La caouanne est une espèce de tortue marine parmi les plus courantes à travers le monde, notamment en Méditerranée où elle est fréquemment rencontrée. Chez cette créature, les mâles évoluent uniquement en milieu aquatique, tandis que les femelles viennent déposer leurs œufs sur des plages qu’elles creusent spécialement pour la ponte. Juste après, elles retournent en mer, laissant leurs jeunes vulnérables face à de nombreux dangers. Ce portrait présente une tortue qui, face à de multiples menaces, doit lutter pour sa survie.
Présentation de la tortue caouanne
Connue également sous le nom de tortue carette ou de caret, cette espèce appartient à l’ordre des testudines et à la famille des chéloniidés, dont elle est le plus grand représentant. Elle mesure généralement entre 1,10 m et 1,25 m de long, avec un poids oscillant entre 120 et 160 kilogrammes. La carapace de cette tortue, recouverte d’écailles, diffère de celle de la tortue Luth : elle ne possède pas de carène, et ses écailles sont épaisses, de forme cornée, souvent recouvertes d’algues ou de crustacés microscopiques. La caouanne a une large répartition planétaire dans les eaux tempérées et tropicales, située entre le 40e parallèle sud et le 60e parallèle nord. Après la tortue verte, elle est la deuxième espèce de tortue marine la plus répandue dans le monde entier, notamment en Méditerranée. On distingue deux principales sous-espèces :
- Caretta caretta caretta en Atlantique ;
- Caretta caretta gigas dans le Pacifique.
Comment distinguer la caouanne ?
Pour reconnaître cette espèce, plusieurs caractéristiques physiques essentielles suffisent :
- La tête. Elle est large, pouvant atteindre 25 cm, et sa longueur représente plus d’un quart de la longueur totale de la carapace. Taillezée avec de fines écailles bordées de jaune pâle, elle possède quatre écailles frontales. Son bec pointu abrite des mâchoires puissantes, et ses narines ainsi que ses orbites sont orientées latéralement. Son cou est court et robuste, partiellement rétractile ;
- Les membres. Munis de deux griffes, les bras antérieurs sont aplatis pour favoriser la nage, ressemblant à des palettes. Les membres postérieurs, également couverts d’écailles, jouent un rôle de gouvernail, facilitant la propulsion et la stabilité en mer. Tous les membres sont équipés d’écailles ;
- La carapace. Elle présente une forme peu bombée, évoquant approximativement un cœur. Deux ouvertures permettent de faire passer la tête, les membres et la queue. Les plaques cornées qui la composent sont minces, généralement recouvertes d’algues ou de petits crustacés. La structure osseuse de la colonne vertébrale et des côtes est liée à la carapace, qui comprend des plaques osseuses appelées ostéodermes ;
- La couleur. La dorsale affiche des teintes brun- orangé, parsemée de taches claires. Le plastron ou ventre est pâle, jaune, avec de légères taches orangées. Chez le jeune, la carapace est souvent foncée, allant du brun au gris, avec éventuellement des pattes plus claires.
Habitat et répartition géographique
Ce reptile occupe toutes les mers du globe, entre le 40e parallèle sud et le 60e parallèle nord, notamment dans l’océan Indien, Atlantique, Pacifique et en Méditerranée. Elle évite généralement les eaux proches des côtes, préférant rester en haute mer. En période de reproduction, elle fréquente surtout les zones situées dans les régions subtropicales et tempérées. En Méditerranée, elle niche principalement sur les côtes grecques, chypriotes, turques, israéliennes, libanaises, libyennes ou tunisiennes. Ailleurs dans le monde, ses sites principaux de ponte sont situés en Floride, au Mexique, à Porto Rico, en Colombie, au Brésil, en Afrique du Sud, à Madagascar, dans plusieurs îles comme le Cap-Vert, ou encore dans certains pays asiatiques tels que le Myanmar, le Japon, l’Australie ou la Nouvelle-Calédonie.
Régime alimentaire de la caouanne
Cette tortue ayant une alimentation principalement carnivore, elle se nourrit de mollusques, crustacés et autres invertébrés marins. Sa diète varie selon qu’elle nage en pleine eau ou reste près des côtes. Elle consomme régulièrement des méduses, calmars, poissons (notamment ceux à faible vitesse de fuite comme les poissons volants ou les syngnathidés), bivalves, crabs, oursins, anémones, limules, vers marins ou physalies. Sa puissance mandibulaire lui permet de déchiqueter facilement ses proies, notamment celles à déplacement lent. Même si elle n’a pas de dents, ses mâchoires sont équipées de plaques tranchantes, et un muscle puissant lui sert à broyer et ingérer crustacés et coquillages.
Mode de vie et comportements
Comme toutes les tortues marines, la caouanne respire par ses poumons et doit périodiquement remonter à la surface pour respirer. Elle adore se prélasser au soleil, se laissant dériver au gré des courants marins pour se réchauffer. Étant migratrice, cette tortue parcourt de très longues distances pour rejoindre ses sites de pontes. Sa capacité d’orientation exceptionnelle lui permet de se repérer dans la vaste étendue océanique, notamment via le champ magnétique terrestre. Elle utilise aussi les courants chauds pour optimiser ses longues migrations, en profitant des flux thermiques pour économiser de l’énergie.
Reproduction et cycle de vie
Les femelles atteignent leur maturité sexuelle entre 10 et 30 ans, et ne se reproduisent qu’après plusieurs années. Lors de l’accouplement, qui a lieu en mer, le mâle utilise ses griffes pour s’accrocher à la carapace de la femelle. La femelle, une fois prête, retourne sur la plage pour pondre. Elle creuse un nid dans le sable à l’aide de ses pattes antérieures et dépose entre 70 et 120 œufs dans un trou de 50 cm de profondeur. Elle recouvre ensuite les œufs de sable et répète l’opération plusieurs fois durant la saison, construisant parfois plusieurs nids éloignés ou proches. Après la ponte, elle quitte le site pour retrouver la mer, laissant ses jeunes naître et débuter leur phase de dérive.
Naissance et développement des jeunes
Les œufs mesurent entre 3 et 5 cm de diamètre, avec une coquille souple pour résister à l’impact lors de la chute. La température du nid durant l’incubation, qui dure entre 45 et 65 jours, influence le sexe des embryons : des températures entre 28 et 30°C donnent naissance à des mâles, au-delà, à des femelles. À l’éclosion, les petits, brun foncé et d’environ 55 mm, sortent de leur coquille à l’aide d’une pointe en forme de diamant située au bout de leur bec. Rapidement, ils se dirigent vers la mer, vulnérables face aux prédateurs naturels. Lors de leur migration initiale, ils se laissent porter par les courants pour atteindre des zones riches en nourriture et poursuivre leur croissance.
Protection et statut de l’espèce
Une fois adultes, ces tortues font face à peu de menaces naturelles, à l’exception de certains grands requins. En revanche, leurs œufs et leurs jeunes sont très exposés à de nombreux prédateurs terrestres et marins, ce qui entraîne un taux élevé de mortalité à ces stades de vie. Parmi leurs prédateurs figurent divers vers, insectes, céphalopodes, poissons, oiseaux et mammifères : mouettes, orques, phoques, hérissons, ratons-laveurs, chiens errants, etc. La pression anthropique a aussi considérablement réduit leur nombre, menant à une classification en danger vulnérable selon la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature. Les principales menaces humaines comprennent :
- Les captures accidentelles lors de pêches industrielles, les prises accessoires étant souvent fatales ;
- Les infrastructures touristiques qui empiètent sur leurs sites de ponte ;
- La chasse pour leur viande ou leur peau ;
- Les collisions avec des bateaux ;
- La pollution marine, notamment l’ingestion de plastiques ou la contamination par des produits chimiques ;
- La collecte des œufs à des fins culinaires ;
- Le réchauffement climatique, qui modifie la température des nids, compromettant la reproduction et la survie des générations futures.