les petits mammifères.
2 – Le piège au phosphate de fer
Ce composant, utilisé comme molluscicide dans le commerce, attire puis élimine les escargots qui entrent en contact avec lui. Disposé à intervalles réguliers dans votre jardin (tous les 3 à 10 mètres ou en un piège par carré de potager), il agit en attirant ces mollusques qui, à leur contact, succombent. La mort n’est pas immédiate, il faut patienter quelques jours, mais la sécurité est assurée : ce produit est sans danger pour les humains et animaux domestiques.
3 – Le piège à base de sodium ferrique (EDTA)
Ce molluscicide, sous forme de granulés ou de poudre, élimine les escargots en environ trois jours. Il se dépose en fine couche sur le sol en soirée, attirant ainsi ces hôtes glissants qui mangent l’appât et cessent d’exister. La prudence reste recommandée, notamment si des enfants ou des animaux de compagnie se trouvent à proximité, même si le produit est considéré comme peu toxique.
4 – Faites appel à vos poules !
Si vous avez la chance d’élever des gallinacés, leur laisser l’accès à votre jardin peut s’avérer très efficace. Protégé par un grillage, votre poulailler deviendra un véritable chasseurs d’escargots : ces oiseaux ont un goût prononcé pour les mollusques qu’ils dévorent rapidement. Bien que leur activité soit majoritairement diurne, elles jouent un rôle conséquent dans la diminution de leur présence en soirée, lorsque ces derniers sortent de leur cachette. Sinon, envisager d’adopter des poules pourrait bien changer la donne dans la lutte contre ces envahisseurs.
5 – Le piège au cuivre
Le cuivre, sous forme de fil ou de bande, constitue une barrière dissuasive contre les escargots. Vous pouvez l’enrouler autour des pieds de vos plants ou l’étendre sous forme de ruban autour de vos pots. La particularité de ce matériau est qu’il émet de faibles décharges électriques lorsqu’il entre en contact avec des corps humides, ce qui repousse naturellement ces mollusques. Vous pouvez également récupérer de vieux tuyaux de cuivre en les dispersant dans votre espace vert.
6 – La solution naturelle
Les escargots adorent rester dans des endroits humides et ombragés. En déposant une planche en bois dans un coin discret de votre jardin et en y plaçant des épluchures de légumes en dessous, vous créez un havre pour leur nidification. Au matin, il suffit de retourner la planche pour capturer les escargots et les éloigner durablement en les jetant loin de votre jardin. Leur lenteur (ils se déplacent à environ 6 cm par minute) facilite cette opération et empêche leur retour rapide.
Où installer vos pièges à escargots ?
Pour optimiser leur efficacité, il est judicieux de placer ces dispositifs loin de vos zones de culture sensibles. Ainsi, ils seront attirés loin de vos plantations principales, et la probabilité qu’ils s’y arrêtent en chemin sera réduite. Les pièges et barrières naturelles ou abrasives, tels que les granulés ou les coquilles d’œufs, doivent être positionnés en proximité immédiate des plantes à protéger, pour créer une barrière efficace contre leur invasion.
Combien coûtent les solutions de piégeage ?
Il est possible de fabriquer soi-même des pièges économiques, en récupération ou avec des matériaux courants. Si vous optez pour des modèles produits commercialement, vous pouvez en trouver en jardinerie, en boutique bio ou en ligne. Les prix varient selon la méthode choisie : les dispositifs écologiques, plus respectueux de l’environnement, ont tendance à coûter entre 10 et 25 euros, tandis que les versions chimiques se trouvent entre 5 et 15 euros.
La surface à couvrir influence également le nombre de pièges nécessaires. Toutefois, l’investissement initial permet de réduire significativement les pertes engendrées par ces mollusques et de préserver la santé de votre jardin.
Techniques simples pour limiter la prolifération d’escargots
Adopter quelques comportements réguliers peut prévenir l’installation massive de ces mollusques dans votre espace vert. Voici quelques conseils pratiques.
1 – Privilégiez l’arrosage le matin
Les escargots sont principalement actifs durant la nuit, lorsque la fraîcheur est au rendez-vous. Arroser en soirée maintient le sol humide, favorisant leur reproduction. En revanche, effectuer l’arrosage en matinée permet à la surface du sol de sécher, ralentissant ainsi leur activité reproductive.
2 – Éloignez votre compost
Un compost situé à proximité du potager attire naturellement ces mollusques en raison de la matière organique en décomposition. Pour éviter qu’ils nichent dans votre jardin, placez votre compost à distance ou utilisez des mesures pour le protéger, comme des barrières ou des couvercles. La même précaution s’applique à l’utilisation de paillis ou de paille, qui deviennent autant d’incitations pour les escargots à s’installer.
3 – Créez une barrière abrasive
Dispersez autour de vos plantations des matériaux tels que le marc de café, la cendre, des copeaux de bois ou des coquilles d’œufs. Ces substances, désagréables au toucher pour ces mollusques, peuvent efficacement dissuader leur passage. La terre de diatomée, qui assèche leur corps, est également efficace, mais doit être renouvelée après chaque pluie pour maintenir son action.
4 – Évitez les pesticides
Dans votre démarche de lutte écologique, il est préférable de bannir les produits chimiques. Les pesticides toxiques non seulement contaminent votre sol et votre eau, mais peuvent aussi nuire à la faune locale, notamment aux hérissons, aux oiseaux ou aux petits mammifères. De plus, un escargot contaminé peut transmettre ses toxines à ses prédateurs, créant un effet domino néfaste pour tout l’écosystème de votre jardin.