Le requin mako est reconnu pour sa vitesse exceptionnelle, pouvant atteindre jusqu’à 70 km/h grâce à ses adaptations anatomiques spécifiques. Bien que cette vélocité fasse de lui un prédateur redoutable, elle ne le protège pas de ses principaux ennemis, notamment l’être humain. La forte pêche commerciale a entraîné une chute drastique de ses populations, notamment dans l’Atlantique où leur nombre a diminué de 60 % depuis les années 1940. Leur présence en Méditerranée est également fortement réduite, témoignant d’un déclin inquiétant. Retour sur la vie de ce poisson en danger.
Qui est le requin mako ?
Le requin mako, aussi nommé requin-taupe bleu (Isurus oxyrinchus), appartient à une famille de grands requins rapides, similaires au grand requin blanc, qui évoluent dans l’ordre des lamniformes. Ces grands prédateurs, dotés d’adaptations remarquables, dominent leur milieu, faisant du mako un super-prédateur marin. La dénomination « mako » tire ses origines du mot maori utilisé par les autochtones de Nouvelle-Zélande, désignant aussi bien cette espèce que ses dents, longtemps prisées pour leur durabilité dans la fabrication d’outils et de bijoux. Ce requin, présent sur la planète depuis près de 400 millions d’années, joue un rôle crucial dans la dynamique des écosystèmes marins.
Comment repérer le requin mako ?
Ce poisson peut atteindre une longueur d’environ 4 mètres, avec un poids pouvant dépasser 150 kg, les femelles étant généralement plus imposantes que les mâles, parfois au-delà de 200 kg. Son corps, fin et fusiforme, est d’un bleu métallique sombre sur le dos et blanchâtre sur le ventre, avec un contour blanc autour de la bouche et sous les narines. Son museau, pointu et conique, est caractéristique, tout comme ses dents fines, incurvées et bien visibles dans sa mâchoire. Il possède des fentes branchiales assez importantes, qui s’étendent partiellement au sommet de la tête. La nageoire caudale adopte une forme de croissant, tandis que ses petites nageoires pectorales complètent son profil élancé. Les yeux noirs accentuent son regard perçant.
Quels facteurs expliquent la vitesse du requin mako ?
Considéré comme le requin le plus rapide au monde, avec des pointes de vitesse pouvant atteindre 70 km/h, le mako est parfaitement adapté à la vitesse. Son corps profilé, très hydrodynamique, accompagné d’un museau conique et de larges fentes branchiales assurant une respiration optimale, lui permettent de se déplacer rapidement dans l’eau. Sa nageoire caudale en demi-lune génère une puissance de propulsion significative, essentielle pour ses courses effrénées. Ce super-prédateur est constamment en mouvement, ce qui est nécessaire pour faire passer l’eau à travers ses branchies et assurer sa respiration. En moyenne, il peut parcourir jusqu’à 15 fois le tour de la Terre au cours de sa vie, estimée à environ 30 ans.
Où évolue le requin mako ?
Ce requin privilégie les eaux profondes, souvent à 800 mètres de profondeur, ainsi que les zones pélagiques en pleine mer. Même s’il préfère les habitats éloignés des côtes, il est aussi susceptible d’être aperçu près d’îles ou de récifs. Sa répartition est globale : il occupe tous les océans, principalement dans les eaux tempérées et tropicales. On le retrouve notamment dans :
L’océan Atlantique
- Le long de la côte atlantique de l’Amérique du Nord, du Canada jusqu’au Golfe du Mexique ;
- Dans les eaux de l’Europe occidentale, y compris la Méditerranée ;
- Au large des côtes africaines de l’Ouest ;
L’océan Indien :
- Près de l’Afrique du Sud et de l’Inde ;
- Autour de l’Australie occidentale ;
L’océan Pacifique
- Le long des côtes nord et sud-américaines, notamment en Californie, au Pérou et au Chili ;
- Autour du Japon, de la Chine et de la Nouvelle-Zélande ;
- Dans la zone océanique, y compris Hawaï ;
- Également, occasionnellement, dans les eaux plus froides proches de l’Antarctique, surtout en été, entre 5 et 11°C.
L’océan Austral
Quelle est la diète du requin mako ?
En tant que prédateur au sommet de la chaîne alimentaire, le requin mako ne constitue pas une proie pour d’autres animaux dans son habitat. Sa vitesse remarquable lui permet de capturer des poissons pélagiques parmi les plus rapides, comme le voilier de l’Atlantique (Istiophorus albicans) et celui du Pacifique (Istiophorus platypterus), l’espadon (Xiphias gladius), ou encore le thon jaune et l’albacore (Thunnus albacares). Lorsqu’il repère une proie en surface, il fond sur elle en sautant hors de l’eau jusqu’à 5 mètres de haut, avant de plonger dans les profondeurs. Il ne se limite pas aux poissons, puisqu’il consomme aussi des calmars (Loligo pealeii, Illex illecebrosus), des dauphins (Delphinus capensis), et même des tortues marines comme la verte (Chelonia mydas). Pour chasser efficacement, il peut couvrir plus de 50 kilomètres chaque jour.
Comment se comporte le requin mako ?
Ce requin a un tempérament plutôt solitaire, évitant la vie en groupe. Il voyage seul la plupart du temps, mais peut occasionnellement former de petits regroupements, notamment en fonction du sexe ou de la disponibilité de nourriture, comme lors de rassemblements autour de carcasses ou dans des zones riches en poissons. Les risques d’attaque sur l’humain sont faibles, car il évite généralement la proximité des côtes. Des incidents isolés avec des plongeurs ont été rapportés, mais cette espèce n’est pas jugée agressive envers l’homme, contrairement à certains autres requins comme le blanc, le tigre ou le bouledogue.
La reproduction du requin mako
Les mâles et femelles ne forment pas de couples fixes, leur rencontre étant seulement liée à la période de reproduction, entre la fin de l’été et le début de l’automne. La reproduction s’effectue par accouplement brutal, avec une morsure souvent volontaires du mâle sur la femelle pour assurer la fixation. Ce mode de reproduction est ovovivipare : les œufs se développent à l’intérieur de la femelle, dont la gestation dure entre 15 et 18 mois. À la naissance, les petits, déjà équipés de dents et d’organes fonctionnels, mesurent environ 70 cm et sont totalement autonomes. La taille à la maturité sexuelle diffère selon le genre : les mâles deviennent sexuellement matures vers 7-9 ans, à une taille de près de 1,95 m et un poids de 55 kg. Les femelles atteignent leur maturité vers 18-21 ans, quand elles dépassent 2,80 m et 200 kg. La femelle a une capacité de produire des portées allant jusqu’à 25 petits, selon la taille de la mère.
Pourquoi le requin mako est-il menacé ?
Classé comme espèce en danger par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le requin mako subit une forte réduction de ses populations depuis plusieurs décennies. La population atlantique a chuté de 60 % au cours des 75 dernières années, avec une quasi-disparition en Méditerranée. Les principales menaces proviennent de la pêche intensive, notamment pour sa chair et ses ailerons, et des captures accidentelles lors de pêches visant d’autres espèces comme le thon ou l’espadon. Sa reproduction tardive et sa faible capacité à se régénérer (avec une maturité à près de 8 ans pour les mâles et 18 ans pour les femelles) amplifient sa vulnérabilité face à cette pression anthropique.
Le requin mako bénéficie-t-il d’une protection particulière ?
Les efforts de conservation restent limités. La espèce est inscrite à l’Annexe II de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et flore sauvages menacées d’extinction (CITES), ce qui oblige les pays signataires à garantir que l’exploitation commerciale n’entraîne pas une surexploitation. En Méditerranée, une réglementation stipule que tous les requins mako capturés doivent être relâchés vivants ou indemnes. Fin 2021, une avancée majeure a été réalisée suite à la réunion annuelle de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA), où 52 nations ont convenu de lancer un programme de restauration pour cette espèce. Il a notamment été décidé d’interdire, pour une période de deux ans, la conservation, la transborders ou la commercialisation de requins mako morts ou vivants capturés dans l’Atlantique Nord. En cas de capture vivante, leur relâchement doit être effectué en sécurité. De plus, la présence d’observateurs a été augmentée d’environ 10 %, afin de renforcer la surveillance et assurer le respect des mesures de protection.