Tortue Mauresque de Tunisie : caractéristiques et zones de vie

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Crédit photo : Lorenzo Santoni

La tortue mauresque, spécifique à la Tunisie, appartient à la famille des tortues grecques. On la retrouve principalement dans le Sud de l’Espagne, la Turquie, le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord, l’Afghanistan, ainsi qu’au Nord-Est de la Grèce. Bien que son nom évoque la Tunisie, son territoire s’étend aussi en Libye. Si vous souhaitez en apprendre davantage sur cette espèce fascinante, vous êtes au bon endroit !

Habitat et localisation

Ce reptile exige un climat chaud, ensoleillé et sec. Les régions qu’elle occupe bénéficient d’intensités d’ensoleillement annuelles comprises entre 2 500 et 3 000 heures. Lors des saisons estivales, le soleil peut briller jusqu’à 13 heures par jour, tandis qu’en période hivernale, cette durée diminue à environ 7 heures. Les températures estivales peuvent grimper jusqu’à 50°C, mais la tortue est capable de se mettre à l’ombre pour éviter la surchauffe. En hiver, ses températures préférées restent généralement au-dessus de 10°C.

En Tunisie, cette espèce est souvent observée dans la région nord, où elle habite des zones de forêts, steppes, oliveraies ou oasis. Elle favorise des terrains à végétation basse et un sol meuble adapté pour creuser des refuges. En tant qu’herbivore, son alimentation se compose principalement d’herbes, de feuilles, de fleurs, et plus rarement, de fruits.

Apparence et caractéristiques physiques

La tortue mauresque ressemble à la tortue d’Hermann, mais avec une teinte plus lumineuse, tirant vers le jaune. La coloration des spécimens peut varier, notamment la teinte du plastron qui peut être plus ou moins sombre. Les pattes arborent généralement des tons brun-jaune, et la tête, souvent plus foncée, est marquée par une tache jaune frontale. Une version différente, plus grande, est également présente à l’intérieur des terres tunisiennes, par opposition à celle des zones côtières.

Comme beaucoup de tortues mauresques, elle possède des ergots sur ses pattes arrière, avec une différence notable dans le nombre de griffes : cinq devant et quatre derrière.

Chez les adultes, la taille varie : les mâles mesurent entre 10 et 14 centimètres de long pour un poids allant de 200 à 400 grammes, tandis que les femelles peuvent atteindre 16,5 centimètres pour un poids de 300 à 600 grammes.

Comportement selon les saisons

Cette tortue est essentiellement solitaire, vivant seule en dehors de la saison de reproduction. La période où elle est la plus active dure de décembre à mars en Tunisie, durant laquelle mâles et femelles se rencontrent pour l’accouplement. Les mâles se déplacent avec agilité et rapidité pour poursuivre leur quête. Après la fécondation, la femelle creuse un trou dans le sol pour y déposer ses œufs, lesquels incubent plusieurs mois avant l’éclosion, généralement à la fin de l’été ou en début d’automne.

Dans le nord du pays, en revanche, la température dépasse souvent 35-40°C en juin, juillet et août, empêchant la tortue d’être active en journée. C’est à cette période qu’elle entre en estive, se réfugiant sous une pierre, dans une cavité ou sous un buisson pour supporter la chaleur. Elle conserve ses sorties matinales ou en fin d’après-midi pour s’alimenter.

En hiver, de novembre à février, les températures nocturnes tournent autour de 7-8°C, tandis que les températures diurnes restent plus douces, entre 25 et 30°C. La croissance des plantes naturelles pendant cette période assure l’alimentation de l’animal, ce qui expliquerait pourquoi elle ne hiberne pas. En captivité, il est donc préférable de ne pas provoquer d’hibernation, car ces tortues provenant du sud tunisien vivent tout au long de l’année sans période de repos hivernal.

Prédation et menaces

Les principaux prédateurs de la tortue mauresque sont les renards, les chiens sauvages, ainsi que certains rapaces. Les jeunes, ainsi que les œufs, restent particulièrement vulnérables à ces dangers. D’autres animaux, comme certains reptiles, peuvent aussi représenter une menace. Par ailleurs, même si ce ne sont pas des prédateurs directs, la présence de chèvres, moutons et bovins peut endommager leurs abris végétaux et ainsi exposer ces tortues à des risques supplémentaires.

Déclin de la population

Historiquement très abondante, cette espèce a connu un déclin significatif au cours des cinquante dernières décennies, notamment lors de la période coloniale. Sa douceur et son apparence la rendent attrayante pour le tourisme, notamment pour les familles, ce qui a accentué la pression sur ses populations naturelles. De plus, des superstitions locales la considèrent comme un symbole capable d’éloigner le mauvais œil. La vente sur les marchés ou l’achat par des touristes ont également contribué à sa diminution, notamment lorsque des spécimens sont saisis à la frontière ou morts lors de tentatives d’exportation, notamment en Europe où l’hiver rigoureux leur est fatal.

Ces prélèvements massifs, souvent cruels, ont fragmenté la diversité génétique de l’espèce. Si certaines tortues sont relâchées dans des espaces protégés, leur origine géographique est souvent ignorée, ce qui peut entraîner une pollution génétique et une disruption de la diversité locale.

Grâce à une législation internationale, cette tortue est aujourd’hui protégée. Son inscription dans l’Annexe II de la Convention de Berne et dans l’Annexe A du Règlement de l’Union européenne interdit toute capture, transport ou commerce en milieu naturel. Pourtant, une vigilance reste nécessaire, car des trafics clandestins persistent. Désormais, ceux qui souhaitent en posséder doivent se tourner vers des élevages agréés pour acquérir des spécimens nés en captivité.

Les passionnés intéressés par cette espèce doivent agir avec responsabilité afin d’assurer sa survie et sa prospérité futures, en respectant les réglementations en vigueur et en privilégiant la conservation plutôt que la simple possession.