Le requin-bouledogue, dont le nom évoque son corps robuste et son museau court, ressemble à un chien bouledogue dans sa silhouette. Il est capable de vivre aussi bien dans des eaux salées que dans des eaux douces, ce qui lui permet d’explorer des environnements variés comme les rivières, les estuaires ou les lagons. Ce requin est tristement célèbre pour ses attaques potentiellement mortelles sur l’homme, étant souvent considéré comme plus agressif que d’autres grands prédateurs marins, y compris le grand requin blanc. Voici un aperçu détaillé.
Présentation du requin-bouledogue
Appelé aussi requin du Zambèze, le requin-bouledogue appartient à la famille des carcharhinidés, un groupe de poissons cartilagineux. Son nom scientifique dérive du grec, combinant des termes décrivant la coupe, la couleur blanche et la forme du nez. Contrairement aux requins blancs, ce spécimen possède des paupières mobiles (membranes nictitantes) lui permettant de protéger ses yeux. Chez cette espèce, les femelles ont tendance à atteindre des tailles supérieures à celles des mâles, avec des adultes mesurant généralement entre 1,80 et 2,5 mètres, et pouvant dépasser les 100 kilogrammes. Certains individus exceptionnels, comme celui observé dans une rivière d’Afrique du Sud, ont atteint 4 mètres pour près de 316 kg.
Comment distinguer le requin-bouledogue ?
Ce requin se caractérise par une silhouette compacte, avec un corps lourd et trapu, renforcé par des nageoires pectorales épaisses et bien développées. Son museau court et arrondi contribue à son apparence pesante. Ses petits yeux contrastent avec la taille de sa tête, et sa mâchoire inférieure est équipée de dents fines, pointues et verticales, tandis que la mâchoire supérieure possède des dents larges, triangulaires et inclinées. Sa peau est recouverte de denticules dermiques en forme de dents, appelés écailles placoïdes, qui la rendent rugueuse au toucher et la protègent des chocs tout en facilitant la nage. La coloration de son corps va d’un gris clair à un brun-olive, avec une partie inférieure blanchâtre.
Son habitat à travers le monde
Ce requin est une espèce à la fois côtière et semi-pélagique, présente dans toutes les régions du monde dotées de mers chaudes peu profondes, où il évolue généralement entre la surface et 150 mètres de profondeur. Il préfère des milieux comme les baies, les estuaires, les lagons, ou encore les zones à turbidité élevée, notamment autour des embouchures fluviales. Outre les eaux tropicales ou subtropicales, il est également capable de parcourir de longues distances en eau douce : on l’observe dans le fleuve Amazone, le Mississippi, le Brisbane, le Tigre ou encore le Gange. Il peut aussi évoluer dans certains lacs, notamment en Amérique centrale et en Louisiane.
La capacité du requin-bouledogue à supporter l’eau douce
Ce requin se montre particulièrement adaptable, notamment pour la reproduction. Il investit occasionnellement les eaux douces où il trouve une nourriture abondante et peu de prédateurs. Son corps possède une remarquable tolérance aux variations de salinité, grâce à des organes comme ses reins, son foie, et des glandes situées près de la queue qui régulent la quantité de sel dans son organisme. De ce fait, il figure parmi les quelques poissons capables de survivre en eaux hyposalines comme hypersalines.
Son alimentation
Si l’on pense souvent que le grand requin blanc détient la morsure la plus puissante, c’est en réalité le requin-bouledogue qui détient ce record proportionnellement à sa taille, avec une force de mâchoire pouvant atteindre 600 kg/cm2. Préférant les eaux troubles et peu profondes, il chasse une grande diversité de proies : poissons comme la raie, le tarpon ou le maquereau, mais aussi des tortues, des oiseaux, des crustacés, des céphalopodes, voire des cadavres ou des déchets. Ce prédateur utilise sa puissance et ses sens très affûtés pour capturer efficacement ses cibles.
Ce requin est-il dangereux pour l’homme ?
Grâce à ses capacités d’évoluer en eaux douces, le requin-bouledogue se trouve souvent dans des zones habitées, comme les fleuves ou les territoires côtiers. Son comportement agressif et sa propension à attaquer sans avertissement en font l’un des requins les plus dangereux au monde, aux côtés du grand blanc et du requin-tigre. Ses attaques sont souvent violentes et peuvent avoir des conséquences graves, voire mortelles. En période de reproduction, sa territorialité augmente, car il défend ses petites dans les zones chaudes où il se rapproche souvent des plages. Sa tendance à chasser dans des eaux troubles peut également compliquer la détection et l’évitement de ses attaques.
reproduction et cycle de vie
La période de reproduction survient au printemps et en été. Lorsqu’une femelle accepte un mâle, elle signale sa réceptivité par des changements dans sa nage et la position de son museau et de sa queue. L’accouplement s’accompagne souvent de morsures, laissant des cicatrices visibles sur les nageoires. Ce requin est vivipare, ce qui signifie que ses petits se développent dans l’utérus jusqu’à leur naissance. Après une gestation de 10 à 11 mois, la femelle se rend dans des zones d’eau douce ou estuarienne pour mettre bas une portée de 6 à 8 jeunes, pouvant aller jusqu’à 13. Ces petits, déjà capables de supporter de fortes variations de salinité et mesurant entre 55 et 80 cm, naissent entièrement formés. La maturité sexuelle est atteinte vers 6 ans, lorsque le requin mesure environ 1,90 m.
statut de conservation
La liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) classe le requin-bouledogue comme « quasi-menacé ». La pression humaine est une cause majeure de sa régression, notamment en raison de la pêche intensive pour sa chair, sa peau, son foie ou ses ailerons, ainsi que des captures accidentelles. La dégradation de ses habitats naturels en eaux douces ou côtières amplifie la menace. Sa croissance lente, sa maturité tardive et ses faibles taux de reproduction rendent sa population vulnérable. La durée de vie de cette espèce oscille entre 15 et 20 ans dans son environnement sauvage.