Requin nourrice : caractéristiques, habitat et mode de vie

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Crédit photo : Ross Garner

Contrairement à ses proches prédateurs, ce requin d’une nature calme et amicale adopte un mode de vie discret, chassant principalement la nuit des mollusques et crustacés pour se nourrir. Avec sa peau épaisse et rugueuse, ainsi que ses barbillons longs, il scrute silencieusement le fond des océans. Découvrons ensemble le requin nourrice, un doux géant des mers tropicales.

Qui est le requin nourrice ?

Membre de l’ordre des orectolobiformes et appartenant à la famille des ginglymostomatidés, cette espèce se divise en quatre variétés distinctes réparties en trois groupes génériques :

  • Le requin nourrice commun (Ginglymostoma cirratum) est le plus courant de la famille. On le trouve surtout dans les zones côtières de l’Atlantique ouest, notamment dans les Caraïbes et le Golfe du Mexique ;
  • Le requin nourrice fauve (Nebrius ferrugineus) évolue dans l’océan Indien et dans la partie ouest du Pacifique ;
  • Le requin nourrice à queue courte (Pseudoginglymostoma brevicaudatum) habite les régions côtières du sud-ouest de l’océan Indien, comme Madagascar et la côte est africaine ;
  • La toute récente espèce Ginglymostoma unami, découverte en 2016, évolue dans les eaux mexicaines du Pacifique Est.

Comment reconnaître le requin nourrice ?

Ce requin d’une longueur pouvant atteindre 2,5 à 3 mètres (voire plus dans des cas exceptionnels de 4 mètres) et pesant jusqu’à 150 kilogrammes possède un corps trapu, cylindrique, avec un dos légèrement arrondi et un ventre plat, caractéristiques des requins benthiques. Sa tête est large, aplatie, avec un museau arrondi et des narines proéminentes entourées de barbillons. La peau, rugueuse comme du papier de verre, est recouverte de denticules dermiques. Il présente deux nageoires pectorales épaisses, presque triangulaires, ainsi que deux nageoires dorsales de tailles moyennes, la première étant un peu plus grande. Sa queue, longue et asymétrique, porte un lobe supérieur bien marqué, un trait courant chez les requins. Son coloris varie du marron clair au brun jaunâtre sur le dessus, avec des zones blanches ou beige clair sur le dessous.

Quelles différences entre les 4 espèces ?

La taille intermédiaire du requin nourrice commun (Ginglymostoma cirratum) le place entre le plus petit (Pseudoginglymostoma brevicaudatum) et le plus grand (Nebrius ferrugineus). Son aspect trapu et sa queue proportionnée le distinguent ; contrairement au queue très courte de Pseudoginglymostoma ou à la longue de Nebrius, sa répartition géographique diffère également. Sur le plan comportemental, il est plus sociable lors du repos, contrastant avec la nature plus solitaire de Nebrius ferrugineus.

Pourquoi l’appelle-t-on requin nourrice ?

La dénomination de requin nourrice provient d’une confusion sur ses habitudes et son apparence. En anglais, l’appellation « nurse shark » est probablement liée à un ancien mot, « nusse », qui signifie « sucer ». Ce terme évoque le bruit de succion que produit l’animal lorsqu’il aspire ses proies, et la comparaison avec une tétée de nourrisson. En réalité, ce requin est un prédateur calme et non un « infirmier » des profondeurs marines.

Où se trouve le requin nourrice ?

La population de requins nourrices d’Atlantique ouest fréquente principalement les eaux côtières en allant de la Floride et des Bahamas jusqu’au nord du Brésil. Sur la côte est africaine, quelques individus sont aussi observés, mais avec une plus faible fréquence. Leur habitat favori demeure les récifs coralliens et les lagons des Caraïbes, où leur nature pacifique permet aux plongeurs de les approcher aisément.

Que consomme le requin nourrice ?

Ce requin opportuniste, qui évolue près du fond, se nourrit principalement d’animaux démersaux, c’est-à-dire qui vivent ou se déplacent près du substrat marin. Son menu inclut des petits poissons récifaux et démersaux, certains crustacés comme les crabes, crevettes ou homards, ainsi que plusieurs types de mollusques, notamment calamars, poulpes et bivalves. Parfois, il se nourrit également d’échinodermes ou de carcasses trouvées au fond. Grâce à ses barbillons sensoriels, il repère ses cibles enfouies dans le sable ou dissimulées dans la roche. Sa bouche située sous la tête, équipée d’un puissant système d’aspiration, lui permet de déloger facilement ses proies.

Mode de vie du requin nourrice

Cet imposant poisson adopte principalement une activité nocturne, chassant quand la lumière diminue, et passe la majeure partie de la journée à se reposer sur le fond. Son rythme est lent, reflet de son adaptation à la vie benthique. Très sociable au repos, il se rassemble en petits groupes (parfois jusqu’à une vingtaine d’individus) dans des cavités rocheuses, sous des surplombs ou sur les fonds sableux. Ces regroupements sont plus une cohabitation inoffensive qu’une hiérarchie, et chaque requin reste en grande partie solitaire lors de la chasse. Leur comportement grégaire étant exclusivement lié au repos, ils ne chassent pas en groupe, ce qui les distingue d’autres requins plus agressifs ou territoriaux.

Reproduction du requin nourrice

La reproduction de cette espèce se réalise par ovoviviparité : les embryons se développent dans le ventre maternel, naissant vivants après avoir émergé de leurs œufs. Les mâles disposent de ptérygopodes, structures qui assurent la copulation, tandis que la femelle porte les œufs fécondés dans ses oviductes. Ces œufs se développent sans lien direct avec la mère, nourris par leur réserve interne appelée vitellus. À la fin d’une période gestation d’environ 5 à 6 mois, une portée de 20 à 30 petits voit le jour, mesurant une trentaine de centimètres. À la naissance, les jeunes sont autonomes et ne bénéficient d’aucun soin parental. Leurs habitats favorisent des zones peu profondes ou protégées, comme les mangroves, pour échapper aux prédateurs. La maturité sexuelle est atteinte vers 2 mètres pour les mâles et environ 2,3 mètres pour les femelles, qui ne se reproduisent qu’une fois tous les deux ans, conséquence de leur long cycle de récupération.

Le requin nourrice est-il une espèce en danger ?

La classification du requin nourrice commun par l’UICN le place dans la catégorie « quasi menacé ». Cela indique que, sans mesures de gestion, ses populations pourraient décliner significativement. La pêche accidentelle, notamment via les filets commerciaux, constitue une menace majeure, tout comme la pêche ciblée pour ses produits ou ses dents, prisés comme souvenirs. La dégradation des habitats, tels que les récifs coralliens ou les mangroves, réduit ses zones de nourrissage et de reproduction. La pollution environnementale affecte aussi ses écosystèmes. La croissance lente, la maturité tardive et le faible nombre de petits par portée rendent cette espèce particulièrement vulnérable à une pression excessive. Certaines régions, comme aux Bahamas, ont instauré des zones marines protégées où la pêche est interdite. Des campagnes de sensibilisation et de régulation visant à limiter les captures accidentelles sont également déployées pour préserver cet animal. En général, le requin nourrice peut vivre entre 20 et 25 ans dans la nature.