Ce reptile à la carapace aplanie préfère évoluer dans la quiétude et réagit rapidement lorsqu’il est dérangé, se retirant dans son habitat aquatique douce. Focus sur la cistude d’Europe, une espèce de reptile timide souvent difficile à repérer dans son environnement naturel.
fiche d’identité de la cistude d’Europe
La cistude d’Europe, dont le nom scientifique est Emys orbicularis, appartient à la famille des Émydidés et évolue dans les eaux douces, faisant partie de l’ordre des Chéloniens. La différence de sexe est évidente chez cette espèce : la femelle est généralement plus grande, pouvant atteindre 20 cm de long pour un poids d’environ 1,3 kg, tandis que le mâle est plus petit, mesurant environ 16 cm pour 600 g.
description de la cistude d’Europe
La caractéristique la plus visible de cette tortue réside dans sa carapace vert olive à noir, à la surface lisse et peu bombée. La tête, le cou, les membres et la queue arborent une teinte sombre parsemée de rayures et motifs jaunes, dont l’intensité varie selon chaque individu. Son ventre, appelé plastron, affiche souvent une teinte jaune avec des motifs noirs. Ses pattes palmées, équipées de griffes robustes, lui permettent de se déplacer aisément tant sur terre que dans l’eau. Outre sa taille, le dimorphisme sexuel présente d’autres différences :
- Les femelles ont un plastron plat, alors qu’il est concave chez les mâles ;
- Les yeux de la femelle sont de teinte jaune, contre un rouge-orangé chez le mâle ;
- La queue de la femelle est plus longue et effilée, avec le cloaque situé au niveau du bord de la dossière, tandis que celui du mâle est placé plus en arrière.
répartition géographique de la cistude d’Europe
Autrefois abondante à travers une large partie de l’Europe, de la Russie, de l’Asie Mineure et du Maghreb, cette espèce voit aujourd’hui ses populations décliner et se replier sur des zones plus restreintes. La Suisse, la Belgique et les Pays-Bas ont quasiment perdu toute trace d’individus. En France, les populations restantes sont dispersées et concentrées dans quelques régions :
- Le sud-ouest, notamment le littoral charentais et l’Aquitaine ;
- Le sud-est, dans certaines zones de la vallée du Rhône, en Camargue, ainsi que dans les environs du massif des Maures dans le Var ;
- Le centre, notamment dans l’Indre ;
- Et enfin, la Corse.
habitat de la cistude d’Europe
La cistude d’Europe privilégie les milieux humides où l’eau est calme, comme les étangs, mares, gravières asséchées, marais, fossés et cours d’eau lents tels que canaux et ruisseaux. Elle aime profiter du soleil pour synthétiser la vitamine D essentielle au développement de sa structure osseuse et de sa carapace, en se prélassant sur les berges, sur des troncs flottants ou des racines émergentes. Elle raffole des sols vaseux, des zones boueuses et de la végétation aquatique dense, qui lui offrent à la fois nourriture et abris.
régime alimentaire de la cistude d’Europe
Majoritairement carnivore, cette tortue se nourrit surtout de petits invertébrés, tels que vers, mollusques (notamment escargots), larves, amphibiens comme les têtards, insectes aquatiques et crustacés. Elle n’hésite pas à chasser aussi des oisillons ou de petits mammifères comme des mulots et campagnols. Très opportuniste, elle peut aussi se comporter en charognarde en consommant des poissons morts. En vieillissant, ses préférences alimentaires évoluent vers une consommation accrue de végétaux, contribuant à l’équilibre de l’écosystème.
comportement de la cistude d’Europe
En raison de sa nature discrète et sauvage, la cistude d’Europe privilégie les habitats où elle est peu dérangée par l’homme, se protégeant des prédateurs terrestres grâce à une végétation dense. Phénomène très craintif, elle s’immobilise ou plonge dès le moindre bruit suspect. Observer cette tortue demande donc beaucoup de patience, souvent armé de jumelles, afin d’apercevoir ses bains de soleil, ses moments privilégiés d’expression. Active lors des journées ensoleillées de mars à septembre, elle se retire à l’approche de l’hiver, se dissimulant dans la vase ou sous des racines pour conserver une température corporelle stable. Pendant cette saison, ses déplacements s’arrêtent presque complètement, formant des regroupements pour limiter la dépense d’énergie.
reproduction chez la cistude d’Europe
La période de reproduction débute lors du mois de mars, juste après la sortie de l’hibernation, avec des accouplements aquatiques qui se déroulent entre avril et mai. Une femelle peut s’accoupler avec plusieurs mâles durant cette période. Après environ deux mois de gestation, elle s’installe sur la rive, choisissant un lieu ensoleillé, non inondé, où elle creuse un trou pour y déposer entre 4 et 12 œufs, qu’elle recouvre ensuite.
naissance des cistudes d’Europe
La naissance intervient vers la fin de l’été, généralement en septembre. Les jeunes, mesurant environ 25 mm, pèsent à peine 3,5 g avec une carapace molle qui les rend très vulnérables. Leur sexe dépend de la température du nid durant l’incubation : si la température dépasse 28°C, la majorité des jeunes seront femelles, tandis que des températures plus basses produisent davantage de mâles. La maturité sexuelle est atteinte vers 6 ou 7 ans pour les mâles, et entre 7 et 8 ans pour les femelles.
menaces qui pèsent sur la cistude d’Europe
Bien que les adultes soient relativement peu exposés, notamment face à la loutre ou à certains rapaces, les œufs et les jeunes restent très vulnérables face à de nombreux prédateurs, tels que renards, corvidés, hérons, putois, fouines, blaireaux, rats ou sangliers. La population continue de décliner, principalement à cause de :
- La dégradation et la destruction des habitats humides en raison d’endiguements, de la croissance urbaine ou de la pollution ;
- La prédation des œufs et des jeunes ;
- Les accidents de la circulation routière ;
- La capture lors de pêches à la ligne, notamment à cause des hameçons ingérés ;
- Les prélèvements par des humains, souvent par curiosité ou mauvaise connaissance ;
- Et l’introduction d’espèces invasives qui concurrencent ou menacent la survie de cette espèce autochtone, comme la tortue de Floride.
statut de conservation de la cistude d’Europe
Selon la classification de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), cette tortue est considérée comme quasi menacée. Protégée strictement en Europe via la convention de Berne, et en France par un arrêté ministériel du 19 novembre 2007, il est interdit de la chasser ou de la prélever dans son habitat naturel. La cistude qui se déplace beaucoup lors de la reproduction ne doit pas être collectée, car cela pourrait lui causer un grave préjudice. Considérant qu’elle peut vivre plus de 50 ans, souvent jusqu’à 60 ou plus, sa survie dépend fortement des efforts de conservation et du respect de son environnement.
Crédit photo : Bernard Dupont