Requin-baleine : le plus grand poisson des mers

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Crédit photo : Derek Keats

Ce géant marin possède une silhouette rappelant celle du requin, tout en atteignant une taille comparable à celle d’une baleine. Sa peau, épaisse de 15 cm, constitue la couche extérieure la plus résistante du règne animal. En dépit de son apparence imposante, cette créature se nourrit principalement de organismes microscopiques. Son tempérament est calme et curieux, ce qui facilite son approche, parfois jusqu’à le toucher, mais cette activité n’est pas sans conséquences : une chasse excessive a considérablement réduit ses populations, le plaçant aujourd’hui en danger critique d’extinction.

Dossier sur le requin-baleine

Le requin-baleine, ou Rhincodon typus, constitue le seul représentant actuel de la famille des rhincodontidés, au sein de l’ordre des orectolobiformes. Comme ses proches, il possède deux nageoires dorsales armées d’épines, une nageoire anale, ainsi qu’une série de cinq fentes branchiales situées sous ses petits yeux positionnés sur les côtés de sa tête large. Son corps s’étend de 5 à 12 mètres de long, avec un poids oscillant entre 2 et 10 tonnes, bien que le record enregistré soit de 20 mètres pour 34 tonnes.

Comment reconnaître cette espèce ?

Le requin-baleine se distingue par son profil allongé et massif, parcouru de trois lignes saillantes qui corroboraient la structure de ses carènes, notamment au niveau du pédoncule caudal. Son visage large, aplati, laisse apparaître une mâchoire pouvant atteindre 2 mètres de largeur — un record. Ses petits yeux, placés de chaque côté, leissent un regard perçus comme curieux, surtout quand on observe sa bouche ouverte, pouvant mesurer jusqu’à 1,50 mètre. La peau de cette créature, d’un gris bleuté, est ornée de rayures et de taches claires disposées en damier, chaque motif étant unique ce qui permet de distinguer chaque individu. La face inférieure, elle, est blanches. Ses nageoires pectorales sont larges et puissantes, tandis que sa nageoire caudale présente une asymétrie caractéristique : la partie supérieure est plus développée que la partie inférieure. La peau, recouverte de denticules d’une extrême dureté, constitue la couche la plus épaisse du monde animal.

Son habitat naturel

Ce mastodonte vit dans des environnements d’eau chaude et tempérée, généralement entre 21 et 30°C. Une partie de sa population évolue en Atlantique, principalement dans la zone allant de New York à la côte centrale du Brésil, en passant par la mer des Caraïbes, ainsi que dans l’Atlantique oriental de la côte sénégalaise jusqu’au golfe de Guinée. La majorité de l’espèce habite la zone Indo-Pacifique, du Japon à l’Australie, de l’Indonésie à Hawaï, ou encore le long des côtes ouest américaines jusqu’au Chili, et dans l’océan Indien incluant la mer Rouge et le golfe Persique. Il est absent de la Méditerranée. Operant en eaux libres, il peut explorer des profondeurs atteignant ou dépassant 1 000 mètres, ayant été observé à plus de 1 800 mètres de profondeur lors d’études. Son activité est souvent concentrée dans les lagons, près des estuaires ou de l’embouchure des rivières, surtout en saison lorsque il y a abondance de leur nourriture, notamment les poissons et invertébrés.

Que mange le requin-baleine ?

À première vue, on pourrait croire que ce géant se nourrit de gros poissons ou d’autres grands organismes, mais sa diète est étonnamment composée d’organismes microscopiques et de petites proies, ne dépassant pas 10 cm. Son alimentation principale comprend le plancton, le krill, divers mollusques, crustacés (comme les calmar, méduses, larves de crabe), ainsi que de jeunes poissons comme sardines, anchois, petits thons ou maquereaux. Les algues qui accompagnent le plancton complètent aussi son régime. Sa technique de chasse consiste à se positionner verticalement en surface, ouvrir grand la bouche, puis filtrer un volume impressionnant d’eau — jusqu’à 6 000 litres par heure — pour en retenir les particules alimentaires. Pendant ce processus, il secoue la tête pour repousser l’eau, ses branchies jouant le rôle de filtres. Il peut ingérer plus d’une tonne de nourriture quotidienne, ses dents étant peu utilisées pour la nutrition en raison de son mode de filtration.

Le requin-baleine peut-il représenter un danger pour l’homme ?

Malgré sa taille, cette créature est parfaitement inoffensive pour l’humain. Sa nature pacifique et son absence d’agressivité font qu’il ne représente aucune menace directe. Seul un coup de queue involontaire pourrait blesser un nageur ou un petit bateau, mais ce n’est pas intentionnel. Sa nourriture ne comprend que les petits poissons et organismes microscopiques, ce qui exclut toute possibilité qu’il s’attaque à l’homme. Curieux et convivial, il peut même être approché de près, voire caressé par des plongeurs, et agit souvent avec douceur dans son environnement contrôlé. Cependant, sa docilité le rend vulnérable, car il est fréquemment harponné par des pêcheurs en quête de ses ailerons ou de sa chair.

Mode de vie et migration

Le requin-baleine mène une existence principalement solitaire et nocturne. Néanmoins, il peut se rassembler en groupes temporaires pour des activités de chasse ou de reproduction. Ses migrations sont longues : il parcourt des milliers de kilomètres chaque année afin de trouver des zones riches en nourriture. Certaines femelles ont été observées voyageant plus de 7 700 km en environ 5 mois, à une vitesse d’approximativement 52 km par jour. Ces déplacements lentes, à une vitesse d’environ 5 km/h, sont souvent synchronisés avec la recherche de zones de haute concentration de plancton, mais certains petits poissons ou organismes suivent également ses trajectoires, profitant de sa protection et de ses déplacements en sécurité. La présence de poissons comme la remora ou le poisson-pilote peut également accompagner ses migrations, se nourrissant de parasites ou profitant de ses déplacements.

Reproduction et cycle de vie

Très peu connue, la reproduction du requin-baleine intrigue les scientifiques. Les détails concernant la saison, le mode d’accouplement ou la période de mise-bas sont encore flous. On sait toutefois que le mâle dispose de deux organes copulateurs, ou ptérygopodes, utilisés pour transférer la semence lors de la reproduction. La reproduction est ovovivipare, ce qui signifie que les œufs se développent dans l’utérus de la femelle, ouvrant leurs pochettes dans le ventre maternel, puis donnant naissance à de petits requins viables. Des femelles peuvent stocker le sperme pour féconder à plusieurs reprises. Lorsqu’une femelle capture un spécimen près de Taïwan, ses deux utérus renfermant jusqu’à 300 embryons à différents stades de croissance — certains œufs, d’autres fœtus prêts à naître —, mesurant entre 42 et 63 cm. Elle atteindrait la maturité sexuelle vers 20 ou 30 ans, à une taille d’environ 9 mètres, et se reproduirait tous les deux ans environ.

statuts de conservation et protection

Son avenir est menacé par plusieurs facteurs humains et environnementaux. À l’état adulte, il possède un seul prédateur : l’orque. Les jeunes restent vulnérables face au requin peau bleue ou au makaire bleu, le plus grand poisson porte-épée. La population mondiale de ce requin géant aurait chuté de moitié en 75 ans, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui le classe en danger critique d’extinction. Cette situation alarmante résulte principalement de la chasse — parce qu’il est facilement repérable et accessible — pour ses ailerons, sa peau, ou son foie utilisé dans diverses industries, notamment la médecine traditionnelle, la cosmétique ou la production sanguine. La lenteur de sa reproduction, la pollution et les accidents dans la pêche accroissent aussi la vulnérabilité de cette espèce, qui doit faire face à des collisions avec des navires et à la captures accidentelles dans des filets.

Protection légale et mesures de sauvegarde

Le requin-baleine bénéficie de protections internationales : il est inscrit à l’annexe II de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), et reçoit également une protection par la Convention sur la conservation des espèces migratrices (CMS), aussi appelée Convention de Bonn. Certaines initiatives nationales ou régionales complètent ces mesures, permettant d’interdire ou de limiter la pêche, de préserver ses habitats et de sensibiliser à sa conservation. La durée de vie de ce poisson emblématique peut atteindre 70 à 150 ans dans la nature, un héritage précieux à préserver pour assurer la survie de cette espèce fragile.