Originaire des régions du sud-est américain, l’opheodrys se caractérise par sa teinte éclatante de vert vif. Ce serpent unique dans son genre possède une particularité rare : son régime alimentaire exclusivement composé d’insectes. Découvrez un reptile qui se fond naturellement dans la végétation verdoyante de son environnement, grâce à son camouflage exceptionnel.
Le serpent opheodrys : aperçu de sa famille
L’opheodrys, aussi désigné sous le nom de couleuvre verte rugueuse, appartient à la catégorie des squamates, un groupe de reptiles identifié par ses petites écailles caractéristiques et ses mues complètes, processus nommé desquamation. Il se classe parmi les colubridés, une famille de serpents dépourvus de crochets venimeux (aglyphes). Ces derniers regroupent plus de 1700 espèces, représentant environ 60 % de la diversité actuelle des serpents. On distingue deux sub-espèces d’opheodrys :
- Opheodrys aestivus aestivus, répandue dans le sud-est des États-Unis ;
- Opheodrys aestivus carinatus, présente uniquement dans le sud de la Floride.
Une coloration estivale pour l’opheodrys
Facilement identifiable grâce à sa teinte uniforme verte sur la tête, le dos et les flancs, cette espèce tire son nom scientifique aestivus de la saison estivale, période où la végétation se pare de vert. Son coloration innée lui sert de parfait camouflage dans le feuillage dense de son habitat d’origine. Son ventre, sa mâchoire et ses écailles labiales arborent des nuances jaune ou crème. La tête est légèrement plus large que le cou, et son corps fin présente 17 rangées d’écailles carénées en son centre. La taille moyenne de cette couleuvre varie entre 70 et 80 cm, avec un record attesté à 115 cm.
Une couleuvre américaine : l’opheodrys aestivus
Présente quasi exclusivement dans la partie sud-est des États-Unis, cette espèce évolue notamment en Illinois, Indiana, Ohio, Pennsylvanie, New Jersey, Delaware, Maryland, Virginie, Kentucky, Tennessee, Caroline du Nord et du Sud, Géorgie, Floride, Alabama, Mississippi, Louisiane, Arkansas, Missouri, Kansas, Oklahoma et Texas. Sa distribution s’étend également dans la région orientale du Mexique.
Son habitat : végétation et humidité à l’état naturel
L’opheodrys préfère évoluer près de zones forestières souvent situées à proximité de points d’eau, comme les prés humides, les rives de lacs, les marais ou les zones boisées. Majoritairement arboricole, il a tendance à se déplacer le long de branches, espérant sa proie dans le feuillage dense. Il peut également s’adapter à la vie et à la reproduction dans des jardins ou parcs urbains, à condition de disposer d’un environnement humide et riche en végétation.
Un régime basé sur les insectes
Ce qui distingue l’opheodrys des autres serpents, c’est sa diète exclusivement composée d’insectes. Contrairement à ses cousins carnivores, il ne chasse pas de vertébrés mais consomme des arthropodes, des vers ou d’autres petits invertébrés. Son menu inclut notamment des grillons, des blattes, des araignées ou des vers de terre. Active en journée, cette espèce se faufile à travers la végétation pour surprendre ses proies. Elle les ingère directement, sans utiliser de constrictions ou d’envenimation, étant naturellement dépourvue de venin (aglyphe).
Discrétion et tempérament : une couleuvre craintive
En milieu naturel, cette espèce timide se déplace silencieusement dans les arbustes et les buissons, évitant tout contact. Lorsqu’elle se sent menacée, elle peut cesser immédiatement tout mouvement. En captivité, elle se montre peu agressive, mordant rarement sauf en cas de forte crainte. Très nerveuse, elle peut rapidement être stressée par la manipulation, ce qui fait qu’elle n’est pas recommandée pour les débutants en terrariophilie. Son tempérament réservé exige une gestion délicate par des éleveurs expérimentés.
Conseils pour l’élevage en captivité
Ce serpent, en raison de sa petite taille, ne nécessite pas un espace de vie très volumineux. Un terrarium d’environ 60x40x80 cm s’avère adéquat. Pour le sol, il est préférable d’opter pour un substrat tel qu’un terreau spécifique pour reptiles, évitant les copeaux qui pourraient être ingérés. Ce substrat a l’avantage de maintenir un taux d’humidité idéal, autour de 70 %. L’éclairage doit inclure des tubes UVB, allumés quotidiennement entre 10 et 12 heures, afin de permettre la synthèse de vitamine D3. La majorité du temps, le serpent reste en hauteur, accroché à des branches feuillues qu’il doit pouvoir utiliser. Ajouter des plantes — naturelles ou artificielles — permettra à l’animal de se cacher, pour son bien-être. Les températures recommandées se situent entre 25°C et 32°C le jour, et de 20°C à 22°C la nuit.
Reproduction en captivité : une fréquence restreinte
Cette espèce ovipare se reproduit principalement au printemps après une période d’hivernation de 2 à 3 mois, durant laquelle elle se nourrit peu. Après l’accouplement, la femelle pond entre 3 et 12 œufs ovales, que ses petits éclosent en été, entre juin et août. Les hatchlings, de couleur vert pâle ou gris, mesurent entre 15 et 21 cm à la naissance. La reproduction en captivité demeure une opération peu courante, la majorité des spécimens étant issus de captures dans leur milieu naturel. Classée comme espèce présentant un risque mineur selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), l’opheodrys n’est pas en danger imminent. Sa espérance de vie oscille entre 10 et 15 ans.
Crédit photo : Patrick Coin