Moloch horridus, communément appelé le diable cornu, évoque une créature semblant tout droit sortie d’une époque ancienne. Sa silhouette compacte, ornée de pics imposants, lui confère une apparence redoutable, évoquant les cornes d’un démon. Pourtant, derrière cette apparence terrifiante se cache un reptile d’un tempérament étonnamment doux.
Qui est ce reptile nommé diable cornu ?
Situé en Australie, Moloch horridus appartient à la famille des agamidés et au groupe des squamates. Il constitue l’unique représentant du genre moloch, et se distingue aussi sous le nom de diable épineux. Son nom scientifique trouve ses racines dans la divinité amonitoïde Moloch, une figure ancienne associée à d’effroyables sacrifices humains. L’adjectif latin horridus traduit quant à lui l’aspect rugueux et peu accueillant de cette espèce. D’environ 20 cm, ce petit reptile a une silhouette de taille moyenne. Femelles, il peut peser jusqu’à 90 grammes, alors que les mâles, plus légers, sont généralement en dessous de 50 grammes.
Son habitat naturel
Le diable cornu est originaire exclusivement d’Australie, où il évolue principalement dans les zones désertiques. Il privilégie les sols sablonneux ou limoneux, souvent jonchés de végétation basse, qu’il parcourt durant la journée. On le retrouve notamment dans le fameux Grand désert du nord-ouest du continent australien. Au contraire, il évite les terrains rocailleux ou durs.
Comment identifier le diable cornu ?
Ce reptile possède un corps robuste surmonté de pics. Ces excroissances écailleuses, de hauteurs variables, couvrent notamment le dos, la tête, et forment une boule épineuse à l’arrière du cou. Sa peau varie du beige, avec des nuances de brun, ocre, rouge, brique ou gris. Il dispose également de la faculté d’adapter sa couleur à son environnement, que ce soit le sable, la terre, une branche ou une feuille, grâce à un phénomène d’homochromie. Cette capacité de camouflage lui permet aussi bien d’échapper à ses prédateurs qu’à surprendre ses proies.
À quoi servent ses pics ?
Bien qu’il semble menaçant, Moloch horridus est inoffensif. Lorsqu’il se sent en danger, il adopte une posture passive : il gonfle son ventre pour faire ressortir ses épines, baisse la tête pour montrer sa boule pointue, puis se déplace lentement en s’avançant par saccades. Si son agresseur persiste, il se fige complètement, comme pétrifié. Ses écailles acérées peuvent blesser gravement quiconque tenterait de le saisir, rendant sa défense essentiellement passive et basée sur la dissuasion visuelle. En résumé, il privilégie la furtivité et la menace visuelle plutôt que l’agressivité.
Quelle alimentation pour le diable cornu ?
Ce reptile est principalement insectivore, se nourrissant presque exclusivement de fourmis. Il manifeste une forte préférence pour certains types spécifiques, comme celles du genre Iridomyrmex, qui se déplacent en longues files compactes. Le diable cornu se poste alors devant ces colonnes et ingère les insectes un par un à une cadence de 20 à 30 par minute, permettant un repas contenant entre 600 et 2000 fourmis. En période de grande sécheresse, il a développé une aptitude remarquable à s’hydrater : il peut boire dans le sable lui-même. Son organisme, parfaitement adapté à la vie aride, utilise une technique de captation de l’humidité ambiante grâce à un réseau de canaux microscopiques entre ses écailles, qui aspirent l’eau et la transportent jusqu’à sa bouche. Il puisera également dans ses réserves de graisse située à l’arrière de sa tête lors de périodes prolongées de sécheresse.
Comment s’hydrate-t-il dans le désert ?
Les chercheurs ont découvert que le diable cornu s’alimente en puisant l’humidité directement dans son environnement. Il se couche dans le sable, et ses canaux capillaires, situés sous ses écailles, agissent comme des minuscules pailles pour extraire la moindre molécule d’eau contenue dans la rosée ou la condensation. En période de chaleur extrême ou lors de sécheresses prolongées, il peut également mobiliser ses réserves de graisse, stockées dans sa bosse, pour subsister.
Les méthodes de reproduction du diable cornu
La période de reproduction s’étale du printemps au début de l’été. Les détails précis de leur comportement d’accouplement restent peu connus, mais il semblerait que le mâle approche une femelle, lui manifeste son intérêt par des remuements de tête, puis la chevauche si celle-ci est réceptive. Sinon, elle refuse et essaie de l’éloigner. Après la fécondation, la femelle creuse un terrier dans le sable pour y pondre ses œufs, en moyenne une dizaine. Ces œufs incubent pendant 3 à 4 mois, puis donnent naissance à des petits mesurant environ 6 cm et pesant moins de 2 grammes. Les jeunes lézards consomment leur coquille d’œuf avant de sortir discrètement de leur refuge, que leur mère a soigneusement bouché pour limiter les risques de predation.
Le statut de conservation du Moloch horridus
Sa carapace épineuse offrant une digestion difficile limite les prédateurs de l’adulte en dehors de quelques opportunistes. Toutefois, les jeunes, dont les épines sont encore souples, peuvent tomber sous la menace de plusieurs prédateurs tels que des grands échassiers, comme l’outarde australienne qui dépasse 2 mètres d’envergure, la buse à poitrine noire ou certains varans, notamment le varan de Gould ou le varan moucheté. Contrairement à d’autres espèces, Moloch horridus ne fait pas l’objet d’une évaluation par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). De plus, ses exportations sont strictement interdites en Australie. Bien que sa longévité à l’état sauvage soit peu documentée, elle atteindrait environ 20 ans en captivité.