Glaucus atlanticus, souvent désigné sous le nom de dragon bleu, est une fascinante créature marine arborant un éclatant ton de bleu électrique. Malgré sa lenteur, se déplaçant à raison d’environ 1 mètre par heure, ce mollusque possède une arme redoutable : il peut injecter une piqûre très douloureuse, accompagnée d’un venin puissant qu’il tire de ses proies pour se défendre ou se nourrir. Une bête étrange à manipuler avec précaution, notamment avec des gants !
Présentation de Glaucus atlanticus ou dragon bleu
Souvent appelé également hirondelle de mer ou dragon bleu, cet organisme appartient aux nudibranches, ces limaces marines dépourvues de coquille. Distincte des limaces terrestres, cette classe d’invertébrés marins se reconnaît par leur position particulière des branchies, situées derrière leur cœur.
Les glaucinins forment une famille de mollusques pélagiques regroupant un seul genre, Glaucus, avec deux espèces connues : Glaucus atlanticus et Glaucus marginatus. Ces limaces vivent en surface ou juste en dessous, dans la zone de contact avec l’air, ce qui leur confère leur statut d’organismes neustoniques. Ils en tirent leur nom car ils évoluent dans une zone spécifique de l’océan, souvent en tant que prédateurs ou proies pour d’autres espèces de surface.
Description visuelle du dragon bleu
De petite taille, mesurant généralement entre 3 et 6 cm, Glaucus atlanticus se démarque par ses extensions filamentaires longues et effilées, lui donnant une allure d’hirondelle. Ces appendices, appelés cérates, sont déployés en trois paires par côté, formant ce qui semble être des petites ailes. Parfois, une quatrième paire se manifeste, fusionnée partiellement avec la précédente. Leur coloration alterne entre le bleu électrique et un gris argenté sur la face latérale, tandis que la face dorsale affiche un gris uni. La tête est surmontée de deux petits tentacules coniques appelés rhinophores, servant probablement à la détection sensorielle.
Mode de vie du Glaucus atlanticus
Ce mollusque ne possède pas de capacité de déplacement rapide ; il dérive simplement à la surface de l’eau, propulsé par le courant marin. Son principal moyen de flotter consiste en un sac à gaz contenu dans son estomac, qu’il remplit en avalant de l’air pour rester à l’envers. Ses nombreux appendices lui servent à stabiliser sa position face aux mouvements de l’eau. La différence de coloration entre la face dorsale et ventrale lui permet d’adopter une homochromie, se camouflant ainsi autant face au ciel qu’à la surface aquatique, ce qui lui confère une protection contre de nombreux prédateurs tels que certains oiseaux ou poissons.
Habitat et distribution
Ce poisson est présent dans une vaste zone géographique couvrant la majorité des régions chaudes et tempérées du globe. Il évolue dans tous les grands océans, notamment le Pacifique, l’Indien et l’Atlantique, en raison de sa répartition pélagique. Son occurrence a été largement rapportée dans le golfe du Mexique, la mer des Caraïbes, la Méditerranée ou encore la mer Rouge. Vivant à la surface ou juste en dessous, il appartient à la catégorie des organismes neustoniques, privilégiant les eaux éloignées du littoral.
Alimentation du dragon bleu
En tant que prédateur, Glaucus atlanticus se nourrit d’organismes pélagiques de taille souvent supérieure à la sienne. Il consomme principalement des hydrozoaires (ou hydraires), qui flottent à la surface et partagent son habitat. Ces animaux, regroupés sous le nom de flotte bleue par le biologiste marin Alister Hardy, incluent notamment trois espèces porteuses de cellules urticantes : les physalies (Physalia physalis et Physalia utriculus), les vélelles (Velella velella et Velella lata) ainsi que les porpites (Porpita porpita). Il se nourrit aussi de janthines (Janthina janthina), ces gastéropodes flottants, en utilisant ses mâchoires chitineuses et sa succion buccale pour attraper ses proies.
Le dragon bleu est-il dangereux ?
Son venin, que l’on trouve chez ses proies hydrozoaires, lui confère un pouvoir urticant notable. Il est capable de sélectionner parmi ses victimes celles équipées des cellules urticantes les plus venimeuses, qu’il stocke ensuite dans des cnidosacs. Insensible à leur toxicité, il accroît cependant le danger pour ceux qui entrent en contact avec lui, car sa piqûre peut entraîner de graves réactions, y compris une choc anaphylactique ou une infection qui peut mettre en danger la vie. La douleur intense peut aussi provoquer une perte de conscience ou une noyade chez un baigneur ou un surfeur piqué, notamment si le contact survient lors d’un échouage.
Reproduction et cycle de vie
Le Glaucus atlanticus n’est pas un animal social, il vit seul. En tant qu’***hermaphrodite***, il possède autant d’organes reproducteurs mâle que femelle, mais ne peut pas se féconder lui-même. Lors de l’accouplement, deux individus se font face pour entrer en contact buccal, puis déploient leurs longes pénis qu’ils entrelacent. Ils échangent alors leur sperme et le stockent dans leurs cavités génitales respectives, processus qui dure environ une heure. La reproduction s’accompagne de la libération de plusieurs dizaines d’œufs, souvent déposés en surface ou attachés à des supports flottants tels que du bois. Un couple peut pondre plusieurs fois par heure, produisant ainsi une quantité importante d’œufs daily.
Après une période de quelques jours, les œufs éclosent pour donner naissance à une larve trochophore, qui devient ensuite une larve véligère avec un voile. La larve poursuit sa croissance en se stimulant par la vie planctonique, transformant progressivement en jeunes mollusques puis en adultes pleinement formés. La durée de vie d’un individu est généralement de 2 à 3 ans. Actuellement, cette espèce n’est pas considérée comme menacée et ne bénéficie d’aucune mesure particulière de protection.
Crédit photo : Sylke Rohrlach