Le caméléon est un reptile emblématique connu pour sa capacité à modifier la teinte de sa peau. Outre ses yeux mobiles à 360 degrés, il possède une langue pouvant atteindre la longueur de son corps, ce qui lui permet d’attraper ses proies avec précision. On trouve principalement cet animal dans des régions chaudes, notamment en Afrique, avec Madagascar en tête, qui abrite une diversité exceptionnelle, comprenant environ la moitié des espèces mondialement recensées.
Quelle est la nature du caméléon ?
Appartenant à l’ordre des squamates, le caméléon partage cette classification avec les serpents et les lézards, tous caractérisés par leur peau écailleuse. La famille des chamaeleonidés regroupe près de 200 variétés, réparties dans deux grands groupes : les véritables caméléons, comme le célèbre Chamaeleo chamaeleon, et ceux à queue amputée. Parmi ces dernières, on trouve notamment des sous-espèces telles que celles présentes en Afrique du Nord, en Arabie ou à Chypre, chacune adaptée à son environnement spécifique.
Comment distinguer le caméléon ?
Ce reptile mesure généralement entre 20 et 40 cm, queue incluse, et sa langue peut s’étirer pour couvrir la même distance que la longueur de son corps. Son corps légèrement aplati sur les côtés facilite sa progression discrète dans la végétation. Sa longue queue préhensile lui sert à s’accrocher solidement aux branches. Ses pattes, équipées de cinq doigts opposables chacun, lui offrent une excellente stabilité. La mobilité de ses yeux indépendamment l’un de l’autre lui procure une vue panoramique. Son apparence est souvent agrémentée d’une petite crête dorsale, et certains mâles exhibent des cornes ou des crêtes plus prononcées que les femelles, qui ont souvent des couleurs plus sobres ou moins contrastées, allant du vert au jaune, en passant par le gris, le brun ou le rouge.
La couleur du caméléon : un signal biologique
Contrairement à une croyance répandue, la capacité du caméléon à changer de couleur ne sert pas uniquement à se camoufler. Les scientifiques considèrent aujourd’hui ce phénomène comme une façon pour l’animal d’exprimer ses états d’émotion. Par exemple, il peut pâlir pour signaler un danger ou devenir noir de colère, avec des bandes colorées sur ses flancs indiquant un conflit. Lorsqu’il cherche à attirer une femelle, il adopte des teintes vives et des motifs pour séduire. En somme, ces modifications de couleur représentent principalement une forme de communication sociale entre individus, plutôt qu’un simple outil de camouflage.
Les mécanismes derrière le changement de couleur
Ce changement repose sur la présence de cellules pigmentaires appelées chromatophores, qui renferment différents pigments. On en distingue quatre types :
- Les guanophores, qui contiennent de la guanine pour produire des reflets iridescents ;
- Les érythrophores, riches en caroténoïdes, responsables des nuances rouges et oranges ;
- Les xanthophores, contenant des pigments jaunes ;
- Les mélanophores, qui produisent des teintes brunes ou noires grâce à la mélanine.
Par ailleurs, le caméléon dispose aussi de couleurs structurelles, créées par des nanocristaux organisés en couches dans l’épiderme au sein d’iridophores, des cellules réfléchissantes. La disposition de ces cristaux modifie la façon dont la lumière est réfléchie : en période de calme, ils diffusent principalement la lumière bleue ; lors d’émotions fortes, leur organisation se relâche, permettant la diffusion de couleurs chaudes comme le rouge ou le jaune, d’où ses variations spectaculaires.
Où évolue le caméléon ?
La zone de répartition naturelle des vrais caméléons couvre plusieurs régions :
l’Afrique
- Madagascar, véritable foyer pour un grand nombre d’espèces, dont beaucoup sont endémiques ;
- Les zones subsahariennes telles que le Kenya, la Tanzanie, le Cameroun, l’Afrique du Sud ou l’Ouganda ;
l’Europe
On rencontre le caméléon dans quelques régions méridionales, notamment en Espagne, au Portugal, en Grèce, ainsi que sur certaines îles méditerranéennes comme Chypre ;
le Moyen-Orient
Des populations de caméléons vivent dans des pays comme Israël, la Turquie ou la péninsule arabique, en s’adaptant à des environnements arides ou semi-arides ;
l’Asie
Les caméléons sont également présents en Inde et au Sri Lanka, où ils évoluent principalement au sein de forêts tropicales et subtropicales ;
Îles de l’océan Indien
En dehors de Madagascar, on en trouve sur des îles comme les Comores ou les Seychelles, où leur diversité est également remarquable.
Quel habitat privilégie le caméléon ?
Ce reptile apprécie particulièrement les zones boisées, comme les forêts feuillues, les maquis, ou encore les garrigues. Il aime se fondre dans la végétation dense où il peut se dissimuler efficacement. Il s’est également adapté à des habitats modifiés par l’homme, tels que les jardins, les vergers ou les oliveraies, où il trouve à la fois refuge et nourriture. Bien qu’il n’ait pas besoin de beaucoup d’eau, il fréquente souvent les zones humides, comme les rivières ou les étangs, riches en insectes dont il se nourrit. Préférant les climats chauds et secs, il peut cependant supporter des variations saisonnières, hibernant lorsque la température baisse trop en hiver.
Que mange le caméléon ?
Spécialiste de la chasse à l’affût, le caméléon ingère principalement de petits insectes tels que les mouches, les grillons, les sauterelles, ou encore les araignées et les papillons. Il pratique la capture par projection de sa langue à grande vitesse, jusqu’à 20 km/h, avec une extrémité gluante qui lui permet de saisir sa proie sans poursuivre activement. Sa posture immobile et ses yeux mobiles lui facilitent cette stratégie d’approche par le silence et la patience, avant d’aspirer la proie en repliant sa langue pour finaliser l’opération.
La mue du caméléon
Comme beaucoup de reptiles, le caméléon change de peau en renouvelant son épiderme à mesure qu’il grandit. La différence réside dans la façon dont il se débarrasse de sa vieille couche : cette dernière se détache par petites plaques plutôt qu’en un seul morceau. Le processus est aidé par le frottement contre des surfaces rugueuses, et l’animal diminue son appétit durant cette période vulnérable. La mue marque une étape essentielle dans sa croissance, mais entraîne aussi une période où il se montre plus discret et fragile face aux prédateurs.
Mode de vie et comportements du caméléon
Ce reptile à sang froid doit s’exposer au soleil pour réguler sa température corporelle. Il utilise ses couleurs acconvés et ses protubérances, comme ses crêtes ou ses cornes, pour se camoufler ou impressionner ses adversaires, étant une créature essentiellement solitaire et territoriale. Lorsqu’un intrus s’approche, il peut gonfler son corps, se dresser ou adopter une posture menaçante, grognant pour dissuader. En période de reproduction, les mâles font preuve d’agressivité, se battant avec leurs crêtes ou en mordant, jusqu’à ce que l’un d’eux abandonne afin de poursuivre l’accouplement avec la femelle.
Le cycle de reproduction
Après l’accouplement, la femelle creuse un trou dans un sol meuble pour y déposer ses œufs, généralement entre 10 et 40, qu’elle recouvre ensuite pour les protéger. L’incubation dure plusieurs mois, selon la température et l’humidité, et les jeunes émergent au printemps ou en début d’été, mesurant environ 5 cm. Dès leur sortie, ils deviennent autonomes, se nourrissant de petits insectes et grandissant rapidement. La maturité sexuelle est atteinte vers un an, après quoi ils peuvent eux aussi se reproduire à leur tour.
Le caméléon : une espèce en danger ?
Les principales menaces pesant sur le caméléon en Europe proviennent d’oiseaux comme le busard cendré et de serpents, mais d’autres prédateurs s’ajoutent dans différentes régions. La destruction de leur habitat par la déforestation, la construction ou l’agriculture représente un danger majeur, accentué par le trafic illégal et les accidents routiers. La collecte pour le marché des animaux de compagnie est également problématique. La conservation varie selon les espèces : certaines, comme le caméléon de Parson ou celui de Tarzan, sont en danger critique d’extinction, alors que le caméléon commun est considéré comme étant peu menacé.
La protection du caméléon
Ce reptile bénéficie d’un cadre légal de protection en Europe, notamment via la Convention de Berne et la CITES. De nombreuses zones où il vit sont également protégées. En France, par exemple, il est illégal de capturer ou de tuer ce caméléon, ou encore de le détacher de son habitat naturel. Son maintien en captivité est difficile, car il nécessite un environnement spécifique. En milieu sauvage, sa durée de vie se situe généralement entre 4 et 5 ans.