Les reptiles marins appelés tortues existent depuis environ 150 millions d’années, ayant coexisté avec les dinosaures bien avant l’apparition des humains. Leur longévité dépasse généralement celle des êtres humains, avec une durée de vie moyenne qui tourne autour de 60 ans pour la majorité des espèces. Néanmoins, la tortue géante des Galápagos se distingue nettement par sa longévité exceptionnelle. Mais cette particularité est-elle valable pour toutes les sortes de tortues ? Leur espérance de vie est-elle aussi longue ? Explorons ces questions en détail.
Focus sur la tortue géante des Galápagos
La tortue géante des Galápagos est un spécimen impressionnant, entièrement terrestre : sa taille peut atteindre 1,20 m et son poids franchir les 200 kg. Certains records connus dans le passé témoignent de tortues dépassant les 400 kg, enregistrées au début des années 2000. La durée de vie moyenne de ces reptiles n’est pas précisément quantifiée, mais il est généralement admis qu’elle se situe entre 150 et 200 ans.
Ces tortues figurent parmi celles qui jouissent de la plus longue espérance de vie. Les chercheurs tentent de percer le secret de leur longévité extraordinaire. Leur environnement insulaire, isolé et dépourvu de nombreux prédateurs, semble jouer un rôle favorable. Cependant, c’est principalement la robustesse de leur système immunitaire qui les protège contre divers cancers et infections. En analysant leur génome, les scientifiques ont découvert que ces tortues disposent de mécanismes de défense contre les cellules étrangères ou pour limiter la croissance des tumeurs, ainsi que des capacités de réparation de leur ADN, plus avancés que chez d’autres espèces.
La longévité des autres tortues
Bien que certaines espèces soient parmi les vertébrés ayant la durée de vie la plus longue, ce n’est pas le cas de toutes. La durée de vie d’une tortue dépend aussi de son environnement. En captivité, avec des soins optimaux, une alimentation équilibrée et un habitat adapté, la plupart vivront plus longtemps que leurs homologues en liberté. En France, par exemple, les tortues d’Hermann dépassent souvent les 70 ans, pouvant même atteindre un siècle. Quant aux grandes tortues terrestres africaines, telles que la Centrochelys sulcata, elles peuvent également vivre plus de 100 ans, bien que la majorité atteigne 50 ans en moyenne. Les tortues de Horsfield, quant à elles, ont une espérance de vie d’environ 60 ans.
Il est important de souligner que détenir une tortue implique un engagement presque à vie. Il est conseillé de prévoir une famille d’accueil pour l’animal, en cas de disparition de son propriétaire, afin d’assurer sa survie et son bien-être.
La longévité des tortues marines est moins précise que celle de leurs homologues terrestres. Leur maturité sexuelle se produit généralement entre 15 et 20 ans, et il est supposé que certaines peuvent vivre jusqu’à ou au-delà de 100 ans. Cependant, ces estimations manquent souvent de précision concrète.
La majorité des tortues aquatiques d’eau douce, comme la cistude, vivent entre 60 et 70 ans à l’état sauvage, pouvant atteindre 100 ans en captivité. En revanche, leur espérance de vie moyenne est généralement plus courte comparée à d’autres espèces. La tortue d’eau de Floride, par exemple, ne vit que jusqu’à environ 30 ans dans la nature, mais peut facilement dépasser les 50 ans en captivité. Les Pelomedusa ou les tortues musquées communes ont une durée de vie d’environ 30 ans également. Certaines espèces, comme la tortue chinémyde de Reeves ou les Ocadia sinensis, présentent une longévité encore plus courte.
Comment déterminer l’âge d’une tortue ?
Estimer l’âge d’un individu n’est pas simple, surtout si la date de naissance exacte n’est pas connue. L’observation des bourrelets de croissance peut donner une idée, mais leur visibilité décroît avec l’âge en raison de l’usure de la carapace et de la croissance ralentie. La taille seule n’est pas un indicateur fiable, car les plus grandes ne sont pas toujours les plus âgées. Si la carapace est molle, cela indique généralement un jeune âge (moins de 4 ou 5 ans). Il est aussi possible d’observer les traits d’une écaille centrale de la carapace, en comptant celles qui y sont gravées : chaque trait foncé étant censé représenter une année. Toutefois, cette méthode présente des limites, notamment lorsque la croissance est perturbée par une alimentation de mauvaise qualité ou l’absence d’hibernation. La croissance étant variable selon l’espèce, il est difficile de déterminer avec précision l’âge d’une tortue лишь sur sa taille ou ses traits.
La stratégie de reproduction des tortues marines
La longévité de ces animaux, surtout chez les tortues marines, revêt toute son importance dans la réussite de leur cycle de vie. La survie lors de leurs premiers jours est un enjeu crucial pour leur avenir. La ponte comporte un nombre d’œufs variable : une petite ponte peut compter une cinquantaine d’œufs, comme c’est le cas pour la Natator, tandis que d’autres espèces pondent plus de 200 œufs à chaque nid. La fréquence de ponte varie aussi selon l’espèce, avec souvent trois à cinq pontes par saison, espacées d’environ deux semaines.
Les œufs sont déposés dans un trou creusé sur la plage, souvent celle où la femelle a été incubée, puis recouverts de sable. Ces nids peuvent être victimes de prédateurs tels que mangoustes ou chiens. Après environ deux mois d’incubation, les jeunes émergent simultanément, puis se dirigent vers la mer. Ce trajet peut durer plusieurs heures, durant lesquelles ils sont vulnérables à de nombreux prédateurs : crabes, oiseaux, etc. La carapace des jeunes demande du temps pour durcir et assurer leur protection. En mer, les jeunes tortues sont elles aussi la cible d’oiseaux et de grands poissons. La probabilité d’un bébé tortue d’atteindre l’âge adulte est estimée à seulement 1 pour 1000. Une fois adultes, elles doivent encore éviter requins et orques. La stratégie de reproduction repose donc sur une production massive d’œufs et une longue période de survie, complexifiée par de nombreux dangers à chaque étape.
Les menaces qui pèsent sur les tortues
La protection légale des tortues marines varie énormément selon les régions. Même si leur capture est interdite dans plusieurs pays, la pêche accidentelle continue de causer des pertes importantes, notamment à cause des filets qui les emprisonnent durant plusieurs heures ou jours, provoquant leur noyade. La pollution plastique en mer constitue une menace directe, tandis que la destruction de leurs sites d’alimentation ou de nidification, souvent à cause des activités humaines, fragilise leur survie. Sur terre, elles sont également confrontées à la dégradation des zones de ponte, à la pollution lumineuse qui désoriente les jeunes, ou au braconnage motivé par des croyances culturelles encore vivaces. Les tortues aquatiques et terrestres, tout comme leur environnement, sont en danger d’extinction. Certains groupes de populations sont ainsi considérés comme étant en voie de disparition.