Le requin-marteau, qui appartient à la famille des Sphyrnidae, comprend une dizaine d’espèces différentes. Parmi elles, le grand requin-marteau (Sphyrna mokarran) se distingue par sa taille impressionnante pouvant atteindre 6 mètres, alors que le requin-marteau à petits yeux (Sphyrna tudes) ne dépasse pas 1,50 m. Mais que savent-on vraiment sur ces poissons aux caractéristiques si singulières ? Leur tête en forme de T a-t-elle une fonction spécifique ? Approfondissons la connaissance de ces créatures marines fascinantes.
Une tête aux formes inhabituelles
Ces requins doivent leur nom à leur tête en forme de T, rappelant une masse utilisée dans la démolition. Cette configuration particulière leur confère plusieurs avantages. La partie horizontale de la tête abrite les yeux, leur offrant une vision étendue, essentielle pour repérer efficacement leurs proies dans l’eau. La forme de leur tête agrandit également la surface de détection des ampoules de Lorenzini, des organes sensoriels permettant de percevoir les champs électriques émis par d’autres organismes vivants, ainsi que les variations de température ou les battements cardiaques. Ainsi, cette adaptation facilite leur chasse.
Une autre hypothèse suppose que cette tête large améliore leur agilité dans l’eau. La famille des requins-marteaux se divise en deux genres : le Sphyrna, que nous avons évoqué, et le genre Eusphyra, représenté uniquement par une espèce, Eusphyra blochii, communément appelé requin-marteau planeur. Chez cette dernière, la tête adopte une forme d’aile, la taille de cette partie pouvant atteindre presque la moitié de la longueur totale du requin. Bien que l’on lui attribue le rôle d’augmenter la mobilité, cette hypothèse reste encore à confirmer, le rôle exact de cette morphologie restant mystérieux.
Alimentation et diversité des régimes
Chaque espèce de requin-marteau a des préférences alimentaires adaptées à son habitat et sa taille. Leur répartition est mondiale, ciblant principalement les eaux chaudes, des zones tropicales jusqu’aux régions tempérées, avec une tendance à migrer sur de longues distances à la recherche de nourriture. Quelques exemples illustrent cette diversité :
Le requin-marteau planeur (Eusphyra blochii) évolue dans des eaux peu profondes de l’océan Indien et du Pacifique ouest, se nourrissant principalement de petits poissons. Le grand requin-marteau n’évolue pas en profondeur de plus de 100 mètres, se trouvant souvent près des côtes dans tous les océans tropicaux, la mer Rouge et la Méditerranée. Il consomme des poissons osseux, notamment des raies telles que la raie léopard, ainsi que d’autres requins.
Le requin-marteau cornu (Sphyrna corona) est la plus petite espèce, mesurant généralement entre 60 et 70 centimètres. Il peuple l’est de l’océan Pacifique, du Golfe de Californie jusqu’au Pérou, en fréquentant aussi les mangroves et estuaires à des profondeurs pouvant atteindre 100 mètres. Son alimentation reste encore peu connue. Quant au requin-marteau halicorne (Sphyrna lewini), il fréquente les eaux côtières ainsi que des fonds récifaux à plus de 200 mètres, et se déplace parfois dans des zones de mangroves ou d’estuaires. Il se nourrit principalement de sardines, harengs et petits squales.
En général, leur régime alimentaire peut inclure des céphalopodes et des crustacés, en complément des poissons qu’ils chassent en priorité selon leur environnement.
Une vulnérabilité face à la menace humaine
Les requins, y compris les requins-marteaux, sont particulièrement exposés aux risques liés à la pêche intensive, notamment en raison de leur croissance lente. Leur maturité tardive, leur faible taux de reproduction et des gestations longues, pouvant dépasser un an, rendent leur recolonisation difficile. Certaines espèces sont vivipares, d’autres ovovivipares, mais dans l’ensemble, leur reproduction reste mal connue, car leur observation en milieu naturel est compliquée. Les jeunes sont souvent la proie d’autres requins, ce qui accentue leur vulnérabilité.
La pêche humaine représente la principale menace : leur chair, leurs ailerons, et leur peau sont très prisés. La disparition progressive de ces populations dans plusieurs régions soulève des alarmes. Face à cette disparition, plusieurs gouvernements ont instauré des mesures de protection : quotas, interdictions totales ou zones marines sanctuarisées où la pêche est limitée ou interdite. Des campagnes de sensibilisation visent également à informer le grand public sur le rôle écologique essentiel des requins-marteaux, notamment leur contribution à équilibrer les populations d’autres espèces et à préserver la biodiversité marine.
Interactions avec l’humain
De manière générale, les requins-marteaux ne présentent pas de danger pour l’homme. Cependant, le grand requin-marteau, en raison de sa taille et de sa puissance, est parfois considéré comme pouvant représenter une menace, même si ses attaques restent rares. Dans certaines cultures, notamment hawaïennes, il est considéré comme un aumakua, un esprit protecteur, et bénéficie donc d’un respect particulier. La forte demande d’ailerons de requin, notamment en Asie où ils sont utilisés pour des soupes traditionnelles, a considérablement contribué à la dégradation de leur population. Certaines espèces de requins-marteaux figurent aujourd’hui sur la liste des espèces menacées d’extinction selon la CITES, notamment le requin-marteau halicorne, le grand requlayer-marteau et le requin-marteau lisse.