Murène commune : présentation, comportement et environnement

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Crédit photo : Steven Van Tendeloo

En se dissimulant parmi les formations rocheuses, la murène habite prête à foncer pour attraper ses proies. Son aspect menace immédiatement par son corps sombre, allongé et serpentiforme, dépourvu d’écailles visibles – une apparence radicalement différente de celle des poissons traditionnels. Les eaux de l’Atlantique et de la Méditerranée recèlent cette créature isolée et territoriale, qui préfère éviter tout dérangement et reste discrète dans son environnement.

Murène commune : un poisson parmi d’autres ?

La murène de Méditerranée, dite aussi murène commune (Muraena helena), fait partie des anguilliformes, au sein de la famille des murénidés, regroupant environ 200 espèces réparties en plusieurs genres. Sa taille varie généralement entre 60 centimètres et un mètre et demi, avec certains individus atteignant 2 kilogrammes. Son corps élancé, sans nageoires pectorales ni pelviennes, lui donne une silhouette différente des poissons classiques, mais elle conserve des traits caractéristiques des poissons osseux, comme une colonne vertébrale et des écailles minimales.

Comment reconnaître une murène commune ?

Son corps long, aux teintes brunes ou grisâtres, est parcouru de motifs irréguliers jaunes, noirs ou parfois blanchâtres. Sa peau épaisse, recouverte d’un mucus protégeant contre infections, parasites et abrasions, ne présente pas d’écailles visibles. Faible en vision, elle voit surtout grâce à ses petits yeux placés sur les côtés de sa tête, dont le museau arrondi prolonge sa face. Deux paires de narines, très sensibles, renforcent ses facultés olfactives. Sa large bouche s’ouvre pour projeter ses mâchoires puissantes, équipées de dents longues, pointues et recourbées vers l’arrière, conçues pour saisir ses proies. La nageoire dorsale s’étend tout le long de son corps jusqu’à la queue, fusionnant avec la nageoire anale.

Où évolue la murène commune ?

Cette espèce est largement répandue sur les côtes tempérées et chaudes de l’océan Atlantique, depuis la côte sud de la Grande-Bretagne jusqu’au Sénégal, incluant le Portugal, les Canaries, ainsi que des archipels comme les Açores et Madère. Elle est aussi très présente dans la Méditerranée. Son habitat favori comprend les zones rocheuses près du rivage, où elle peut se dissimuler dans les fissures, crevasses ou cavités. Elle privilégie ces lieux protégés pour chasser et se protéger des prédateurs. La murène évolue généralement entre 5 et 100 mètres de profondeur, notamment près des récifs et des falaises sous-marines riches en nourriture.

Quel est le régime alimentaire de la murène ?

En tant que carnivore opportuniste, la murène chasse principalement de petits à moyens poissons qu’elle capture dans son environnement rocheux. Elle privilégie les espèces associées aux récifs, telles que gobies, blennies, poissons-perroquets ou chirurgiens, mais s’intéresse également aux céphalopodes comme calamars, poulpes et seiches. Elle se nourrit aussi de crustacés, notamment crabes et crevettes, qu’elle repère parmi les structures rocheuses. Sa large bouche, ses dents acérées et incurvées, lui permettent de saisir et d’avaler ses proies avec précision. Elle possède également, dans sa gorge, des mâchoires supplémentaires, appelées mâchoires pharyngiennes, qui facilitent la déglutition et la déchiquetée de la proie.

Mode de vie de la murène commune

Principalement solitaire, cette murène mène une existence discrète en se réfugiant dans des refuges rocheux ou récifaux, ce qui lui offre protection contre ses prédateurs et contre les courants violents. Très attachée à son territoire, elle occupe souvent la même cachette pendant plusieurs semaines ou mois. La journée, elle reste à l’abri, camouflée grâce à sa coloration sombre et tachetée, qui lui permet de passer inaperçue dans son environnement. Elle devient active surtout lors des crépuscules et la nuit, période où ses déplacements sont plus furtifs et où elle chasse avec davantage de discrétion. En cas de menace, elle peut adopter un comportement agressif, en ouvrant grand sa bouche pour montrer ses dents acérées, ce qui dissuade généralement ses adversaires.

La murène commune : un danger pour l’humain ?

Bien que discrète et généralement non agressive envers l’humain, la murène se cache dans des crevasses et préfère fuir plutôt qu’attaquer. Toutefois, si elle est provoquée ou si une approche trop rapprochée a lieu, elle peut mordre. Sa morsure, non venimeuse, peut néanmoins causer une douleur intense, en raison de ses nombreuses dents pointues, et favoriser des infections, car sa gueule abrite de nombreux microbes. En règle générale, elle évite tout contact direct avec les humains.

Reproduction et développement

La murène ne forme pas de couples stables durant toute sa vie, mais se rapproche de ses pairs uniquement lors de la période nuptiale. Pendant cette période, mâles et femelles participent à une parade nuptiale caractérisée par des mouvements ondulants et des dances autour de l’autre, parfois durant plusieurs heures. La femelle libère de minuscules œufs transparents qui flottent dans l’eau, tandis que le mâle libère son sperme pour assurer la fécondation externe. Pour compenser la perte d’œufs et de spermatozoïdes, ils produisent en quantité, souvent plusieurs milliers, pour maximiser leurs chances de reproduction.

Comment se développent les jeunes murènes ?

Après la fécondation, les œufs éclosent en quelques jours, donnant naissance à des larves transparentes et plates, appelées leptocéphales, qui dérivent dans le plancton. Ces larves, ressemblant à de petites feuilles translucides, peuvent rester en mer jusqu’à un an, se nourrissant de particules microscopiques. Lorsqu’elles atteignent la maturité, elles subissent une métamorphose, leur corps s’allonge, leur pigmentation et leur motif tacheté se développent, et elles acquièrent leur apparence d’adulte. La transition est essentielle pour leur intégration dans le milieu rocheux, où elles deviennent des prédateurs solitaires. La murène atteint généralement sa maturité sexuelle vers l’âge de 3 à 4 ans.

Son statut de conservation

Même si elle possède plusieurs prédateurs naturels tels que certains poissons carnassiers comme les mérous, la murène bénéficie d’un bon camouflage et d’une agilité qui la protègent contre la majorité d’entre eux. Les requins, notamment les grands espèces comme le requin blanc ou le requin tigre, ainsi que certains barracudas ou oiseaux marins, peuvent la chasser, surtout si elle est en jeune âge. La murène n’est pas classée comme espèce en danger, car sa population reste stable ; elle est même considérée comme présentant une « préoccupation mineure » selon Tendances et animaux. Sa longévité peut atteindre une vingtaine d’années, ce qui lui permet de continuer à jouer un rôle dans son écosystème.