Vous appréciez les plaisirs de la baignade ? Se plonger dans la mer est une activité relaxante, mais elle comporte aussi certains risques liés à la faune marine. Parmi ces créatures potentiellement dangereuses se trouve la vive. Qui est cette espèce et quelles précautions prendre en cas de piqûre ?
Comprendre la vive
La « vive » est le nom populaire donné à un membre de la famille des Trachinidés, regroupant plusieurs espèces, dont neuf étaient connues en 2020. La seule représentant du genre Echiichthys s’appelle Echiichthys vipera. En France du Nord, cette espèce est aussi appelée toquet, tandis qu’en Belgique, on la désigne par le terme de dragon marin.
La caractéristique commune à toutes ces espèces est leur nageoire dorsale bordée d’épines, dont certaines, situées près de la tête, sont venimeuses. C’est cette nageoire qui lui a valu l’inspiration de son nom, évoquant la mythologique vouivre ou wyverne, dragon ou serpent ailé.
La petite vive, qui doit son nom à sa taille, est un poisson de moyenne taille : sa longueur varie entre 10 et 18 cm, alors que ses congénères plus grandes peuvent atteindre 50 cm. Les espèces plus volumineuses habitent en eaux profondes, mais la petite vive évolue principalement dans les fonds sablonneux, en particulier si le sable est épais et granuleux. Exclusivement présente en milieu marin, elle ne se trouve ni dans les rivières ni dans les lacs.
La chair de la petite vive est délicate, mais son danger persiste même après sa mort : en cuisine, les professionnels manipulent ce poisson avec des gants renforcés et coupent ses épines à l’aide de ciseaux. Elle constitue souvent un ingrédient de la traditionnelle bouillabaisse.
Pourquoi faut-il craindre la vive ?
En France, on recense chaque année entre 200 et 300 cas de piqûres causées par des vives. Ces poissons vivent généralement au large pendant l’hiver, mais pendant l’été, ils migrent plus près des côtes, augmentant ainsi le risque pour les baigneurs. La vive est présente en Méditerranée, en Mer Noire, ainsi qu’en Atlantique.
Leur alimentation consiste essentiellement en petits crustacés et larves de poissons présents dans le sable. Les piquants qu’elles possèdent ne servent pas à attaquer, mais à se défendre. Lorsqu’un poisson ou un humain menace l’animal, celui-ci peut lever sa nageoire dorsale et piquer d’un coup vif, ce qui sert de mécanisme de défense pour l’aider à fuir rapidement.
Il est donc incorrect de percevoir la vive comme un poisson « sournois » : elle n’a pas pour but d’embêter les nageurs, mais simplement de vivre selon son instinct de survie. Souvent, ce sont les humains qui marchent sur elle qui créent le danger en déchaînant sa réaction défensive.
Pour réduire les risques de piqûre, il est conseillé de s’informer à l’avance sur l’état de la zone de baignade. En cas de présence de vives signalée, privilégiez la marche prudente, en faisant de petits pas pour que le poisson détecte votre présence et s’éloigne avant que vous ne le piquiez. Il est aussi judicieux de maintenir à jour sa vaccination contre le tétanos pour prévenir toute complication en cas de blessure.
La victime ressent généralement une douleur intense, semblable à une décharge électrique. Elle peut également constater une sensation de brûlure, pouvant s’étendre dans le bras ou la jambe, accompagnée de picotements, sensations d’engourdissement ou rougeur et gonflement autour du point de piqûre. Des nausées, maux de tête, palpitations, fièvre ou vertiges peuvent aussi survenir.
Au-delà de l’intensité de la douleur, il ne faut pas paniquer. La plupart du temps, il s’agit simplement d’une aggravation progressive de l’inconfort initial. Les risques graves, notamment mortels, sont rares et concernent surtout celles ou ceux qui présentent une allergie, à condition que la prise en charge soit retardée. En cas de piqûre en nageant, il faut immédiatement sortir de l’eau pour éviter tout risque de noyade dû à la douleur ou à une perte de conscience. En cas de surveillance, les secouristes sont formés pour intervenir rapidement, surtout si la présence de vives est connue dans la zone.
Comment réagir face à une piqûre de vive ?
En l’absence de surveillance, il est souvent possible d’agir soi-même, sans alerter les secours directement. La priorité est d’appliquer une source de chaleur sur la zone concernée dans l’heure suivant la piqûre, car cette méthode permet de réduire l’effet du venin. Plus la réaction est rapide, meilleure est l’issue.
Le venin de la vive est principalement constitué de protéines thermolabiles, ce qui signifie qu’il peut être détruit par la chaleur. Pour cette raison, il est conseillé de chauffer la région affectée à une température supportable, sans la brûler, pendant au moins 15 minutes. Une formidable astuce consiste à utiliser le sable chaud, si celui-ci est supportable, ou à appliquer une source de chaleur comme de l’eau à 40 °C maximum ou un sèche-cheveux. Ces options sont réalisables surtout si vous êtes proche de zones habitées.
La technique de « choc thermique » recommandée par le centre antipoison de Marseille consiste à appliquer une source de chaleur pendant deux minutes, suivie de l’application de glace encapsulée dans un linge fin. Attention, ne jamais poser de glace directement sur la peau pour éviter de provoquer des brûlures.
Il est essentiel de ne pas inciser la plaie, de ne pas aspirationner le venin par la bouche, ni de serrer un garrot. La première étape consiste à neutraliser la douleur, puis à désinfecter la blessure pour éviter toute infection.
La victime peut prendre un antidouleur et un antihistaminique si elle a des réactions allergiques marquées. Si, après deux heures, les symptômes persistent ou si la plaie montre des signes d’infection, il est impératif de consulter un médecin pour un traitement avec des antibiotiques si nécessaire.
Crédit photo : Hans Hillewaert